Un exercice de style épuisant
Après une tentative au cinéma en 1999, - n’oublions pas qu’Olivier Py est avant tout un brillant metteur en scène de théâtre -, qui s’est avérée plutôt confidentielle, notre cinéaste du jour revient en force avec une énorme distribution, un budget conséquent et une ambition débordante. Après avoir vu ces 94 minutes virevoltantes et… épuisantes, je doute fort que son chemin passe par le 7ème Art. Paris, 17 février 1673. Comme tous les soirs, Molière monte sur la scène du théâtre du Palais-Royal pour jouer Le malade imaginaire. Ce sera sa dernière représentation. Un étrange biopic qui ne dit pas son nom, un seul plan séquence virtuose, de l’outrance, de l’audace… une ode enflammée au théâtre qui manque furieusement de simplicité.
Tout est incroyablement criard dans ce film. Les voix, les couleurs, les sentiments, tout est ici outrance et démesure. Je ne suis pas bien sûr que Molière sorte grandi de l’exercice. Et pourtant, on ressent l’amour halluciné de Py pour son sujet, mais là, en l’occurrence, la démonstration est tombe à plat à trop vouloir montrer… ou démontrer. La volonté de filmer l’artificialité théâtrale pour cette mise en abyme de l’adieu tragique au génie de Molière manque cruellement d’impact émotionnel. Les acteurs et les actrices sont ici manipulés comme des marionnettes dans un castelet sang et or, jusqu’à leur faire débiter des dialogues sentencieux du style : la vie, c’est du théâtre/le théâtre, c’est la vie. Olivier confond ici agitation et virtuosité prouvant, s’il en est encore besoin, que ce qui marche au théâtre marche rarement au cinéma.
Laurent Lafitte, est un immense acteur et campe un Molière plus que plausible. Il est le seul avec l’adorable Stacy Martin a tirer son épingle du jeu torturé imposé par le réalisateur. Bertrand de Roffignac, Jean-Damien Barbin, Jeanne Balibar, en font des tonnes comme tout le monde. Mais je ne saurais oublier de citer l’irrésistible trio de marquises commères formé par Dominique Frot, Judith Magre et Catherine Lachens – qui nous a quittés en septembre dernier et dont ce sera la dernière apparition à l’écran -. Franchement évitable, ou alors sous Primpéran.