Nicolas Cage revient sur le devant de la scène et pas avec une énième série B regardable sous acide mais dans une production A24, synonyme de qualité pour beaucoup (dont moi). Réalisé par Kristoffer Borgli, déjà derrière l'excellent "Sick of Myself", il est ici question d'un homme lambda, père de famille tranquille et prof en université, qui apparait soudainement dans les rêves des gens. S'il prend très vite goût à cette nouvelle célébrité, le rêve va vite se transformer en cauchemar. Proposition intéressante, sorte de "Griffes de la nuit" version film d'auteur (la comparaison est inévitable) mais on n'est finalement pas si éloigné des thèmes du précédent film du réalisateur. À savoir l'accès soudain à la célébrité et une critique acerbe des réseaux sociaux et de leurs conséquences. Alors bien-sûr, le réalisateur n'est pas un boomer qui condamne TikTok ou Instagram mais dresse juste un portrait glaçant des usages qui peuvent en être fait, tout en étant plus ou moins misanthrope puisque tous les personnages, toutes catégories sociales confondues, en prennent plein la tronche durant toute la durée du film. Et ici, nous avons affaire à un personnage pathétique tout simplement qui fait tantôt de la peine ou qui amène à rire tant le pathétisme est appuyé. C'est un effet un professeur qui essaye tant bien que mal d'accéder à un peu de reconnaissance avec un livre sur les fourmis et qui accès soudainement à cette reconnaissance, ou du moins à la célébrité, mais pas comme prévu. Néanmoins, il va beaucoup en jouer jusqu'à ce que ça se retourne contre lui donc. Le film est donc en quelques sortes en deux parties, le rêve puis le cauchemar, mais cela permet surtout de faire avancer le personnage et surtout de permettre au spectateur de le découvrir sous toutes ses facettes, de gratter cette couche de "simple" père de famille bedonnant. Mais comme expliqué plus haut, les autres personnages en prennent aussi pour leur grade, que ce soit sa famille, présente aux bons moments puis absente aux mauvais mais également aux gens en général qui l'adulent puis qui le détestent, sorte de parabole au cynisme déconcertant à divers phénomènes de mode que l'on peut voir passer sur les réseaux sociaux. Mais malheureusement, le film ne tient pas vraiment sur la durée et n'exploite jamais vraiment, en tout cas visuellement, les rêves, ce qui est bien dommage ! De plus, le film n'est jamais aussi dérangeant et amère que le précédent film du réalisateur qui permettait à ce dernier d'explorer ces thèmes de manière beaucoup plus marquante. "Dream Scenario" n'en reste pas moins un film intéressant avec de très bonnes idées.