Ce qu’il y a de bien avec les plateformes de streaming, c’est qu’elles permettent à des cinéastes d’aller au bout de leur vision plus facilement et qu’elles autorisent même certains films à voir le jour. Par exemple, les derniers films de David Fincher (« The Killer ») ou de Ridley Scott (« Napoléon ») n’auraient peut-être jamais existé sans celles-ci. Mais c’est également vers elles que se tournent pléthore de nouveaux auteurs, déjà comédiens, qui décident de se lancer dans la réalisation. On l’a vu par exemple avec le premier film de Maggie Gyllenhaal, « Poupée volée » sur Netflix. C’est également la plateforme au N rouge qui va permettre à l’acteur Daniel Levy, surtout vu dans des sitcoms américaines, de réaliser son premier film qu’il a lui-même écrit. Un film qui doit lui ressembler tant on sent en effet une partie autobiographique dans cette comédie dramatique narrant une histoire de deuil, d’amour et d’amitié entre Londres et Paris. Rien de très original ici mais « L’effet veuf » est assez juste et touchant pour convaincre.
De loin, les prémisses laissent penser à une comédie romantique gay assez cliché mais, au final, elle s’avère assez juste une fois nos craintes passées, « L’effet veuf » étant bien plus sombre et profond que cela. Un décès va rebattre rapidement les cartes et le film va s’avérer plus mélancolique et tragique qu’il ne le laissait croire. Le deuil est traité de manière sobre et les notes de musique emballent parfaitement les moments les plus tristes. Mais, grâce à ses deux très bons amis et leurs histoires, le film va se muer en une sorte de psychanalyse de groupe soft mais plutôt bien rendue. On y parle trahison, rupture, liens d’amitié et, bien sûr, amour avec un certain aplomb faute de réelle nouveauté sur le sujet. On pense aussi bien à certains aspects de la filmographie de Woody Allen pour le côté verbeux, aux films de potes de La Nouvelle Vague française pour l’aspect bande de copains tout autant qu’aux films de niche gay traitant des sentiments. Mais Levy trouve sa voie à lui, sans pour autant qu’elle soit renversante.
Faire se dérouler l’action sur plusieurs mois, avec ellipses bien digérées, et entre les capitales françaises et londoniennes apporte en effet un peu de changement. Pour une fois on n’est pas à New York ou Los Angeles! Le néo-cinéaste évite d’ailleurs (en partie) les clichés cinématographiques inhérents à ces deux villes. Cependant, sa mise en scène est peu inspirée, banale on pourrait même dire. Les comédiens ont en revanche beaucoup de bagout et les dialogues sont bien écrits. « L’effet veuf » cale un peu à cause de quelques longueurs et d’un ensemble qu’on pourrait trouver un chouia monotone. Mais quelques bons passages dans l’émotion comme dans l’humour et une justesse de traitement dans les rapports humains en font un premier long-métrage plutôt agréable.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.