Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez nous proposent un premier film minimaliste et pour le moins réussi.
Quasi-huis clos d'1h17 sans effets superflus, nous voilà coincés avec ce couple souhaitant vivre le rêve américain, et se retrouvant fouillé, interrogé et coupé du monde sans qu'il ne sache pourquoi.
Au fil des questions qui leur sont posés (d'abord ensemble, puis séparément), un étau invisible semble se resserrer autour d'eux, et une vérité cachée jusqu'à présent va venir fragiliser peu-à-peu le couple dans ses certitudes et sa confiance mutuelle. Une fragilité que les agents de l'immigration en charge de l'interrogatoire vont se faire un malin plaisir d'explorer avec leurs questions incessantes ("Aimez-vous votre conjoint.e ?"), de plus en plus intimes, de plus en plus déstabilisantes, et ce pour convaincre Diego et Elena de prendre la meilleure décision qui soit pour eux.
Et quand le dénouement survient, aussi abrupt qu'inattendu, ce que cet interrogatoire a provoqué sur eux et entre eux ne les quittera plus.
Reposant sur une unité de lieu et de temps et se déroulant sous l'ère de la présidence Trump, un ping-pong verbal d'une belle justesse paranoïaque, dépeignant la manière dont peuvent être traités certains immigrés en fonction de leurs origines et de leur vécu, et la manière dont on s'introduit sans filtre et sans gêne dans leurs vies privées pour mieux les déstabiliser et tenter de les piéger pour les renvoyer de là où ils sont venus. Tout cela dans le sous-sol d'un aéroport, invisible aux yeux des autres voyageurs arrivant sur le sol américain.
A vu « Borderline » du réalisateur vénézuélien Juan Sebastian Vasquez. Un thriller au suspens implacable et anxiogène de 77 minutes. Tout se passe dans un petit bureau en temps réel, aucun effet spectaculaire, peu de musique, 4 acteurs (fantastiques). Un huis-clos étouffant, passionnant et saisissant. Le film s’ouvre sur une annonce que l’on entend à la radio d’un taxi concernant le mur qu’érige Trump entre les Etats-Unis et le Mexique. Le film est la mise en application de cette état de fait en petit comité à l’abris des regards. Diego, urbaniste vénezuelien (Alberto Ammann) et Elena danseuse espagnole (Bruna Cusi très intense) quittent Barcelone pour s’installer à Miami. Mais lors de l’escale à New-York de leur vol, ils sont interceptés par la Police des Frontières pour un interrogatoire. Le couple fait face autour d’une table à deux policiers (Laura Gomez réfrigérante) . Les bagages, les téléphones, les ordinateurs sont fouillés dans les moindres recoins. Les mêmes questions sont répétées à l’infini, les réponses sont coupées et recoupées. La tension est insupportable. Le couple qui visiblement n’a rien à se reprocher est disséqué sous toutes les coutures. Les policiers sont déshumanisés et le couple se liquéfie. La paranoïa des personnages et des spectateurs augmente au fur et à mesure que le temps passe. La construction du film et l’interprétation sont redoutables. Le film est construit à l’os. Rien d’inutile tout va à l’essentiel. On sort de la séance à terre et le cerveau en ébullition.
Film assez prenant, surprenant, sorte de huis clos aeroportuaire. On sort de la salle avec des interrogations, un sentiment de non résolution inhérent au sujet et c'est je pense la force du film.
Les réalisateurs Alejandro Rojas et Juan Sebastián Vasquez ont puisé dans leur propres expériences pour l'écriture de leur excellent film et cela se ressent ! Dans ce huis clos anxiogène, les questions les plus intimes vont mettre au jour une vérité qui dérange et qui fera voler en éclats le couple dans son final abrupt ! Cruel et redoutable !
Un film sur un sujet intéressant, à savoir le contrôle de la Police des Frontières sur un couple arrivant aux Etats-Unis. Tourné comme un thriller, ce huit-clos va devenir un véritable calvaire pour ce couple dont toute l'intimité va être dévoilée. Cependant, cela reste assez répétitif malgré la courte durée du film. Un bon film, mais qui tourne un peu en rond.
Film atypique qui nous plonge au cœur d'un interrogatoire insistant de la douane américaine face à 2 migrants en règle. Réaliste, très bien rhytmé, bien joué : je recommande !
Le contrôle classique à l’aéroport ( celui de New-York, quand même) vire au cauchemar pour ce couple de barcelonnais, lui vénézuélien, elle espagnole en quête du « paradis » américain. On les soupçonne certainement d’un fait particulier pour les entraîner dans un complément d’enquêtes qui bafoue la vie privée. Et insinue un passé qui n’est peut-être pas celui officiellement affiché. Pour elle, pour lui ? Tout s’entremêle habilement de la part des agents enquêteurs qui jouent au jeu traditionnel du chat et de la souris au cours d’un interrogatoire de plus en plus crispant. Mais les réalisateurs ne jouent pas. Ils nous tiennent eux aussi en respect. Et ne nous lâcheront plus . Pour leur premier film Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas signent une mise en scène qui en dit le minimum et en fait le maximum. Classique dans la formulation de l’interrogatoire policier, inquisitrice dans la maltraitance. Jusqu’à l’issue improbable . Un coup de théâtre au cinéma, ça ne manque pas de classe. Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
Film bien angoissant qui démontre comment des douaniers de l'immigration confondent un couple, vont jusque dans leur intimité pour leur faire avouer l'inavouable et démolir leur amour
Le "Rêve américain" est politique. Un huis-clos grinçant, règles d'interrogatoire US douteuses et dures pour immigrer. Les questions croisées à ce couple, révélatrices et décomplexées. Comparaison avec "Garde à vue", le but est différent, 1h17 intense. Peu d'acteurs, peu de décors, des plans intrusifs pour ce thriller dramatique du Vénézuéla.
Diego est vénézuélien et urbaniste ; Elena est espagnole et danseuse. Ils quittent ensemble Barcelone pour Miami où ils ont décidé de s’installer et d’entamer une nouvelle vie. Leurs visas sont en règle. Pourtant, à l’escale de Newark, au moment de rentrer sur le territoire américain, le service de l’immigration les intercepte pour procéder à des « investigations complémentaires ».
Si vous avez déjà atterri aux Etats-Unis, peut-être avez-vous franchi la douane avec un frisson d’appréhension. Sans doute n’aviez-vous rien à vous reprocher et, dès lors, rien à craindre. Pour autant, les moyens impressionnants déployés, le manque d’amabilité des policiers, les questions aboyées dans un sabir incompréhensible, ajoutés à la fatigue du vol et du décalage horaire vous ont-ils mis mal à l’aise, voire vous ont-ils laissé craindre une détention arbitraire dans les sous-sols de JFK ou de LAX.
C’est sur ce sentiment-là, à la fois très commun et irrationnel, que "Border Line" prospère. Le titre original de ce film réalisé par deux Vénézuéliens installés en Espagne, qui disent s’être inspirés de témoignages réels, était "La Llegada" (l’arrivée) ou "Upon Entry" dans sa version internationale. Le titre français se veut polysémique même si on ne voit pas très bien lequel des personnages est atteint de troubles de la personnalité limite (borderline).
Je lis depuis quelques jours des critiques élogieuses, dans la presse et chez des amis : « huis clos aiguisé », « scénario diabolique », « petite pépite de suspense »…. Sans doute "Border Line", qui a raflé plusieurs prix, notamment au festival international du film policier de Reims ou au festival Premiers Plans d’Angers n’a-t-il pas volé ces commentaires élogieux. C’est une belle mécanique de précision, aussi concise (soixante-dix-sept minutes à peine) qu’efficace.
Mais, la faute peut-être à ce bouche-à-oreille si dithyrambique, le film a été un chouïa en-dessous de mes attentes. J’ai trouvé en particulier qu’il usait et abusait d’un seul ressort répétitif – la toute-puissance que s’octroient les garde-frontière les autorisent aux questions les plus humiliantes – et qu’il était construit autour d’un enjeu finalement mal exploité : nos deux voyageurs ont peut-être plus à se reprocher qu’on ne l’aurait pensé si bien que l’agressivité des policiers n’est peut-être pas si disproportionnée qu’on l’aurait crue. J’escomptais plus de rebondissements d’un film qui finalement en compte fort peu. Redoutant de trop en dire, je ne dirai rien de la dernière scène qui clôt magistralement ce huis clos oppressant.
« Vous ne voyagerez plus jamais comme avant », cet avertissement dans la bande-annonce résume tout. Ce n’est pas le voyage en lui-même qui pose problème, genre film catastrophe, mais le moment de l’entrée sur le territoire des Etats-Unis lors du contrôle aux frontières. Et là, sans qu’on ne sache pourquoi, ça coince. Le spectateur est pris à témoin de cette situation oppressante au travers d’une question apparemment simple et anodine : « Quel est le motif de votre séjour aux Etats-Unis ? » (accroche sur l’affiche). Seront évoquées des questions autour de l’immigration qui quoique légale par la grande porte (la loterie des visas d’entrée), et non pas par un quelconque franchissement clandestin des frontières, autorise les autorités à tout passer au crible et forger leur conviction.
J'attendais la sortie de ce film qu'un ami espagnol m'avait recommandé ( sortie en Espagne sous le titre la Llegada il y a quelques mois) . J'en suis sortie déçue car même si la tension psychologique est omniprésente rien de nouveau sous le soleil américain en ce qui concerne leurs procédés paranoïaques et soupçonneux pour entrer sur leur territoire. La mise à jour de mensonges au sein du couple ne m'a pas sauvé totalement de l'ennui qui m'a gagné .