Les mots me manquent après un tel émerveillement de film, qui m'a tourneboulée aux larmes...
L'affiche a tout de suite attiré mon oeil.
J'ignorais cependant qu'aujourd'hui fût sa date de sortie et que j'en sortirais pour ma part aussi subjuguée au point de le classer comme meilleur film de l'année.
"Prodigieuses" est réellement un biopic 2 en 1 qui porte très bien son nom à bien des égards...!
Les interprètes de premier plan (petites comme grandes, un casting époustouflant) y sont magnifiques et admirables, avec pour chacune des traits de personnalité opposés (Jeanne moins extravertie, moins rebelle, plus battante et adaptée que Claire).
Derrière leur évidente et apparente ressemblance, la pression des parents à exceller en piano et ce, à la hauteur de leurs sacrifices passés, l'esprit de discipline au quotidien dans un milieu guindé voire hautain, leurs amours interdites, le handicap familial émergent rapprochent ces soeurs.
Malgré les sourdes comparaisons dont souffre en silence à tour de rôle leur gémellité (l'ombre et la lumière) face à un monde intransigeant, leur lien fusionnel se soude en un amour inconditionnel, une bulle de soutien mutuel qui nous transporte d'émotions à mesure du film, rendant les virtuoses plus fortes, complémentaires, mais surtout plus brillantes que jamais.
Après "La pianiste", "Gloria", "Il Boemio", le film renvoie beaucoup au très bouleversant "Iron Claw", cependant en bien plus positif et moins funeste.
Quant à l'enseignement de Klaus Lenhardt, personnage d'une classe folle à la rigidité intransigeante et au charisme sans nul autre pareil, il rappelle fort celui de la dureté du personnage de Traude Krūger dans "Vier Minuten", quoique beaucoup plus attirant, dans une toute autre dimension.
Sous ses dessous aux allures classiques voire poétiques, le film revêt une dimension très actuelle rafraîchie plus encore par l'idéalisme jusqu'au boutiste et l'humour adaptable à toute épreuve de Franck Dubosc, personnage contrasté cachant ici une profondeur vulnérable, tempéré par la douce conviction et l'élégante simplicité d'Isabelle Carré, toujours aussi touchante et authentique de films en films.
En somme, la famille, la musique, la force du dépassement de soi, la Vérité sont à l'honneur, ce qui procure un bien fou extatique.
Merci au père et au fils Potier pour cet intense moment !