Tremblez, tueurs, Mia Goth chausse du 41. MaXXXine, c'est littéralement une victime qui lève son talon haut de femme sur-sexualisée, et écrase de tout son poids l'entrejambe masculine du cinéma d'horreur (et du X). Pas un seul plan poitrine gratos, mais à la place, un gros plan "paf la pastèque" d'un tueur au couteau "stéréotype" : et ça fait un bien fou. Tout en mettant l'Amérique face aux procès d'intention des œuvres "hors bonnes mœurs" des années 80 (traductible par : "Hérétiques, au bûcher !"), tout en redonnant ses lettres de noblesses à l'industrie du X (souvent méconnue / jugée / conspuée), et en laissant son actrice-fétiche s'éclater encore une fois devant sa caméra, Ti West rempile pour conclure sa trilogie déjà culte pour tout amateur de films d'épouvante (X / Pearl / MaXXXine). On embarque donc dans un thriller gorgé d'amour pour le cinéma classique (Psychose, Christine, Le Crocodile de la mort...), davantage tourné vers l'enquête que vers l'horreur (et c'est loin d'être désagréable : on se croit dans un bon vieux giallo, la misogynie en moins), dans lequel on cherche un tueur mystérieux qui ne s'en prend qu'aux vedettes du X, et qui essaie de
faire chanter Maxine avec les cassettes tournées pendant le séjour à la ferme (X)...
On ne dira rien, mais le final nous a bien plu. Le casting est (positivement) démesuré par rapport à ce que le film pouvait espérer (Kevin Bacon en ripoux, Giancarlo Esposito en manager prêt à tout pour protéger sa pouliche, Michelle Monaghan et Bobby Cannavale qu'on aime vraiment d'amour, Lily Collins et Elizabeth Debicki - respectivement Emily in Paris et Diana dans la série The Crown...), et on sent que tout ce petit monde s'éclate à participer à ce film hommage-critique (avec une pertinence rare) au cinéma d'horreur sexualisé. Inutile de dire que l'ouverture sur du ZZ Top nous a fait secouer les jambes, qu'on adore le casting, que toutes les réf' cinéphiles nous régalent sans jamais prendre le pas sur l'intrigue, les scènes d'action sont toujours bienvenues dans ce slow-burn ("les films où il ne se passe quasiment rien pendant 1h30 jusqu'à ce que tout explose à la fin", ce qui fait qu'on a du mal avec 90% de la filmo de Ti West, le spécialiste du slow-burn horrifique). MaXXXine est justement le mieux rythmé de ses films, on ne s'ennuie pas même si le gore est rare (c'est plus un thriller), même si l'on remarque que le bonhomme (et Mia Goth) mettent le paquet à la fin (qui nous a encore fait plaisir,
après une petite frayeur sur une fausse-fin archi-nulle...
Qu'il est malin, ce Ti West !). En inversant la vapeur dans la misogynie de deux genres cinématographiques (le X et l'horreur, et parfois les deux mêlés), pour en faire un "constat-hommage-brûlot" ultra intelligent et copieux, pour laisser Mia Goth irradier plus fort que les projecteurs, pour nous embarquer dans une chouette enquête avec un casting inespéré, MaXXXine est certainement notre préféré de la trilogie.