Grosse déception que ce pseudo western féministe, sans appartenance, ni classique, ni moderne, ni postmoderne, ni crépusculaire et sans grande résonnance. Viggo Mortensen acteur et réalisateur signe un drame à l’exécution rigoureuse, mais dont on cherche en vain la saveur…Outre le nombre de postes occupés (réalisateur, acteur principal, scénariste, compositeur), il sent la recherche d’un rôle motivé par l’envie d’y être à son avantage. Celui d’un cow-boy pas comme les autres, lettré, francophile, épris d’une femme émancipée, âme noble parmi les pourritures qui règnent sur l’Ouest corrompu des Etats-Unis… sans doute beaucoup de Viggo Mortensen dans ce personnage d’émigré danois vivant à la semi-marge de la société primitive de l’Ouest : assez habile et craint pour y survivre, incapable cependant d’y conserver d’autre compagnie que celle d’une Québécoise aussi sauvage et étrangère que lui (Vicky Krieps), qui sera son grand amour, puis son épouse éplorée… Vicky Krieps semble en pilote automatique pour ce rôle d’amoureuse anticonformiste, révélant un talent insoupçonné : elle sait faire l’accent québécois…si bien que le film en VO intègre des échanges en français.. Celle-ci sera bientôt laissée seule au foyer malgré l’amour au beau fixe, voyant son homme s’enrôler auprès des nordistes de la guerre de Sécession. Subvenant seule à ses besoins, elle devra tenir tête à la brutalité d’un fils de notable hors de contrôle, qui soumet toute la ville à sa terreur…. Des intentions du personnage, tour à tour cynique et moral, vengeur et las, on perd rapidement le fil : veut-il la liberté pour lui, la justice pour les autres, l’amour, la solitude, un peu tout à la fois ? On passe ces deux heures dans un état certes pas de désolation, mais de franche perplexité, que ne dissipent ni l’épure de la mise en scène ni le rigoureux prosaïsme du récit – impression d’un film pour rien, quasi irréprochable dans son costume de mélo historique néo-académique, mais parfaitement stérile…C’est long et difficile de lutter contre l’ennui.