Hymne au grand écrivain né à Tours le 20 mai 1799, « Les Secrets de la princesse de Cadignan » suscite d'emblée l'intérêt.
Déjà, nous comprenons pourquoi sa réalisatrice, Arielle Dombasle, n'a vu, pour incarner Balzac, nul autre acteur que Michel Fau. Son visage et ses expressions rappellent un portrait de Balzac réalisé par Félix Valloton, portrait aux traits accentués comme pour faire ressortir ce regard magnétique tellement décrit par ceux qui ont rencontré le père de La Comédie humaine. De plus, le moulage de la main de Balzac, visible à la Maison de Balzac, témoignera de la ressemblance avec les mains adorablement boudinées de l'interprète.
La réalisatrice marche toujours un pas derrière Balzac, comme on marche derrière un roi. Dans son film, beaucoup de papier, de musique, des mots dits et des mots chantés. C'est un film culturel, un témoignage d'amour pour Balzac, cet homme qui aimait les femmes pour elles-mêmes, qui les a magnifiées par la magie de la plume, la sienne, universelle, intemporelle.
Au delà de l'adaptation du roman, le film se figure le cheminement de pensée de Balzac pour inventer, situer, construire, nourrir son œuvre.
Et on imagine aisément Arielle Dombasle emportée, au sortir de sa lecture de la nouvelle de Balzac, par la même exaltation que monsieur de Charlus : « Il tomba dans une songerie profonde, et comme se parlant à soi-même : "Les Secrets de la princesse de Cadignan ! s’écria-t-il, quel chef-d’œuvre ! comme c’est profond, comme c’est douloureux, cette mauvaise réputation de Diane qui craint tant que l’homme qu’elle aime ne l’apprenne ! Quelle vérité éternelle, et plus générale que cela n’en a l’air ! comme cela va loin !" » (Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe).