Depuis plusieurs années, Netflix produit à la pelle des documentaires sur des sujets réels dépassant la fiction. La structure est presque identique à chaque fois : une introduction du fait majeur ubuesque, une présentation chronologique et sobre des événements à travers quelques acteurs du drame, peu ou pas de mise en scène, quelques images d'archives. Le tout calé sur 1h30.
C'est pas cher et ça permet de meubler facilement et rapidement leur catalogue d'exclusivité. Il existe même un sous-genre du documentaire industriel Netflix : le documentaire criminel. Et un sous-sous-genre : la version made in France !
En 2021, la plateforme nous avait déjà sorti "Les Rois de l'Arnaque", portant sur les escrocs derrière l'arnaque à la TVA carbone. Marco Mouly, l'un des flamboyants criminels phares, fait d'ailleurs une courte apparition ici, vendu comme "expert en escroquerie" !!!
"Le Masque" porte quant à lui sur Gilbert Chikli, responsable de deux arnaques particulièrement audacieuses et lucratives. L'arnaque au "président", réalisée dans les années 2000, où il appelait des responsables financiers de grandes entreprises en se faisant passer pour leur président, réclamant un virement d'urgence.
Et l'arnaque au "faux Le Drian", réalisée au milieu des années 2010 (vague d'attentats en France), surréaliste. Où un masque permettait à notre homme de se faire passer pour Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense. Il réclamait ainsi de l'argent à des VIP pour soi-disant faire libérer des otages.
Des faits déjà bien médiatisés, sur lesquels ont n'apprendra pas grand chose de neuf. "Le Masque" n'ennuie pas mais demeure très superficiel. Le film évoque l'intelligence émotionnelle, les talents de manipulateurs et l'aplomb de Chilki... mais ne fait pas intervenir directement celui-ci, ou alors par quelques simples coups de fils, ce qui est fort dommage.
Reste, comme souvent dans les milieux affairistes, une faune particulièrement immonde, qui amuse autant qu'elle dégoute. Des avocats des malfrats, à la mauvaise foi éhontée. Et les Shirley/Shirly, "femmes de". Des croqueuses de diamants d'un égocentrisme qui dépasse les limites envisageables, prétendant à un aspect Robin des Bois de leur conjoint, et se posant comme des victimes (!).
Rien de révolutionnaire donc, mais se laisse regarder.