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Le réalisateur de "Yannick", le « Daim », « Fumer fait tousser » « Incroyable mais vrai » pour ne citer que les dernières œuvres du prolifique Quentin Dupieux, s’attaque à une icône de l’art, dans un biopic qui n’en est pas un, plutôt un hommage voire une variation sur Salvador Dali, maître de l’absurde avec lequel Quentin Dupieux doit ressentir une profonde filiation et pour lequel il a fait appel à cinq grands comédiens pour l’incarner, (Edouard Baer, Jonathan Cohen, Didier Flamand, Gilles Lellouche et Pio Marmaï) se mettant au diapason d’un délire signé Quentin Dupieux.
Une jeune femme (Anaïs Demoustier), pharmacienne reconvertie en journaliste tente de réaliser un documentaire sur Salvatore Dali sous la direction de son producteur Jérôme (Romain Duris) …Quand elle parvient à approcher le maître, elle se retrouve happée dans son univers…les distances s’étirent à l’infini, le temps se distend, la réalité se fait multiple…Les mises en abymes se succèdent, le film devient fou…totalement fantasque…totalement foutraque…
Qui de mieux que Quentin Dupieux pour évoquer à l’écran le pape du surréalisme Salvador Dali ? Sans affinités particulières pour le peintre, c’est le personnage surdimensionné qui fascine le cinéaste. En constante représentation de la "créature" qu’il s’est créée, et en parlant de lui-même à la troisième personne, Dali était l’extravagance incarnée, un style de vie. Multiple par définition, car inattendu dans ses moindres gestes et paroles, logique alors que cinq comédiens se relaient pour l’incarner à l’écran. Difficile de dépister chaque acteur derrière le masque de Dali, lui, reconnaissable entre tous, Dali étant une œuvre d’art à lui tout seul…. Et Quentin Dupieux de reconnaitre « Pour écrire et réaliser cet hommage, je suis entré en connexion avec la conscience cosmique de Salvador Dalí et je me suis laissé guider, les yeux fermés ».
L’artisanat est la marque de fabrique de Quentin Dupieux. Son film ne dure que 78 minutes, et encore en réutilisant plusieurs fois les mêmes prises. Ce côté faussement désinvolte est contrebalancé par la justesse de ton du cinéaste qui fait revivre un Dali complexe à la fois drôle et attachant, touchant et exaspérant, flamboyant et dépressif. On se prend à penser que le réalisateur se reconnaît peut-être dans cet artiste qui dissimulait sa sensibilité derrière son ego surdimensionné et des provocations de gamin.
Le résultat, un film délirant, savoureux, un peu fou… comme Salvador Dali…et cela fait du bien !!!