En 1985, Mehdi Charef, alors considéré comme l’un des initiateurs de la « littérature beur » adapta son propre roman et marqua son époque dans la représentation d’une certaine banlieue française. Très sombre, imprégné d’une influence punk et nihiliste, Le thé au harem d'Archimède nous fait suivre les tribulations de Madjid et Pat, deux loubards pas si éloignés du duo constitué par Gérard Depardieu et Patrick Dewaere quelques années auparavant dans Les Valseuses, obsédés comme eux par les femmes, envers lesquelles ils ne portent que peu de considération. Les deux personnages évoluent dans un monde qui ne leur offre aucune perspective réjouissante, aucun avenir désirable, menant leur existence dans une forme de frustration permanente qu’ils font payer au prix fort à celles et ceux qu’ils croisent sur leur chemin. Le long-métrage raconte aussi le décalage de génération entre les premiers immigrés et leurs enfants de la France des années 70 et 80, ballottés entre des logiques et des injonctions contradictoires. Portrait dur et désespéré des quartiers périphériques, Le thé au harem d’Archimède parvient à capter avec force ce désespoir propre à celui d’une génération perdue. César de la meilleure première œuvre en 1986.
Lors de sa sortie en 1985, le film obtint un grand succès public, fut primé au Cesar et couronné du prix Jean Vigo.
Tiré du témoignage et du best-seller de Medhi Charef, c'est une chronique de la vie en cité parisienne pendant les années 70.
Autour du portrait de deux personnages principaux ( petits délinquants de quartier), c'est finalement celui de tous les êtres confrontés à la pauvreté et à l'absence d'espoir de mener une vie radieuse.
La déshérence culturelle est aussi soulignée dans le titre et s'agrège à la pauvreté économique.
Le film draine une nostalgie et une tristesse dont la force est d'autant plus communicative qu'elle est soulignée par sa justesse et sa fidélité au réel.
Toutefois, la réalisation est principalement illustratrive et le film souffre tout de même d'un manque de dialogues consistants et de profondeur dans la description des caractères.
A le voir aujourd'hui, " le the..." n'a pas pris une ride. C'est un témoignage intéressant sur cette période qui mérite le detour.
Philippe Faucon dont le cinéma se rattache au film de Charef, ira malgre tout plus loin que ce dernier dans la profondeur de traitement de son propos et dans la finition de ses films.
Il n'en reste pas moins que le parcours de Charef possède une vertu d'exemplarité. Pour sa communauté certes, mais pas seulement. Chapeau bas !
Sans l'ombre d'un doute, le meilleur film sur la banlieue ! Une chronique française des années 80 qui n'a pas pris une ride. Charef, pour un premier film, touche la grâce.
Oui moi aussi je suis là grâce à Canal. Je trouve pas bien de découvrir des films dont on a pas eu l'occasion de le voir (pour ma part j'étais même pas née à l'époque) bref concernant le film. J'ai adoré vraiment. Les acteurs Rémi et Kader m'ont donné envie de voir Miss Mona du coup rien que pour les retrouvés un peu (merci au réalisateur Medhi Charef). Concernant l'histoire je trouve ça très intéressant de voir l'évolution des banlieux comment c'était dans les années 1980 dans le fond effectivement rien n'a changé par rapport à aujourd'hui mais dans la forme c'est pas totalement la même chose. Pas le même langage ni la même culture. Bref, une belle histoire d'amitié entre Madjid et Pat mais aussi avec Josette et Malika. Film très touchant. A voir.
Merci à Canal de diffuser ce film datant de 1985 que j'avais totalement zappé. Ce film est porté par des jeunes acteurs vrais,justes qui nous raconte leur quotidien dans leur cité . C'est un peu un film docu sur la jeunesse de cette époque avec les problèmes de précarité, de différences sociales, de racisme. On y voit la vie des gens vivant dans des banlieues désœuvrées. La jeunesse de cette époque était moins violente que celle d'aujourd'hui, les petits loubards semblaient plus inoffensifs. Plus de 30 ans après la situations dans les banlieues restent difficiles . Je suis étonné que l'acteur rémi martin n'ait pas fait une plus grande carrière car il avait un potentiel énorme.
Même si c'est d'abord une histoire d'amitié touchante entre un Français de souche et un Magrébin, c'est aussi une oeuvre très intéressante par ce qu'elle raconte d'un lieu et d'une époque, la France des banlieues des années 80. La jeunesse y vivait déja entre espoir et fatalisme, comme celle qui la précédait et celle qui le suivra. La jeunesse est aussi le lieu ou l'on cherche sa voie. Ces horizons bouchés (belle scène finale sur les plages de Deauville), ces discriminations et ces petits larcins, rien ne change vraiment... L'ensemble donne tout de même une impression de douceur au regard de l'évolution d'aujourd'hui, la religion était pratiqué de manière discrète, le rap n'avait pas imposé son dogme, le shit n'était pas omniprésent et organisé en système (et ce même si les drogues dures à l'époque faisaient de nombreuses victimes), et surtout le langage était plus soutenu. En tout cas ce film offre un regard généreux sur cette jeunesse, et il faut aussi souligner la prestation des deux acteurs principaux et une belle bande originale (la chanson Words).
Ce film m'avait emu beaucoup quand je le voyais pour la premiere fois dans les annees 80. Il touchait aux sentiments que j'avais a l'epoque: ne pas vraiment savoir ce que je voulais faire de ma vie, etre conscient de mes options et de mon potentiel, entendre les recommendations et demandes des parents, et en meme temps je savais exactement ce que je voulais faire - mais je n'osais pas.
Un très beau témoignage sur la banlieue des années 80, réaliste et sans concession, qui arrive à éviter le sordide grâce à une légère touche d'humour et de surréalisme, le tout interprété avec un grand naturel. Effrayant de constater qu'en 25 ans, peu de chance ai changé.
j'ai vu le film il y'a plus de 20 ans et revu avec bonheur cette semaine,une oeuvre d'une profondeur rare,les acteurs sont d'une grande justesse,une histoire simple,émouvante.La derniere scène est superbe,sans oublier la chanson de K. Kacel... Ce film est de très loin le meilleur ayant pour thème "les cités" cela change des "daubes" qui sont régulièrement à l'affiche .
LE premier vrai film sur les cités, ce film avec "de bruit et de fureur" de Brisseau sont les deux principaix films traitant les conditions de vie dans les cités parisiennes des années 80. Le film touche du début à la fin, les rebondissements s'enchainent et le réalisateur évite les clichés. Le final sur la plage fait mal et chaud au coeur à la fois. UN CHEF D'OEUVRE DU GENRE.
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5,0
Publiée le 25 avril 2014
Un très grand film sur l'amitiè, la vraie, celle avec un grand « A » . Avec l'èpoustouflant "De bruit et de fureur" de Jean-Claude Brisseau, c'est incontestablement le meilleur mètrage traitè sur les citès! Rèalisè au milieu des annèes 80, le cinèaste Mehdi Charef adapte son propre roman largement autobiographique en racontant l'amitiè et les 400 coups de deux jeunes zonards dèsoeuvrès! L'un (Madjid), fils aînè d'immigrè algèrien et l'autre (Pat), français de souche! Le style naturaliste choisi par Charef donne à son film l'aspect d'un documentaire brut et dècrit de l'intèrieur la vie dans la banlieue tout en donnant l'occasion de voir pour l'une des premières fois une famille arabe au cinèma! Rèmi Martin et Kader Boukhanef y sont extraordinaires de naturel et on n'est pas prêt d'oublier ce final sur la plage dèserte de Deauville entre les deux acteurs montrant une solidaritè rarement atteinte au cinèma (la mèlodie « Banlieue » de Karim Kacel renforçant plus que jamais cette scène sublime et quasi-mèlodramatique, l'une des plus fortes du 7ème art). Oeuvre poignante, juste et chaleureuse, "Le thè au harem d'archimède" fut rècompensè à juste titre par le Cèsar du meilleur premier film et surtout du prestigieux Prix Jean-Vigo 1985! Le roman de Mehdi Charef est aussi un bel hommage à la gènèration des parents! Et puis quelle formidable idèe d'avoir glissè le tube de F.R David « Words » dans ce petit bijou qui fut encouragè et soutenu par un certain Costa-Gavras...
Probablement le film le plus abouti sur la banlieue,le thé au harem d'archimede est un etat des lieux du malaise social des cités dortoires comme on les nommaient à l'epoque,dejà present en ce debut des années 80,servi par un traitement caracteristique de cette decenie et à mille lieux des stereotypes commerciaux et stylisés instauré en code du genre par "la haine" de kassovitz.Un regard emprunt à la fois d'espoir et de fatalité,d'un realisteur qui lui au moins savait de quoi il parlait! Pas de miserabilisme,pas de revendication,une intrusion dans le quotidien ordinaire,de citoyens ordinaire,d'une population souffrant juste d'indifference!