Western moderne et pas tant que ça (un western peut-il être moderne ?). C'est pourtant ce qui interpelle au départ car on ne fait plus de western (John Ford est mort depuis longtemps, Sergio Leone aussi, Clint Eastwood c'est tout comme). Après, ces westerns, c'est une mine inépuisable de sujets et de paysages. Et Viggo Mortesen nous en extrait là quelques pépites.
Pour ne pas spoiler, on se prive de raconter le plus intéressant du film, mais c'est ainsi, vous devez découvrir vous-même l'histoire, qui de fait, a de quoi surprendre, telle que racontée. Cette façon de faire un film est en effet déroutante puisqu'on va du passé au présent sans prévenir et ça peut perdre nombre de spectateurs en route. Déroutante, sans qu'on soit bien sûr que ce soit nécessaire pour transmettre émotions et messages...
Quand on accroche avec la façon de faire, on finit par être emporté par une multitude de sensations. Ce film c'est d'abord un film de taiseux (on adore ça quand on est fatigué de l'hystérie actuelle des dialogues de films aujourd'hui). C'est l'image qui compte en premier (avec les difficultés dites plus haut pendant un bon moment, liées aux allées-venues dans le temps).
Mais les rares paroles et les images sont tissées de délicatesse, de retenue et de beauté (ce jardin au milieu de rien qui fait pousser des roses est typique). Même quand il s'agit du moche, le langage est parcimonieux (par exemple, on n'entend pas le mot "viol", on entendra "c'était contre ma volonté"). Ça ne veut pas dire que le côté mauvais, exprimé par les mauvais, soit exempt de violence : il y a des images difficiles ; mais sans trop d'insistance, laissant l'imagination du spectateur voir la suite... La retenue de la caméra.
Le film entier, c'est le combat éternel entre le bien et le mal. C'est le goût de l'indépendance et de la liberté, le courage, la sensibilité, l'intelligence et même le patriotisme versus la corruption, la paresse, la brutalité, l'imbécilité et bien sûr la lâcheté. Ce combat concerne notamment l'héroïne, ce qui rend ce film encore plus méritoire (imaginez une femme seule dans l'ouest désertique et dans les années 1860).
Le violoncelle pleure de joie ou de tristesse à la fin du film. Ce qui fait qu'on regarde le générique de fin jusqu'à la fin.
A.G.