Un film maudit et politiquement incorrect à voir de tout urgence ! Dans ce film franco-italo-espagnol de 1987, cinq jeunes Européens de différentes nationalités partent en Afrique afin de convoyer vers l’intérieur du continent des camions de nourriture pour les populations locales. Au fur et à mesure qu’ils avancent en Afrique, ils se font agresser, escroquer, voler le chargement de leurs camions par des profiteurs du Système. Finalement, deux d’entre eux se font dévorer par les habitants. Leur but n’est-il pas atteint puisqu’ils voulaient nourrir les Africains ? Ce film très politiquement incorrect fut évidement boycotté malgré des qualités évidentes et la célébrité de son réalisateur et de ses interprètes.
Le film raconte les péripéties d'un groupe d'hommes et des femmes qui à bord de 5 camions apportent une aide alimentaire dans un coin éloigné de l'Afrique... Belle métaphore sur l'opportunité des actions humanitaires en pays africain - immense séparation culturelle, méconnaissance du pays. Ce film dénonce avec courage et non sans humour un certain type d'aide humanitaire avec ses contradictions et ses aberrations, incohérences et incompétences. Film non politiquement correct, qui d'ailleurs a été boudé par la critique et les médias, mais qui est toujours d'actualité. Aide humanitaire égale un leurre narcissique et culpabilisant des Etats Européens en général et des ONG en particulier. Belle leçon. La réalisation est de style classique, mais très bonne dans l'ensemble. L'intrigue amoureuse est bien venue. La fin laisse pantois.
Un road movie africain politiquement incorrect et visionnaire, dénonçant l'humanitaire médiatisé et ses travers. Dommage que le film soit vraiment très brouillon et qu'on ne ressente peu d'empathie pour les personnages, sinon ce genre de mélange de cynisme et de pessimisme aurait plutôt un côté salutaire. Ce n'est pas un grand film mais c'est un film intéressant qu'il serait dommage de ne pas avoir vu.
C’était la fin des années 1980, une période où l’action humanitaire était très médiatisée, où les chanteurs s’unissaient pour récolter des fonds, où les pays riches européens semblaient découvrir la misère dans laquelle ils avaient laissé les pays d’Afrique. Marco Ferreri y est allé de sa satire, politiquement incorrecte et globalement bien vue. En filmant les mésaventures d’un convoi absurde, il critique d’abord « l’humanitaire spectacle », puis les motivations des uns et des autres. Le personnage de Maruschka Detmers part en Afrique pour fuir ses problèmes et chercher un sens à sa vie. Celui de Michele Placido entreprend ce voyage par désœuvrement et ne pense qu’au sexe. Le réalisateur stigmatise aussi le désir de se donner bonne conscience, naïvement, loin des réalités du terrain. Par ailleurs, il brosse un tableau décadent de la situation africaine, en présentant des autorités locales qui savent « accueillir » à leur façon tous ces gens pleins de bonne volonté, des faux baroudeurs-vrais profiteurs (Stévenin), des missionnaires sans illusion (Piccoli)… Une Afrique exploitée, où l’on vient chercher des top models (Katoucha) ou des ouvriers (Descas), que l’on renvoie ensuite. Le film rend ainsi compte d’un grand cirque d’hypocrisie et de cynisme, pendant que les enfants continuent à crever de faim… Le ton de la satire est bien particulier : on est moins dans la farce que dans le ridicule pathétique. Et à la question « comment nourrir les Africains ? », l’idée de départ n’est pas celle de la fin… On passe de la dérision à l’ironie la plus cinglante. Avec au final : un sentiment amer d’échec et d’incompréhension. Quelques points faibles, toutefois, à noter : un scénario qui passe trop de temps sur les divagations sentimentales du personnage de Maruschka Detmers et un faux rythme, qui n’est ni celui de la comédie, ni celui de l’aventure. Un rythme qui a du sens, certes, dans la mesure où les personnages se perdent dans un monde qui leur échappe, mais qui crée parfois une lassitude. Totalement à contre-courant de l’époque, Ya bon les Blancs fut un gros échec commercial à sa sortie.