En roue libre
Pas facile à suivre la filmographie de Fred Cavayé. Eclectique le bonhomme, puisqu’après 3 films noirs solides et efficaces, Pour elle, A bout portant, Mea culpa, il a glissé vers la comédie de mœurs avec Radin et Le jeu, puis au drame historique avec l’excellent Adieu Monsieur Haffmann, retour à la comédie loufoque et pseudo historique avec ces 100 minutes qui en valent bien d’autres, mais sans jamais tutoyer les sommets. Maître Pompignac, risée du barreau, pense avoir trouvé l’affaire de sa vie : défendre la jeune et innocente Josette, accusée à tort du meurtre d’un maréchal… Mais c’était sans compter sur son adversaire, le redoutable et réputé Maître Valvert, et surtout sur Josette, qui s’avère n’être autre… qu’une chèvre ! Bref, Cavayé fait ce qui lui plaît, même si, en l’occurrence c’est dans le plus grand désordre, quand ça ne frise pas le grand n’importe quoi.
Le saviez-vous ? Au 17ème siècle, les animaux pouvaient être jugés pour avoir commis un crime. S’ils étaient reconnus coupables, ils étaient condamnés aux mêmes sentences que les humains : pendaison, écartèlement, empalement et autres joyeusetés communément pratiquées à l’époque. Durant un siècle et demi, de 1610 à 1760, les propriétaires des animaux étaient eux aussi jugés et risquaient tout autant la mort. On a vu des gens pendus aux côtés de leur animal ! Bon, ça c’est pour le conteste historique, mais, d’emblée, in cartel nous prévient que le film est inspiré d’une histoire vraie… ou presque. Le ton est donné, toute cette comédie pesante n’est qu’une pochade destinée à faire briller deux grosses vedettes bankables du box office de la comédie à la française. – tout comme l’insignifiant Cocorico, qui en est déjà à près d’1 millions d’entrée en une semaine et demi -. Certes, je le concède, le trait est volontairement grossi, mais à la longue, l’effet de surprise ne joue plus et on a la forte impression de tourner en rond et de voir plusieurs fois la même scène… d’ailleurs, n’est-ce vraiment qu’une impression ? -. Bon, les décors naturels – qui se partagent entre la bastide de Monpazier et le site de Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot – sont superbes. Les costumes, les accessoires, les trognes semblent bien avoir les 250 ans requis. Par contre, les effets 3D sont calamiteux. Alors, si on se résume, ce film n’est pas déshonorant, mais j’en suis sorti très déçu. J’en attendais sans doute trop eu égard aux deux têtes d’affiche et au savoir-faire de Cavayé, un cinéaste que, d’habitude, j’apprécie. Allez, il nous doit une revanche.
Dany Boon et Jérôme Commandeur, malgré leur indéniable talent et leur vis comica, ont bien du mal à s’extraire de la fange dans laquelle ils sont englués, - et pas seulement physiquement -, durant tout ce film. Alors, conséquence inévitable, ils en font des tonnes et finissent pas lasser même leurs grands fans. Claire Chust est délicieuse et campe avec une certaine conviction le seul personnage sympathique de cette histoire. Alexandre Desrousseaux, Grégory Gadebois, - décidément très éloigné de la Maison de Molière -, Marie-Anne Chazel, André Penvern, complètent un casting où tout le monde surjouent avec une gourmandise ahurissante. Un sujet original, un genre proche de la Comedia del Arte, une reconstitution soignée, un casting a priori attirant et puis… flop. A quoi tiennent la réussite et l’échec ? A une alchimie introuvable entre les intentions et la concrétisation d’une ambition. Et là, ça ne marche pas, un point c’est tout.