Ce n’est pas le genre de film que je serai spontanément allé voir…Mais voilà, lors d’une précédente séance j’avais vu la bande annonce et reconnu le Miramar la Cigale hôtel thalasso impressionnant bâtiment en forme de paquebot ancré au port du Crouesty, à Arzon…Nous y avons passé une semaine début janvier totalement « hors saison », station au volets fermés, vent et pluie… Pendant la première demi-heure du film , on peut se croire dans une publicité pour l’hôtel et sa thalasso…Mathieu (Guillaume Canet) s’y est réfugié, par peur d’échouer il vient de plaquer l’équipe avec laquelle il préparait sa première pièce de théâtre…Il promène un sentiment de trahison et d’imposture dans le décor glacé du centre de thalasso…portrait ironique d’un homme en pleine crise, séance de soins, personnel et clients impressionné de recevoir l’acteur ( selfies, diner en solitaire, coup de fil à sa femme présentatrice du journal télévisé) …cette demi-heure finit par paraître longue, même si j’y ai reconnu l’atmosphère de l’hôtel et de la station « hors saison »…Survient Alice ( Alba Rohrwacher) qu’il a aimée jadis avant de la planter subitement…Elle réside à Arzon, son mari est médecin, conseiller municipal, elle a une fille de 14 ans…Est-ce que Mathieu le sachant, a choisi cet endroit, est-ce qu’Alice a fini par apprendre sa présence par la rumeur de la station…la caméra passe de l’un à l’autre, pas très tendre pour la vie provinciale d’Alice, guère plus pour Mathieu et son spleen de nanti…Certes Stéphane Brizé conte avec une extrême lenteur un retour de flamme amoureux prévisible dès le début…pourquoi ajouter cette séquence totalement incongrue d’une scène filmée par téléphone d’une histoire de lesbienne sortie de nulle part, qui se termine par une séquence de mariage en filmant les « petites gens » comme de braves imbéciles heureux. Dans un registre nostalgique parfois déconcertant, le film doit beaucoup à la puissance émotionnelle d’Alba Rohrwacher qui est la seule à tirer son épingle du jeu, bouleversante, toute de grâce pudique… Que l’on aime ou pas le cinéma de Stéphane Brizé, on ne peut nier la hargne et la chaude révolte qui le guide habituellement, une rébellion viscérale, intègre, contre les injustices sociales, que vient-il nous offrir avec cette comédie dramatique poussive tournant souvent en rond et donnant l'impression de ne pas savoir où elle va…Je m’y suis profondément ennuyé.