En plus d'être très inégal, le gros défaut de Kinds of Kidness est sa longueur (2 h 44), qui ne donne pas du tout envie de revisionner le film pour tenter d'y comprendre des points de scénario qui nous auraient échappés.
Lánthimos sépare son récit en trois histoires aux thématiques différentes. La première – peut-être la plus accessible –
montre la relation toxique entre un cadre et son supérieur. Robert est prêt à se plier aux désirs les plus extrêmes, car il sait que désobéir à son patron le condamnerait à l'ostracisme. Preuve en est, lorsqu'il refuse un service : sa femme le quitte, les gens l'ignorent, les cadeaux qu'on lui a fait lui sont repris. Le pouvoir de vie ou de mort qu'a le patron sur ses salariés est bien amené, car, à l'instar de ceux qui font pendre la menace du licenciement, Raymond met Robert au ban de la société, et le remplace par une autre personne, Rita, qui, elle, acceptera de franchir la ligne rouge.
La deuxième histoire se penche
sur une autre relation nauséabonde, avec, cette fois, une femme rescapée d'une île déserte qui revient différente, avec un désir charnel accru pour son mari. On sait qu'en cas de survie, la libido est à son plus bas, mais d'après les dires de Liz, ce sont les rapports sexuels qui lui ont le plus manqués, par-dessus la faim, la soif et la solitude. À son retour, sa relation avec Daniel prend des tournures violentes, masochistes. Daniel finit par sombrer dans la démence.
La dernière histoire dévoile aussi
la dépendance d'une personne à un groupe – en l'occurrence, une secte –, et son désir de se purifier du mal qui l'habiterait. Son cas vire au cauchemar lors des retrouvailles avec son mari, qui use de procédés infects pour commettre des atrocités. Et, comble de l'horreur, la secte la rejette d'avoir été "souillée". Culture du viol à lire entre les lignes, bien sûr, couplée au désir d'appartenir à des groupuscules sectaires.
On retrouve bien un point commun à ces trois histoires : des relations à fuir. Mais on peut avoir du mal à assembler toutes les pièces du puzzle géant de Lánthimos. Je ne pense pas avoir compris les thématiques soulevées par l'intrigue
autour des nageuses, par exemple, ni la scène de la cassette vidéo, ni pourquoi Daniel demande à Liz de se couper un doigt pour lui.
Le labyrinthe est trop grand, trop copieux, trop abscons pour ma pauvre petite personne. Mais je reste demandeur de l'originalité du cinéma de Lánthimos !