Pendant près d’un an, Salhia Brakhlia & Mouloud Achour ont posé leur caméra à France Info pour nous faire vivre de l’intérieur le métier de journaliste matinalier. C’est ainsi que l’on retrouve Marc Fauvelle & Salhia Brakhlia aux commandes du "8h30 Franceinfo", la matinale qu’ils co-animent depuis 2020 (et qui est diffusée à la fois à la radio et sur la chaîne télé).
A travers ce documentaire, le but n’était pas seulement de nous faire vivre de l’intérieur cette matinale mais aussi et surtout, de montrer l’envers du décor d’une émission radiophonique, encore plus à l’heure où il y a de la défiance envers les médias et face à l’afflux constant de fake news relayées sur les réseaux sociaux. Le film lève aussi le voile sur les relations que peuvent entretenir les journalistes et les personnalités politiques avant, pendant et après une interview (les échanges sont cordiaux, parfois piquants).
Service public (2022) aura suivi les journalistes pendant toute la campagne présidentielle de 2022. Y apparaissent, tous les candidats (tous bords confondus) et quelques ministres en fonction. On assiste aux réunions de la rédaction, aux répétitions, aux échanges entre les journalistes et les candidats avant et après les interviews (aussi bien le débrief qui a lieu après la matinale que dans la loge où les débats en off se poursuivent). Le film a le mérite d’être franc, notamment lorsqu’il montre Jean-Philippe Baille (le directeur) entrain de leur passer un savon suite à l’interview (ou plutôt, le débat) avec Julien Bayou. On y découvre aussi Jean-Luc Mélenchon qui, depuis des années refuse les invitations de FranceInfo mais finira par accepter sous ses conditions (qu’ils délocalisent leur émission sur l’Île de la Réunion, là où il se rend pour un meeting, histoire de bien leur faire comprendre qu’il reste le seul maître à bord et qu’il sait imposer ses choix).
Ça n’est qu’après avoir vu le film, lors du générique de fin, que j’ai découvert qu’il avait été co-réalisé par Salhia Brakhlia (je n’avais pas non plus pris connaissance du synopsis). Malgré toutes les qualités qui se dégage du film, la question de l’impartialité demeure, il est d’ailleurs assez étonnant que Salhia Brakhlia réalise tout en se mettant en scène (on la voit très souvent prendre à parti les responsables politiques, ce que semble ne jamais faire Marc Fauvelle). L’ensemble n’en reste pas moins très intéressant et permet de voir différemment le travail des journalistes, leur approche et surtout, les politiques s’exprimer en off.
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