Je n'ai pas vu "Elvis" de Baz Luhrmann, tout simplement car le projet ne m'attirait pas trop et puis, je me fous pas mal de la vie d'Elvis Presley. Alors autant dire que la vie de son ex-femme, Priscilla Presley, m'attirait encore moins. Mais je ne sais pas, c'est un nouveau projet de Sofia Coppola dont j'apprécie beaucoup le travail autant que je le trouve quelques fois bancal. Et puis bon, c'est un "portrait de femme" et autant si je déteste cette expression (qui désigne, pour certains, à peu près tout les films dont le personnage principal est une femme), j'apprécie beaucoup ce "genre" de film. Bref, nous suivons donc ici la vie de Priscilla Presley, anciennement Beaulieu, mais pas dans son entièreté, c'est-à-dire que le film s'ouvre sur sa rencontre avec Elvis et se termine sur la séparation des deux individus. Bon déjà, le film est adapté du bouquin "Elvis and Me" qui ne va donc, a priori, pas plus loin que la relation Elvis/Priscilla, mais ça dit aussi quelque-chose de très important pour le film et sur le personnage. Effectivement, dans le film, Priscilla est dépeinte comme étant la poupée d'Elvis et littéralement puisqu'il la choisit, la coiffe, l'habille et s'en sert surtout d'image médiatique quand il ne faut pas la cacher. À ce moment de sa vie, Priscilla n'est donc plus Priscilla, elle n'est plus un seul individu mais dépend complètement d'Elvis et si ce dernier peut parfois se montrer violent, elle souffre surtout de la solitude mais également de l'attente. Et ça, c'est quelque-chose que Sofia Coppola aime bien.L'attente et la solitude, c'est en effet des thématiques que l'on retrouve dans la plupart de ses films ; les personnages de "Lost in Translation" sont isolés sur eux-mêmes dans un monde culturel qu'ils ne comprennent pas, les adolescentes de "Virgin Suicide" aspirent à une vie plus animée, le personnage principal de "Somewhere" s'isole malgré sa célébrité, les adolescents de "The Bling Ring" sont toujours en attente de célébrité et Priscilla, à l'instar de Marie-Antoinette, est en attente constante de reconnaissance et notamment de la part de son mari. La comparaison avec "Marie-Antoinette" n'est d'ailleurs pas intéressante puisque les deux films mettent en scène des jeunes femmes encore adolescentes soudainement projetées dans un univers qu'elles ne connaissent pas et où elles doivent faire bonne figure, elles sont adulées des uns autant que détestées des autres et puis, surtout, elles sont, encore une fois, délaissées par leur mari. Alors certains diront que le film n'est pas vraiment passionnant car il ne se passe finalement pas grand-chose et ce n'est pas faux puisque, à l'instar du personnage principal, le spectateur passe en quelques-sortes son temps à attendre. Mais raconter "du vide", c'est aussi la marque de fabrique de Coppola et c'est loin d'être intéressant car c'est un vide qui raconte justement quelque-chose. D'ailleurs, en parlant de marque de fabrique de Coppola, on repère sa patte visuelle dès la scène d'introduction avec ces gros plans sur des pieds aux ongles vernis puis sur un œil qui s'ouvre puis sur une pose de faux-cils etc. D'emblée, Coppola nous dit que tout va se jouer dans le détail, qu'il faut peut-être regarder de plus près pour y déceler le mal-être de Priscilla derrière ce "vide". Du côté des acteurs, nous avons principalement Cailee Spaeny et Jacob Elordi qui jouent très bien. "Priscilla" est donc un film qui raconte beaucoup plus de choses qu'il n'y parait, tout en étant esthétiquement très beau.