Histoire qui réunit une panoplie de toxicos, d'addicts et de traffiquants interessante, mais quelque peu sous exploitée. Cette intrigue centrée sur les déboires de la poudre blanche bascule souvent dans la linéarité, jusqu'à devenir par instants banale et souffrant d'une absence de recul. Là où Martin Scorsese s'approprierai le sujet en proposant une lecture intimiste et sensationnelle, Ted Demme se contente de survoler le propos et malméne ses personnages dans un tumulte de conflits multiples. Mais scénaristiquement, "Blow" reserve son lot d'atouts. Il se demarque du simple portrait, et se révéle vraiment à travers ses séquences cyniques, souvent ironiques, où chaque personnage, même s'il leur manque un côté humain, se fraye une place. Comment donc ne pas évoquer la prestation salutaire de Johnny Depp ? On ne peut pas. C'est simple, on lui doit tout. Ses fresques emotionnelles, entre le désarroi, la manipulation, le regret et la quête de redemption, ce protagoniste haut en couleurs (mais sans relief) parvient à vous toucher, même si on adhére pas totalement à la direction artistique opérée. En revanche, jamais l'oeuvre ne patit d'une baisse de rythme. Il y a toujours quelque chose à raconter (c'est au libre arbitre de trancher sur le reel interet de tous les elements) et Ted Demme s'en sort plutôt bien. Mais il s'encastre dans un style figé, qui l'empêche de laisser s'envoler ces peripeties comme on le voudrait. Les autres acteurs n'en font pas des tonnes, ils se cantonnent à ce qu'on leur demande avec plus ou moins d'efficacité, mais encore une fois se retrouvent prisonniers de leur personnage (à l'image de Penelope Cruz pas franchement traitée). Sur le plan dramaturgique, ce n'est pas ce qu'il y a de plus emballant, mais ça capte l'attention sans difficulté et on est forcé d'éprouver quelques remors pour notre Americano. Quoiqu'il en soit, s'il est bien aidé par un acteur qui transcende et explose litteralement l'écran (avec une accumulation de costumes d'époque trés réussis), "Blow" souffre d'une mise en scéne fénéante et de choix artistiques discutables. Malgré tout, on en garde un bon souvenir, loin de la palpabilité d'autres oeuvres du même acabit, mais malheureusement pas suffisant pour conquérir nos coeurs complétement et prétendre égaler les chefs d'oeuvre du maitre dans le genre : Martin Scorsese. Mais tenir la comparaison est trop simple, il faut se contenter de cette transition agréable et divertissante, sans prétention (contrairement à ce qui peut se lire), mais manquant de créativité.