Je mettrais une meilleure note si l'on pouvait voir la véritable version, avec le scénario original voulu par Lyne, et non pas le résultat de projections tests qui dénaturent totalement le propos. La "vraie" fin voyait Dan menacer Alex chez elle, avec un couteau, avant de fuir retrouver sa famille. Sur un air de "Butterfly", Alex se suicidait avec ce même couteau.Plus tard, les flics arrêtaient Dan, ayant retrouvé ses empreintes sur l'arme.
Et tout est alors totalement différent ! Dan ne redevient pas le bon père de famille qu'il aurait dû rester, mais le possible assassin d'une maîtresse encombrante. Plus d'épouse "justicière" pour lui apporter la rédemption. Avec cette fin originelle, Alex n'est plus une demeurée, mais une femme réellement amoureuse, qui refuse d'avoir été prise pour un coup furtif entre deux rendez-vous.Et c'est alors l'attitude de Dan qui est dénoncée, incapable d'assumer une pulsion animale et fuyant sa responsabilité. Mais le panel n'a pas voulu voir l'absolu qui habitait Alex, lui préférant la folie destructrice. Certes, elle détruit (pauvre lapin...), mais dans la quête d'un idéal de pureté qu'elle recherche envers et contre tous. Sinon, pourquoi cette robe blanche, cette totale franchise dans les regards, cette promenade sans le moindre calcul qu'elle offre à Ellen ? Le lâche, le pauvre type est bien Dan, pas du tout manipulé mais payant son attitude de consommateur bestial. Il attrape une proie quand elle recherche l'amour et n'a que le tort d'y croire, d'être aveuglée, de ne pas voir le vide sidéral envahissant le coeur de Dan.
L'ambition première était de célébrer la fidélité, et la sachant fragile, de montrer ce qu'il en coute de ne pas assumer "l'aventure". Le panel de la projection test s'est senti mal à l'aise. Et c'est ainsi qu'un bon film s'effondre...
Car le propos n'a plus de sens, et il faut tout le talent de Lyne pour reconstruire une fin "satisfaisante", et tant pis pour les incohérences...
Si l'on regarde attentivement le jeu de Michael Douglas, on se rend compte qu'il se voit obligé de forcer le trait quand le scénario initial change. Remarquable en jouisseur d'un soir qui souhaite oublier et ne pense pas "amour", il bascule trop vite dans un personnage de gardien de sa tranquillité et de sauveur de sa famille. Comment lui en vouloir, on lui demande deux personnages différents ! Mais Glenn Close, elle, peut conserver ce jeu totalement investi, cette douceur du sourire et du regard qui irradient tous les moments où elle veut encore croire qu'elle est face à un homme droit. Elle est proprement phénoménale, bouleversante et terrifiante à la fois, mais terrifiante parce que trahie. Un ange peut dériver face aux briseurs de rêves...
Pour eux, je mettrais quatre étoiles. Mais une censure avant terme est passée par là. Demander au public ce qu'il veut regarder amène à tuer la création.