Comment définir un film si particulier ? Disons que c’est une sacrée leçon de vie, emplie d’une morale. Mais comme le souligne le journaliste Olivier Bonnard pour le compte du magazine "Le nouvel observateur", faudrait-il compatir au pauvre sort d’un gars qui a semé la mort dès lors qu’il a été en mesure de le faire ? Car la véritable prouesse de la réalisation de Ted Demme, c’est de nous faire prendre un dealer en sympathie. En effet, "Blow" est doué d’un récit d’une grande efficacité, malgré le fait qu’il reste assez cliché sur l’ascension (trop facile ?) et la chute d’un trafiquant de drogue. Les partenariats, les trahisons, l’amitié bafouée : le business avant tout ! A côté de cela, le mariage du personnage principal est vide de toute substance, après avoir réduit une rencontre à sa plus simple expression. En revanche, la relation père/fils est belle, avec un Ray Liotta touchant. Ce dernier est le seul à supporter la comparaison avec Johnny Depp au niveau qualité d’interprétation. Celui-ci rend une fois de plus une très bonne copie, parvenant à donner du relief à son personnage marqué par les galères financières de ses parents. Et puis si vous n’avez jamais vu Johnny Depp avec un regard mauvais (et quand je dis mauvais, il est TRES mauvais), eh bien foncez ! Quelques clichés n’ont cependant pu être évités, avec la présentation d’une mère des plus vénales, et la répétition de l’histoire quelques années plus tard, rendant les dialogues de début de films bien plus importants qu’ils n’y paraissent. Il y a pourtant de quoi décrocher au début. Une ambiance surannée, une narration en voix off qui peut en agacer certains, et un traitement résolument années 70. Outre la très bonne qualité de jeu de Liotta et Depp, ce biopic reste malgré tout d’une banalité affligeante, ce qui explique peut-être que ce film n’ait à peine dépassé les 300 000 entrées. Le film est bon, il se suit sans véritable ennui, et offre une fin émouvante, mais il faut se rendre à l’évidence : il s’oublie rapidement.