"Priscilla" était un projet que j'attendais au tournant. Voulant proposer une version différente de l'image habituelle d'Elvis Presley, Sofia Coppola vient nous proposer une œuvre davantage tournée du point de vue de Priscilla Presley. Un point de départ que je trouve très intéressant, car il peut forcément apporter des choses nouvelles à un mythe que l'on connaît déjà beaucoup. Mais c'est une méthode qui va certainement en énerver plus d'un, étant donné que les récits de cette dernière n'ont jamais été tendres et que leur histoire avait pas mal d'ombres au tableau. Une idée qui pourra certainement déplaire à beaucoup de fans d'Elvis, mais qui n'est pas critiquable pour autant. Déjà, car cela reste du cinéma, et l'important est surtout ce que l'on fait d'une idée, et non sa base en elle-même. Mais aussi, car ce scénario s'inspire véritablement des récits de Priscilla Presley, et il est donc difficile de les nier. Certes, on pourra toujours l'accuser de mensonge, n'empêche que cela ne relève pas du film, mais d'elle-même. Le long-métrage est donc sourcé, et il est difficile de l'attaquer là-dessus. Cependant, il sera beaucoup plus facile pour moi de l'attaquer sur d'autres éléments, étant donné que j'ai été un poil déçu par sa proposition. Pourtant, sur le commencement, tout semblait bien partir. Le début du film est assez intéressant et on sent une véritable proximité avec le personnage de Priscilla. Cailee Spaeny l'interprète à merveille et on s'attache assez rapidement à cette jeune fille perdue dans un monde trop grand pour elle. Ce ressenti sera très souvent mis en valeur au sein de l'œuvre par le travail de la réalisatrice, avec de nombreux moments de solitude face à tout cela. La réalisatrice s'amusera à jouer sur ses nombreux plans de Priscilla pensive, seule ou tournant en rond. Les sentiments de la jeune femme sont très bien mis en valeur et on comprend assez rapidement ce qui essaye d'être transmis. Sa relation avec Elvis sera assez intéressante par ailleurs, Jacob Elordi le jouant très bien et ayant une forte ressemblance avec la véritable personne. Leur histoire sera prenante au début, où la découverte laissera rapidement place à des doutes placés subtilement à droite et à gauche par la réalisatrice. Mais là où je vais avoir un gros souci avec ce film, ce sera sur son utilité et sur ce qu'il cherche réellement à nous dire. Déjà, j'ai eu du mal à vraiment ressentir une montée d'intensité dans le couple, à cause d'un montage assez brusque par moments. Si les scènes en elles-mêmes proposent bien des surprises et surprennent par rapport à celles du début, l'enchaînement pose problème dans sa narration. Et cela se ressent surtout au milieu du film, où on commence sincèrement à se demander ce que l'œuvre veut véritablement nous raconter. C'est bien beau de vouloir enchaîner la joie et la désillusion, mais qu'est-ce que cela raconte ? J'avais espoir de trouver une véritable réponse lors de la fin, mais celle-ci ne viendra jamais vraiment. La conclusion est assez ratée pour moi, car elle ne va clairement pas assez loin. Le film se termine de manière un peu brusque, sans avoir exploré tout ce qui était possible. Quand on connaît l'histoire entre ces deux-là, on se rend vite compte que beaucoup de choses ont été laisser de côté, et c'est bien dommage. Je comprends l'idée de base, de vouloir montrer l'influence d'Elvis sur Priscilla et les scènes qui en jouent fonctionnent bien. Mais j'ai vraiment du mal à voir le fond, ce qui vient après. Je veux bien croire que lors de son dernier acte, la réalisatrice a voulu montrer l'émancipation de Priscilla, avec une vision de notre temps sur ces évènements de l'époque. Mais comme je l'ai précisé, étant donné que les scènes sont assez mal montées et que beaucoup d'éléments semblent manquer, je trouve que le message passe mal. Au final, on a eu la sensation de cette emprise, mais peut-être pas suffisamment. Et on a eu l'envie de liberté de Priscilla, mais peut-être pas suffisamment. Cette retenue vient certainement d'une envie de ne pas dénaturer l'image d'Elvis, et cela fonctionne bien, il n'est pas montré comme quelqu'un de foncièrement mauvais à tous les étages. Mais j'aurais peut-être aimé que le film n'ait pas peur de cela finalement, qu'il ose complètement briser cette image. Cela aurait encore davantage scandalisé les fans de la star, mais si cette approche avait aidé le film a mieux nous faire ressentir son idée, cela ne m'aurait pas déplu. Par conséquent, si le film avait une base de départ intéressante et audacieuse, il n'en fait pas suffisamment. Le long-métrage est rempli de très bonnes scènes et il reste très bien réalisé, mais il lui manque un peu de fond pour être vraiment fort. Pour conclure, un peu déçu.