C'est avec Les Démons de la liberté que le cinéaste Jules Dassin (le père du chanteur Joe Dassin) se révèle véritablement en tant que metteur en scène. Le film, qui suit une série de comédies restées assez confidentielles, marque le premier volet d'une trilogie dédiée au film noir que complèteront La Cité sans voile (1948) et Les Forbans de la nuit (1950).
Le succès des Démons de la liberté est à mettre en parallèle avec l'influence de son producteur Mark Hellinger. On retrouve ainsi les éclairages clairs-obscurs, les décors très construits, la violence de certaines séquences et le caractère percutant des répliques qui étaient les marques de fabrique de son précédent film, Les Tueurs. Mieux, Les Démons de la liberté voit la réapparition de quelques-uns de ses principaux interprètes, dont Burt Lancaster, Sam Levene et Jeff Corey.
Jules Dassin souhaitait, à l'origine, faire du gardien de prison Munsey, incarné par Hume Cronyn, une figure ambiguë, le montrer comme explicitement homosexuel. Las, la censure empêcha le cinéaste de brosser ce tableau, même si l'équivoque subsiste néanmoins. Dans un entretien accordé à ses confrères Claude Chabrol et François Truffaut, Jules Dassin se souvient avec une certaine amertume d'une scène précise qu'il n'avait pu garder au montage : "Il y avait une scène, lorsqu'il corrige terriblement un prisonnier, que j'ai tournée comme une scène d'amour étrange, terrible, érotique. Ils ont coupé l'essentiel."