Après les horreurs de l'Inde rurale et celles de l'Iran, après les charmes du Bhoutan, pourquoi pas la Corse, une ile dont les beautés ne sont plus à vanter, et dont l'intérêt géopolitique est évidemment lié à la présence d'un fort sentiment nationaliste et autonomiste. On a donc très envie de voir ce film qui, par le biais de la vie brève d'une jeune photographe, nous ferait mieux comprendre ce conflit qui déchire l'île.
Hélas, on aurait du se méfier des critiques délirantes d'une partie de la presse "intello". A son image est une interminable daube prétentieuse et confuse, qui tout au plus nous donne envie de lire le roman de Jérôme Ferrari qui l'a inspiré.
On le sait, Thierry de Peretti se passionne pour son île, quasiment son unique sujet. Il s'est attribué le rôle du prêtre de la paroisse, par ailleurs oncle et parrain de l'héroïne, Antonia avec qui existent des liens très forts. A la fin du film, dépassé par les évènements, cet homme profondément pacifiste se lamente: pourquoi se haïssent-ils, Pourquoi se tuent-ils entre eux? Eh, l'ami! C'est justement ce que nous attendions de vous, de mieux nous faire comprendre l'essence du nationalisme corse! On les voit se radicaliser, commettre des attentats, s'attaquer aux résidents non corses, se livrer même entre eux à des exécutions sommaires, et on a juste droit à des discussions entre copains de village et de lycée qui ne plaident pas en faveur de la qualité de leur conscience politique. Il y a beaucoup, trop de personnages secondaires, mais on a oublié de leur apprendre la diction. Ce qui sort de leurs bouches est de la bouillie. Ca n'arrange rien...
L'autre problème est lié à l'inexistence de l'héroïne, Antonia. Celle dont la voiture plonge dans le ravin dès la première séquence (a t-elle choisi le suicide, ou bien a t-elle tout bonnement été éblouie? Peut être est ce clair dans le roman; l'hypothèse du suicide étant étayée par une conversation téléphonique avec sa mère où elle lui annonce qu'elle ne sera pas là le lendemain)
. Antonia est très bien interprétée par la gironde Clara-Maria Laredo (oui, elle est ravissante et dodue, mais la bien-pensance exigera bientôt de ne plus faire tourner que des actrices obèses, afin de ne point les discriminer au profit des sylphides...) Mais qui est-elle? Jeune, elle a été très amoureuse d'un militant violent plusieurs fois incarcéré, Pascal (Louis Starace); elle est maintenant plus ou moins avec Simon (Marc'Antonu Mozziconacci). Elle a des parents moralisateurs lourds, abusifs, limite caricatures! Elle a travaillé comme photographe pour Corse-Matin (nécrologie, fêtes villageoises, tournois de boule et de foot);ça ne convient pas à ses ambitions d'artiste; elle se rend à Vucovar, enfin, une noble cause, elle va devenir photographe de guerre. Elle ne vendra pas une seule photo. Bref on a l'impression d'être face à une gourdasse qui s'imagine un talent qu'elle n'a pas... et qui n'a aucun intérêt réel dans la vie. Velléitaire et stupide, voilà ce qui ressort du propos
Bref, tout est raté: le portrait d'une jeune femme et l'analyse d'un mouvement politique violent. Conclusion: à fuir!