Le cinéma moderne est une notion insaisissable, tant les horizons de ce qu'une petite salle obscure peut procurer d'expériences et de sensations se sont élargis en ce début de siècle.
Certaines oeuvres sont faites pour être admirées, etudiées, disséquées par l'esprit du spectateur. D'autres amusent, attristent ou encore stupéfient leur public, jouant de nos émotions et de nos sentiments.
Ce film, et c'est bien l'un des seuls que je connaisse, est fait non pas pour l'une des raisons citées plus haut; non, il est fait dans l'unique but d'être enduré.
Tout d'abord, il y a le sentiment de gêne permanent qui s'installe dès les premières secondes et ne nous quitte plus avant d'être parti loin, très loin de la salle de cinéma. Étant particulièrement réceptif et réactif aux situations malaisantes, je peux affirmer sans l'ombre d'un doute que ce film m'a rendu plus fort. Désormais, aucune compilation de malaisetv ne peut m'effrayer; plus aucune situation ne peut me paraître étrange, illogique ou gênante après être sorti de ces 90 minutes de torture mentale.
Puis il y a, bien plus simplement, l'ennui. Ce vide qui envahit l'âme lorsqu'on est confronté aux tentatives incessantes d'humour, de répliques et situations dénuées de tout intérêt, qui lassent dès les premiers instants et ne font que s'alourdir au fil de cette pathétique "histoire".
Ce n'est pas l'ennui d'un film trop complexe ou trop calme, tel qu'un vieux documentaire ou une oeuvre soporifique de 3 heures.
C'est plutôt un vide mental qui s'accompagne d'un questionnement intérieur déprimant : "qu'est ce qui a bien pu me pousser à assister à cette séance ? Où va ma vie, comment en suis-je arrivé là ?" (Dans mon cas, un pari qui a mal tourné)
Les efforts sont là, on les ressent. Il y a la volonté de faire rire, de raconter une histoire (aussi abracadabrante soit elle), et de peindre un tableau vidéoludique du Marseille actuel.
Mais doux seigneur, comment est-il possible de faire TOUS les pas dans la mauvaise direction ?
Ça en devient la force du film : une démonstration magistrale de tout ce qu'il ne faut pas faire dans un film, de la façon précise de ruiner une intrigue déjà très, très bancale. En peu de mots, et dans la juste lignée de The Room: une masterclass de nullité.
Et au milieu de tout ça, quelques répliques, que dis-je, une montagne, un déluge de débilités si ridicules qu'elles ont provoqué, bien malgré moi, un rire sincère. Quelle bande de playmobils, ces scénaristes.
Ainsi donc, je me dois d'accorder la note maximale à ce film; non pas pour sa qualité, mais au contraire pour tout ce qu'il nous propose de gênant, d'idiot, d'insipide, de terriblement con, bref, en un mot comme en mille: de nul.
Il m'a permis de toucher du doigt les bas-fonds absolus du cinéma, d'établir le zéro suprême sur l'échelle du 7e art, et rien que pour cela l'équipe des déguins 2 a ma gratitude.
Et puis bon, au moins, ils ont essayé. Je voudrais vous y voir, vous. Il faut du courage tout de même.
En conclusion, sans non plus aller jusqu'à vous le conseiller, je peux dire que je ne regrette pas, à ma plus grande surprise, d'avoir vu ce film.