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Yves G.
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2,5
Publiée le 23 août 2023
Bermani, la trentaine, se présente à l’entrée d’une casse automobile, perdue au milieu d’une plaine déserte battue par le vent. Elle sort de prison où elle vient de passer dix années pour le meurtre de son mari. Elle cherche son fils dont elle a accouché en prison. Dans les trois jours que durent le film, elle tentera d’obtenir sur lui des informations du gardien de la casse, de son directeur et de son beau-frère, qui fut avant son mariage amoureux d’elle et qui est suspecté de l’avoir aidée à tuer son mari.
Le dispositif de "The Wastetown" emprunte au théâtre. Il se passe dans un lieu unique : une décharge filmée en noir et blanc aux airs de fin du monde. Il réunit à peine une poignée d’acteurs : j’en ai compté sept seulement. Il est scandé en trois actes, en autant de journées qui chacune, s’achève et commence pour l’héroïne par le même rituel dont on comprendra progressivement le sens sans pour autant qu’il nous soit jamais entièrement explicité.
"The Wastetown" a les défauts de ses qualités. C’est un film lent, pesant, qui use et abuse des mêmes dispositifs répétitifs. Si on ne se laisse pas hypnotiser, on risque au bout d’une heure de céder à l’ennui voire au sommeil. Mais ces défauts sont éclipsés par la dernière scène du film. Une scène glaçante et immédiatement culte qu’on n’oubliera pas de sitôt.
Dans cette sortes, et c’est un comble, de huit clos à ciel ouvert nous sommes devant un film qui déconstruit sans cesses ce qu’il entreprend.
Du fait du placement de la caméra, constamment en retrait, et un manque cruel de détails, on ne peut avoir qu’un regard contemplatif du film et de l’enjeu qui nous est présenté. Un regard extérieur, trop loin presque pour seulement entrevoir un semblant de d’implication.
La beauté du noir et blanc ne résout en rien une lenteur et une distance fatigantes.
L’intrigue est au final gâchée par une mise en scène soporifique qui, à aucun moment ne nous mets dans les conditions tragiques que le film nous tend depuis le début.
Même la scène finale semble ratée et il est dur de trouver une émotion, dans une scène pourtant remarquablement tragique.
De nos jours, quels ingrédients sont indispensables pour faire un film qui soit passionnant à regarder, un film pour lequel le qualificatif de chef-d’œuvre n’apparaisse pas comme étant totalement usurpé ? Une histoire compliquée et pleine de rebondissements ? L’histoire racontée dans The wastetown est très simple et il y a relativement peu de rebondissements mais, plutôt, très régulièrement, alors que se déroule le moment présent de l’histoire, la mise à disposition des spectateurs de nouveaux éléments sur le passé de l’histoire. Un format « grande largeur » et de très belles couleurs ? Le format utilisé dans The wastetown est ce qu’on appelle communément le format carré, en fait 1.37 : 1, et le film est en Noir et Blanc. Une mise en scène virtuose donnant à voir les déambulations d’un grand nombre de personnages, qu’ils soient comédiens ou figurants, et faisant appel, pourquoi pas, à d’amples mouvements de grues et/ou à des effets spéciaux ? Le film est une succession de longs plans séquence dans lesquels la caméra embrasse avec douceur un total de 7 personnages et leur environnement, en tournant en rond le plus souvent : rien de spectaculaire mais une forme d’hypnotisation qui gagne petit à petit le spectateur. En résumé, The wastetown ne coche vraiment aucune des cases qui, en général, concourent à faire d’un film un chef-d’œuvre ! Et pourtant, The wastetown, sans aucune exagération, a droit à l’appellation de chef-d’œuvre. Voir critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-the-wastetown/
Les films les plus simples sont les plus beaux.....le noir et blanc est magnifique, c'est un huit clos dans une casse automobile....Les personnages se comptent sur les doigts d'une main...Et quelle musique au sens propre comme au sens de la langue iranienne......je n'ai pas cherché de métaphore, les faits juste les faits.....C'est un thriller, à la fin on sait où passent les cadavres....Courez y, ça ne peut pas vous arriver.....
"L’Iran n’est plus que le miroir d’une casse automobile, où des individus déambulent dans l’espoir d’exister dans un avenir proche et incertain. Telle est la démonstration de The Wastetown, avec une mère revancharde comme fil rouge, et qui sonne l’état d’urgence dans lequel le pays régresse. Une tragédie satirique et un thriller haletant !"
"Bermani attend qu’une porte s’ouvre. Son objectif est confus, mais on comprend rapidement sa détermination de fer. Dix années de prison l’ont métamorphosée. Elle reste naturellement séduisante, mais elle est devenue une femme fatale qui ne laissera aucun homme l’approcher de nouveau. Basan Kosari (La Permission, Marché Noir) lui prête ses traits, en restant ferme dans les conversations et subtile dans sa manière de détourner leurs attentes. Le personnage évolue dans une ville silencieuse, qui s’apparenterait presque à un milieu urbain, soudainement transformé en no man’s land. On ne circule plus dans les voitures, mais bien entre leurs différentes carcasses. Cela ne la freinera pas dans sa quête pour autant, car Bermani fera tout ce qui est nécessaire pour retrouver son enfant."
"Il ne s’agit pas d’un road-movie à l’esprit feel good, où la réunion d’une mère et son enfant illuminerait le climax. Le ton de l’œuvre parle de lui-même, en brossant le portrait d’une nation avec une élégance rare, permettant ainsi au cinéaste de se focaliser sur la tension mise en place par son dispositif. Peu de protagonistes, de dialogues, de décors, une musique obsédante, il n’en faut pas plus. Juste un peu de patience et d’imagination et le récit délivre sa toute-puissance, dans les moments où l’on prend à peine le temps d’inspirer. En somme, The Wastetown fait simplement un état des lieux disgracieux de la société iranienne, à travers le spectre d’une cité urbaine, où dérive une femme prête à tout pour se défaire de ses chaînes, prête à tout pour ne pas devenir l’objet d’une mort programmée par son environnement. La perspective est foudroyante jusqu’au tout dernier plan."
Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.
Film très austère tant par sa mise en scène (format image, noir et blanc) que par son histoire (désespoir de cette mère). Les bruits et la musique intensifient cette oeuvre lugubre. Un nouveau coté du cinéma iranien à découvrir !
Réalisé dans un magnifique N & B , avec des dialogues parcimonieux et de très bon plans fixes c'est là un excellent film d'une grande Noirceur et rempli de symboliques bien qu'à la fin on sache où passent les cadavres ...
Un film pour les amateurs de plan fixe et de minimalisme voire d austérité. Sinon on s'offre autant dans la salle que les personnages à l'écran. difficile de noter car les amateurs du genre vont adorer alors qu on peut très vite trouver le temps très long. Et cette musique oppressante. La fin choque par sa fausse froideur. Bref un vrai propos mais une forme peu abordable. Les étoiles sont peu probantes du coup.
Un grand film à la noirceur sans partage. L'esthétique peut faire penser au néo-réalisme italien des années 1950-1960, mais la légèreté italienne est absente. Ici c'est une tragédie grecque dans sa version iranienne. Un film d'une gravité et d'une esthétique que l'on ne rencontre plus guère que dans le cinéma oriental. Remarquable.
Bemani cherche à entrer dans une casse automobile, ceinte de barbelés. elle a été emprisonnée dix ans pour le meurtre de son époux. En prison, elle a donné naissance à un fils. Ce film iranien m’a laissé assise dans mon siège tant la puissance visuelle et sonore prennent une place centrale dans l’intrigue. Un film qu’on pourra dire élégiaque, où la mélancolie des hommes est constamment prégnante. Nous n’en verrons que six d’hommes qui croiseront la route de cette mère en souffrance, trois quitteront l’enceinte de cette casse à ciel ouvert battue par les vents. Dans ce lieux, on broie les voitures comme ces hommes ont pu l’être par les leurs, exclus de l’extérieur, là où la vie se déroule. Ils sont contraints d’y survivre au milieu du cimetière de voitures, de celles dont les autres ne veulent plus, à l’abri de leurs carcasses. Ebi est le beau-frère de Bemani. Entre eux, la force et le poids du secret créaient une barrière infranchissable. La place manque pour une seconde chance, tant l’absence du fils occupe en elle tout l’espace, guide ses moindres gestes et compromissions. L’espoir de le retrouver est le fil qui la retient à l’existence. Le film fait de plans séquences les uns à la suite des autres, cultive les ellipses du récit. Le noir et blanc permet en soustrayant les détails qu’apporterait la couleur de se concentrer sur l’essentiel et de le rendre très expressif. Le travail du cinéaste d’une rigueur implacable est en harmonie avec son scénario. Le propos vient se fondre dans la réalisation de ce film austère, d’une radicalité qui fait mal à voir. Le pouvoir d’abstraction de la vie est extrême. Le film prend toute sa dimension dans ce qu’il nous laisse après la projection. Tel un vieux vin, il a besoin de décanter pour donner le meilleur de lui-même. The Wastetown (Iran -1h38) de Ahmad Barhami avec Baran Kosari, Ali Bagheri, Babak Karimi, Behzad Dorani