Héritage patrimonial du cinéma de science-fiction, du cinéma d’action, Terminator de James Cameron, opus initial de la franchise, aura cependant pris de l’âge. Ayant pour ainsi dire pris toutes les rides du monde, le film, sortit chez nous en avril 1985, n’en demeure pas moins un incontournable du genre. Violent, bruyant et accessoirement très parodié, la venue sur les écrans du personnage robotisé dénommé T-800, incarné par un Arnold Schwarzenegger en début de carrière, faisant suite au succès de Conan, ne tient pas de l’évènement anodin. Si tout le monde, hormis peut-être James Cameron lui-même, était d’abord sceptique face au projet, l’obstination du réalisateur aura finalement permis au démarrage d’une franchise culte, d’un monument de SF qui percera les âges, qui contribuera grandement au statut de brute incontournable de notre exilé autrichien en terre américaine.
Malgré tout, contrairement aux classiques de Ridley Scott, Alien et Balde Runner, ou encore à quelques projets d’envergures des années 80, Terminator n’aura pas aussi bien surmonté l’épreuve du temps. Si le scénario n’y est pour rien, le parti pris visuel adopté par Cameron, son élan artistique très ancré dans le Los Angeles kitsch des années 70 et 80 ouvriront maintenant les portes à toutes les mauvaises langues. Oui, les coupes de cheveux, les costumes sont passés de mode. Oui, la musique électronique très mécanique est complètement dépassée. Oui, les techniques visuelles adoptées par le cinéaste à l’époque n’étaient pas aussi qualitatives que celles de ses confrères. Mais au bout du compte, fait-on encore de tel film de nos jours? Limpide, soigneusement scénarisé, d’une violence physique pleinement assumée, Terminator, objet de culte mais aussi de moquerie n’en reste pas moins un indémodable exemple de cinéma.
Rappelons qui plus est qu’en termes de rythme, le film de Cameron est également un exemple à suivre. Si quelques temps morts viennent plomber l’ensemble, les scènes d’action, notamment l’ensemble de la confrontation finale, sont d’un rythme très soutenu, d’une froideur particulièrement oppressante pour l’époque. Soulignons qu’avant d’être la machine salvatrice du second volet, Arnold Schwarzenegger incarnait, en 1984, la machine destructrice par excellence. L’acteur laisse au vestiaire sa maigre panoplie d’expressions et de sentiments pour ne garder à l’écran que sa stature d’armoire à glace, son regard menaçant, ne se contentant que de dialogues purement mécanique. Il n’est pas anodin d’ailleurs que ce premier volet, film d’action comme film de Science fiction, prend d’abord de très grandes allures de Survival. Le calvaire de Sarah Connor est immuable, les souffrance de Kyle Reese palpables et la froideur de la machine dite Cyborg est d’une qualité remarquable.
Soyons clairs, que l’on se foute ouvertement des tronches des protagonistes, de leurs looks respectifs, Terminator est une formidable plongée dans un cinéma très personnel. Par ailleurs, le second volet, le meilleur de la saga et tout simplement un film de prestige, signé du même James Cameron, s’inspire inlassablement des critères sonores et visuels de ce premier film, une référence indiscutable qui n’aura perdu de la valeur qu’en regard à la qualité de sa suite directe, 8 ans plus tard. Culte, indéniablement culte. Que personne ne vienne dire le contraire. 16/20