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    Taxi Driver
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    Roub E.
    Roub E.

    952 abonnés 4 994 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 19 mai 2014
    Descente aux enfers urbaine, film sur la solitude et le sentiment d inutilité qu elle entraîne, Film sur le rejet également. Taxi Driver est un film fascinant dans tous les sens du terme. Superbement mis en scène par Scorsese ( la scène finale est devenue tellement mythique) et sublimé par la prestation incroyable de vérité d un De Niro, un rôle qui a inspiré énormément d acteurs.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    238 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 février 2009
    Les guerres nationales sont pour le cinéma américain une source inépuisable d’inspiration. Avec «Taxi Driver» (USA, 1976), Martin Scorsese pénètre les émotions troubles et déphasées d’un ancien soldat de la guerre du Viêt-nam. Travis Bickle, noctambule insomniaque, conduit un taxi toutes les nuits et fantasme sur une ville pure, délavée de ses péchés et de ses pêcheurs. La puissance biblique qui agit le film, où New York occupe le rôle de Sodome, renvoie la violence de certaines séquences à une imagerie religieuse. Cette adolescente prostituée qui se lie d’amitié avec Travis concentre tous les désirs de l’ancien soldat et en ablue les maux. Sa candeur et son indolence permettent à Travis d’y projeter sa colère et sa haine née des affres de la guerre. Accueillant, tel Marie-Madeleine pour le Christ, les malaises de Travis, Iris (la jeune Jodie Foster) devient la sauveuse de celui qui aspire à «laver» la ville de sa lie. «Taxi Driver», au-delà de son apparence esthétique magnifiée par la somptueuse dernière composition de Bernard Hermann et par les effets photographiques accomplis par Michael Chapman, est une relecture du Nouveau Testament à travers le prisme de la guerre du Viêt-nam. Le modernisme de Scorsese, comme celui de tout le Nouvel Hollywood, repose sur la mise en correspondance au sein d’un même film de deux ordres de réalité. Que ce soit entre la tragédie et le crime (pour Coppola et Cimino), la grande peinture et le prosaïsme (pour Schatzberg), les opéras et l’art populaire (pour DePalma), le Nouvel Hollywood abolit les ordres de valeur pour non seulement inviter les néophytes à faire l’expérience, pour le meilleur, du sublime mais aussi pour édifier une nouvelle cinéphilie, décomplexée des systèmes de valeur. «Taxi Driver », en plus d’être l’un des plus grands films de son auteur, porte l’idée propre aux grands instants cinématographiques qu’un nouveau cinéma doit se nourrir de ses traditions et de son présent le plus immédiat.
    heathledgerdu62
    heathledgerdu62

    149 abonnés 1 613 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 août 2013
    Le chef d'oeuvre de Martin Scorsese avec le légendaire Robert De Niro en chauffeur de taxi traumatisé par la guerre du Vietnam , le légendaire Harvey Keitel , la sublime Jodie Foster , Joe Spinell de "Maniac" et la superbe Cybill Shepherd !!!
    MaCultureGeek
    MaCultureGeek

    1 081 abonnés 1 224 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 octobre 2019
    J'ai vu Taxi Driver avec l'envie de le critiquer; comment se pouvait-il qu'un film fasse à ce point l'unanimité, et qu'on me l'ait conseillé pendant plus de dix ans? Comment aurai-je pu ne jamais avoir eu la fois de le voir? C'était, à n'en pas douter, du au simple fait que je ne supporte pas que l'on me rabâche mon inculture de n'avoir pas vu tel film ou tel film. Parti pour le critiquer, j'ai très vite déchanté.

    Dès ses cinq premières minutes, le choc fut inattendu : au premier dialogue en fait, tandis que De Niro conduit pour la première fois ce taxi mythique, et qu'il déclame avec désillusion toute sa haine du monde civile moderne. Lui, le vétéran du Vietnam qui n'exista qu'à la guerre (on le devine plus qu'il ne le dit) et se retrouve seul au retour du combat, pas même estimé par ses collègues chauffeurs de taxi.

    Dès l'affichage de son titre, aussi; magnifique fluidité de ce taxi qui dévoile le titre à mesure qu'il avance lentement, bloqué dans le temps qui passe sur cette musique lancinante et mélancolique. On comprend alors qu'on suit un grand film, surement le chef-d'oeuvre de son réalisateur; pour n'avoir plus à voir que son Casino, Taxi Driver incarne le sommet de la carrière de Scorcese, surpassant les excellents Ragging Bull, Shutter Island et Loup de Wall Street.

    C'est avant tout par l'intelligence de son propos qu'il sublime l'expérience du spectateur : porté sur l'expérience paranoïaque d'un homme seul (qui inspira la surprise de l'année 2019, Joker), il se concentre sur cet électron libre destiné à entrer en collision avec une société à la dérive montrée comme jamais jusque là par la caméra virtuose de son réalisateur, artiste capturant avec une précision et un réalisme uniques, qu'aucun ne sera parvenu à retrouver jusqu'aux Cimino (L'Année du Dragon) et Phillipps (une nouvelle fois, Joker), qui livrèrent à leur tour leur vision décadente d'une Amérique déchue.

    Il n'y a plus de rêves dans ces films, plus aucune manière de s'élever autrement de la condition désastreuse de ces rues malfamées que le recours à l'ultraviolence, à la justice personnelle, au rejet de l'étranger directement tenu comme responsable des travers du monde moderne. Taxi Driver incarne de fait le renouveau des thématiques du cinéma des années 70, porté par l'un des pères fondateurs de ce Nouvel Hollywood révolutionnaire, qui vit l'explosion, avec ce deuxième scénario incroyable, de la carrière de Paul Schrader.

    On passe donc d'une société cinématographique américaine impeccable, propre sur elle et modèle de beauté à tout un monde occidental à cet ovni sans concession, où le seul mode de vie restant du Nouveau Monde est celui du punk, du paria, du marginal rejeté par les membres tendances de la société, les gens normaux à la vie aussi jolie que leur bouille d'ange est tentatrice d'amour, qui sera rétrospectivement le seul à avoir levé le petit doigt pour aider une gamine de 12 ans et demi à dégager de sa vie désastreuse de prostituée camée.

    New York n'est plus ce qu'elle était; du moins, elle est peut-être enfin montrée, d'un côté, comme elle a toujours été : sale, cosmopolite et pauvre, à la limite de l'infâme et clairement insécure. De ses sex-shops montrés en premier plan à ses séances lumineuses de films porno, il semble nécessaire d'être vicieux, de vivre suivant des moeurs décalés pour se retrouver dans ce New York nocturne, pour s'y sentir au moins chez soi.

    Seulement, le malheur y est si répandu qu'il ne suffit plus d'être marginal pour accepter le quotidien de ses habitants : il faut extrémiser ses positions politiques, partir sur le terrain de la discrimination ethnique pour trouver un ennemi, une figure à combattre. Cela, Scorcese et Schrader le dévoilent en trois temps : au travers des afro-américains que Bickle dévisage, dégoûté dans un premier temps, puis par l'intervention dans l'intrigue d'un candidat à la présidentielle hypocrite lorsqu'il s'agit d'avancer qu'il aime côtoyer le peuple.

    Il insultera les premiers dans son taxi pendant la première partie du film, et se détournera de ce nouvel objectif dès la déclaration, dans l'intrigue, de la déception amoureuse qui change tout : s'il représente cet état qui abandonna les soldats américains au retour du Vietnam (il faut voir à ce sujet l'émouvant Né un 04 juillet avec Tom Cruise), Leonard Harris, député Palantine, entrave la vie sociale de Travis Bickle et incarne, jusqu'à la rencontre avec le mal véritable du film, les déceptions amoureuses de De Niro, qui trouva là le rôle de sa vie (juste devant sa reprise de Marlon Brando dans Le Parrain : 2e partie).

    Ce troisième ennemi, incarnation selon Bickle du vice qui gangrène sa société, est tenu par un irréprochable et méconnaissable Harvey Keitel, qui croisa déjà le destin de De Niro dans un Scorcese avec le décevant Mean Streets, dans lequel il tenait le rôle principal et son compère le secondaire. Geôlier de l'impeccable Jodie Foster, il campe son rôle de salaud avec son talent habituel, brillant en seulement deux scènes sur un film de presque deux heures.

    Il a la principale qualité d'amener dans l'intrigue la véritable histoire d'amour que connu le fascinant Travis Bickle, impressionnant dans ce magnifique plan séquence durant lequel il fait légèrement basculer sa télévision jusqu'à la retrouver par terre, explosée, signe qu'il abandonne complètement cette société du superficiel pas même bonne à faire autre chose que s'écraser violemment sur un sol crasseux, dans une indifférence générale contraire à la destinée célèbre de son personnage.

    Cette histoire d'amour, loin de concerner cette dame distinguée de Betsy (ambiguë Cybill Shepherd), concerne la gamine Foster qui se place dans l'intrigue comme en miroir de la seule chose qui reste à la société moderne, l'innocence de l'enfance. Cette enfance de Bickle dont on ne connaît absolument rien semble si désastreuse qu'il n'aura de rédemption possible qu'en permettant l'éclosion de celle de cette fille qui inspira très clairement Portman pour son rôle dans le spectaculaire Léon.

    Magnifique relation qui se termine dans une apothéose de sang, point culminant des thématiques sociales d'un chef-d'oeuvre du septième art à la portée dramatique inconcevable, elle-même portée par une esthétique poisseuse et des plans iconiques dont on se souvient à vie (le dernier plan sur Bickle, posé sur le canapé, les doigts contre la tempe fait partie des plus iconiques et profonds de l'Histoire du cinéma).

    Taxi Driver, un film torturé sur la remise en question d'une société toute entière qui, à l'époque, se rendit compte de ses moeurs décadentes et du mal qui commençait à souiller ses rues. Une oeuvre traumatique intemporelle qui résonne encore sur la situation actuelle du monde occidental, entre rejet des autres et ultraviolence héroïsée, entre hypocrisie de politiques opportunistes et construction de notre humanité sur notre célébrité sociale.

    Le chef-d'oeuvre de Scorcese, un film politiquement très juste qui pousse à réflexion. A ces dix années de conseils, je lance un grand merci.
    moket
    moket

    526 abonnés 4 331 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 2 février 2020
    Un film envoutant, difficile à décrire. Le réalisateur prend le temps de filmer sa ville sous toutes les coutures, si bien qu'elle devient le film ou au moins un personnage à part entière. Mais plus que la réalisation envoutante, c'est l'époustouflante interprétation de De Niro qui rend ce film unique. Il est parfait dans le rôle de cet homme au bord de la déprime cherchant un sens à sa vie, et qui le trouve en rendant sa ville plus "propre". Scorsese, lui, prend son temps, instaure un faux rythme et pourtant on ne s'ennuie pas : on est comme bercé par la musique et par les images qui semblent flotter devant nos yeux. Puis le personnage entame une lente descente aux enfers et semble sombrer dans la folie, ce que viennent confirmer dix minutes d'intense violence qui semblent être rédemptrices. Après cela, Travis Bickle peut reprendre le cours de sa vie de chauffeur de taxi avec le sentiment du devoir accompli. A ne pas rater, simplement pour le culte "are you talkin' to me ?".
    Ricco92
    Ricco92

    224 abonnés 2 150 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 16 octobre 2020
    Dans les années 70, New York était ce que l’on appelle communément un "coupe-gorge". Elle était donc la ville parfaite pour illustrer la descente aux enfers d’un dépressif nommé Travis Bickle. Ce personnage se nourrit effectivement des aspects les plus dégradés de la société afin de pousser sa haine des racailles et de la crasse jusqu’à l’écœurement spoiler: (qui entraînera l’hécatombe finale)
    . Vétéran du Vietnam en décalage total avec les règles sociales spoiler: (il emmène la femme qu’il souhaite séduire dans un cinéma pornographique dès le deuxième rendez-vous !)
    , Bickle n’en possède pas moins une certaine forme de morale spoiler: (il refuse de coucher avec Iris, une prostituée de 12 ans) l’amenant vers la mission qu’il décide d’accomplir à la fin (encore que l’aspect "moral" de celle-ci s’effectue après l’échec de sa tentative de meurtre d’un homme politique dont le tort semble surtout d’être soutenu par la femme qui l’a rejeté). La décadence de la société est d’ailleurs arrivée à un tel point que son expédition punitive ne sera pas punie par la loi et fera même du personnage une espèce de héros (sauf si les dernières minutes ne seraient que le fantasme de cet homme agonisant dans l’hôtel de passe miteux)
    .
    Ce scénario très sombre de Paul Schrader atteint le statut de chef-d’œuvre grâce à l’équipe extraordinaire qu’il regroupa. En effet, on retrouve au casting rien moins que Cybill Shepherd, Peter Boyle, Harvey Keitel, Jodie Foster, âgée de 12 ans à l’époque du tournage et surtout un Robert De Niro (tout juste auréolé de son Oscar du meilleur second rôle pour Le Parrain : 2ème partie) qui rencontre ici un de ses rôles les plus marquants spoiler: (qui ne se rappelle pas de la séquence du miroir et de son célèbre "You talkin’ to me ?")
    .
    Le tout est mis en scène de main de maître par un Martin Scorsese spoiler: (jouant d’ailleurs le rôle d’un homme cocu voulant tuer sa femme)
    qui atteint dès lors le statut de cinéaste incontournable. Sa mise en scène est incroyable et arrive à mêler le cinéma hollywoodien classique, la violence des années 70 et les audaces de réalisation trouvant sa source en Europe spoiler: (la même scène du miroir montée à base jump cuts ; le célèbre plan zénithal clôturant le massacre final…)
    .
    Le réalisateur n’a, en outre, aucunement négligé la bande son de son film avec son travail sur la voix-off (illustrant les pensées et les écrits parfois mensongers de Travis) et surtout grâce au choix du compositeur. Taxi driver constitue, en effet, l’ultime travail du gigantesque Bernard Herrmann qui décédera le soir même du dernier jour d’enregistrement ! Le musicien célèbre pour ses collaborations avec des génies tels qu’Orson Welles et surtout Alfred Hitchcock livre un ultime chef-d’œuvre explorant des territoires peu explorés auparavant dans son œuvre puisque ses habituels ambiances sombres sont mélangées avec du jazz. Comme quoi lorsqu’un génie touche un domaine éloigné de lui, le résultat peut être une œuvre mythique.
    Chef-d’œuvre incontestable, Taxi driver est un film dont la force demeure intacte plus de 40 ans après sa sortie et qui rencontra avec raison un succès tant public que critique (malgré son manque de couronnement aux Oscars) en remportant une Palme d’or totalement méritée au Festival de Cannes 1976. Un classique incontournable.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 361 abonnés 4 180 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 mars 2021
    Palme d’Or au Festival de Cannes en 1976, “Taxi Driver” place Robert De Niro dans la peau d’un chauffeur de taxi psychopathe et violent. Ce vétéran du guerre du Viêtnam conduit la nuit pour échapper à ses insomnies et au dégoût que lui inspire la vie autour de lui. Fréquentant les salles de cinéma porno et avalant des pilules à longueurs de temps, le solitaire s’entraîne à tirer et se met en tête de sauver une prostituée mineure qu’il croise régulièrement. Le scénario de Paul Schrader est brillamment mis en scène par Martin Scorsese qui instaure un climat progressif à la tension malsaine de l’intrigue. De Niro insuffle à son personnage tout le mystère et le désespoir nécessaire à le rendre attachant au point d’offrir le célèbre monologue historique “You talking to me ?”. Jodie Foster, encore jeune, lui donne la réplique avec force et pudeur . Pessimiste, “Taxi Driver” est un petit film, désormais culte.
    D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
    Xyrons
    Xyrons

    677 abonnés 3 360 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 avril 2009
    Encore un excellent film de Martin Scorsese. Magnifique distribution, Robert De Niro, Jodie Foster, Harvey Keitel. Comme à son habitude Martin Scorsese a fait une mise en scène impeccable. L’intrigue de ce drame est excellente ainsi que les dialogues et l’histoire est très belle. Les acteurs interprètent tous parfaitement bien leurs personnages et la musique convient parfaitement au film. Bref c’est un film qui je pense est incontournable et qui vaut le coup d’être vu. 15 / 20.
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    396 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 octobre 2015
    Mon expérience avec Taxi Driver a commencée dans une salle de cinéma de quartier il y a 15 ans, tout jeune lycéen ouvert à l'œuvre des Kubrick, Tarantino, von Trier et autres P.T. Anderson, j’étais encore loin de m’imaginer à ce moment là que j’allais m’attaquer à un mythe, un réalisateur qui allait me marquer à tout jamais, Martin Scorsese. À peine la vieille bobine commençait à dérouler ses doux crépitements que me voilà engagé sur les routes enfumées d’un New York crépusculaire couvert par le saxophone de Bernard Herrmann, c’est le genre d’instant où l’on sait déjà qu’il va inévitablement se passer quelque chose de grand …

    De retour aujourd’hui dans le taxi de Travis Bickle, avec un plaisir resté intact, cette introduction fonctionne toujours aussi bien, sans doute une des plus mémorables qu’il m’a été donné de voir, en quelques secondes le décor est planté en terme d’ambiance, littéralement plongé dans la cité de Marty, en ce qu’elle a de plus sombre, fantasmée et viscérale. Les néons et filtres de couleurs dansent sous nos yeux et la bande son joue déjà des dissonances, l’univers du film est ici presque résumé, et cette manière de nous immerger quasi subjectivement est déjà assez sublime. La nappe de fumée se dissipe pour y voir sortir un homme, ancien marine venu proposer ses services pour une compagnie de taxi, sans ambition le type vit de solitude entre son petit appartement, les projections de films porno et ses vadrouilles nocturnes, son unique souhait : "nettoyer les rues de la vermine", mais il ne reste qu’un spectateur impuissant, singulièrement docile et frileux. Ce n’est qu’en plein jour où la jungle laisse place aux attachés-cases qu’il va croiser le regard de Betsy, une jeune femme engagée dans la campagne politique d’un sénateur républicain, il tombe éperdument sous son charme et va franchir le pas pour l’aborder et ainsi sortir de son petit quotidien morose et fataliste, mais elle finie par le repousser, la continuité d’une lente descente aux enfers ...

    Ce personnage de Bickle est vraiment intéressant dans le sens où il est l’archétype de l’anti-héros, celui qui n’a rien pour lui mais qui reste profondément attachant, la guerre du Vietnam se termine à peine qu’il revient avec ses cicatrices, sur le fil du rasoir sa vie n’a plus de sens, plus de goût, il ne fait que constater le temps qui passe, les jours qui défilent les uns après les autres au cliquetis de son compteur. La solitude le ronge de l’intérieur, il attend le déclic où il pourra enfin prendre son destin en mains, il fini par se rendre à l’évidence que cette relation amoureuse et charnelle ne peut se réaliser compte tenu de leur divergence de statuts sociaux, Betsy ne reste qu’une parenthèse idéalisée ... Les pensées de Travis s’obscurcissent pour petit à petit libérer la bête qui sommeille en lui, "sans issue, abandonné de Dieu". Le premier élément déclencheur vient lors de cette séquence presque anodine où il escorte un mari trompé (interprété par Scorsese himself) voulant assassiner sa femme, c’est à cet instant précis où il se rend compte que sa justice ne viendra que par la fureur, de l’inexorabilité de la déperdition des sentiments et relations humaines. Il constitue son attirail militaire, silencieusement, prépare sa grande purge, au final cela reste une manière de laisser une trace de son existence, si il ne peut le faire dans la vie il le fera dans la mort.

    Scorsese traite le caractère de Bickle avec beaucoup de subtilité du premier au dernier acte, en plus du jeu exceptionnel de De Niro, tout en nuances, pour permettre à la mise en scène de constamment subsister dans une certaine fascination, entre cohérence narrative et artistique, la partition musicale sonne d’ailleurs toujours juste pour appuyer l’ambiguïté du personnage et de la tension progressive. En terme de réalisation il y a beaucoup de petites idées nichées ici et là pour faire parler le cadre, que ça soit par exemple les slow motions lorsqu’il déambule dans la rue au milieu de la foule en journée (sa vie privée tourne au ralenti) ou des compositions malignes (une en particulier m’a sauté aux yeux lorsque Travis et Betsy sortent du cinéma porno et que cette dernière lui dit que ce n’est pas une poule, et ce qui est amusant c’est que cette dernière est placée pile au milieu entre Bickle et une prostituée, comme littéralement prise en otage d’un traquenard malsain, ça renforce le malaise et on comprend en une image que leurs mondes sont opposés). Et évidemment comment ne pas citer cette improvisation restée dans toutes les mémoires du "You talkin' to me ?" de De Niro face à son miroir où selon l’anecdote le comédien, sous la pression d’un Scorsese désireux de boucler la scène au plus vite, a ressorti instinctivement une expression qu’il avait entendu dans le métro de la bouche d’un mendiant.

    Le dernier tiers du film tourne autour de la rencontre avec Iris, une très jeune prostituée (jouée par Jodie Foster du haut de ses 13 ans, déjà très mature dans son jeu) que Travis avait repéré dans les plus obscurs faubourgs new-yorkais, c’est l’autre élément déclencheur du récit car c’est celui qui lui donne une certaine responsabilité envers cette douceur innocente prisonnière de l’asservissement cupide des proxénètes, c’est en quelque sorte la goutte d’eau. Une relation brève mais particulière va s’installer entre eux, c’est ici où l’anti-héros va se muer en héros, toute la conversation dans le restaurant ressemble même au sermon d’un frère pour sa cadette, c’est assez troublant de constater l’implication morale d’un type qui n’en a jamais eu, il a enfin trouvé une raison à son existence, sauver une fleur des mauvaises herbes. Harvey Keitel campe le rôle de ce mac au masque séduisant prenant soin de cultiver sa belle petite plante, le "père" protecteur doué de cette méthode d’hypnose catatonique, la pire espèce car imprévisible, Scorsese arrive à retranscrire cette perversité incommodante, il en sort un moment de grâce où encore une fois le saxo de Herrmann résonne magnifiquement.

    spoiler: Puis arrive ce final où Bickle passe enfin à l’acte, ce jeu de dupe se retourne contre le personnage de Keitel, la violence explose à l’écran avec une froideur incroyable, la fusillade est diablement bien mise en scène dans le sens où c’est très brut et donc sanglant, la bande son s’interrompt pour nous offrir une séquence d’une pure intensité. Malgré les petits détails qui font que Scorsese entretien le doute sur la survie de Travis (cicatrice dans le cou filmée en évidence ou les lettres des parents d’Iris qui relèvent du fait divers), sa mort est clairement suggérée par la travelling aérien qui nous fait sortir de la scène du crime, comme une âme flottant au plafond. D’autre part lorsqu’il reprend son taxi les rues sont étrangement vides, là où grouillait toute cette "racaille" qu’il voulait exterminer, il vit là son idéal, et l’onirisme est plus que volontaire avec ce plan du rétroviseur, la mise en scène ressemble à une romance classique, et la distorsion sonore pré-générique retentit comme son dernier souffle, dans ce vertige Travis soulage et cristallise sa conscience et son orgueil.


    Taxi Driver mérite amplement sa réputation de chef d’œuvre du cinéma américain, pour seulement son cinquième long métrage Martin Scorsese frappe très fort avec ce film puissant, socialement aiguisé et fascinant, Robert De Niro gagnera grâce à ce rôle une reconnaissance internationale qui lancera la carrière qu’on connait, deux figures hollywoodiennes qui font irrémédiablement parties de mon livre d'or. Et comme à la sortie de cette petite salle obscure cherbourgeoise d’un temps révolu le sentiment reste le même, celui d’avoir reçu une bonne et belle claque, celle qui fait aimer le septième art.
    bobmorane63
    bobmorane63

    189 abonnés 1 964 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 juillet 2008
    Enfin, je découvre ce film qui voue un culte chez pas mal de cinéphiles mais aussi quelques dérangés comme la personne qui tira sur l'ancien président Ronald Reagan par amour pour le personnage de Jodie Foster. " Taxi driver" est un film à qualifier un peu comme le "Fight Club" de David Fincher de nos jours, une oeuvre qui brosse le portrait d'une société perturbé et dérangeante des rues de New York avec la prostitution, le racisme, la drogue, la corruption politique. Cette histoire, c'est celle que ressent Travis Bickle, chauffeur de taxi solitaire conduisant dans les rues de New York dés l'aube. Le début du film nous montre un Travis assez touchant, fou amoureux d'une partisane de la campagne présidentielle dont notre héros observe chaque jour secretement dans son taxi et qui décide un jour, bien habillé, d'aller la rencontrer. La jeune femme tombe sous le charme jusqu'à une soirée qui part en live ou la jeune femme est choqué par le film pornographique que lui propose Travis (c'est quand meme pas une méthode pour draguer une fille enfin (rire)). Travis commence à peter les plombs, achete une artillerie d'armes pour tuer le candidat à la présidentielle et essaie de sauver une jeune adolescente de la prostitution croisé par hasard... Martin Scorsese signe à ses débuts de cinéaste un film coup de poing qui décrocha en 1976 la palme d'or qui est à mon gout amplement mérité. Ce film comporte des scènes cultes comme la fameuse réplique de Robert De Niro devant la glace "C'est à moi que tu parle" ou la discution de De Niro et Scorsese le cocu qui veut tuer sa femme qui le trompe. La fin est prenante de violence. Robert de Niro est habité par son personnage au point de se faire une coiffure à la Mr T de la série "L'agence tout risques", une interprétation grandiose. Un chef d'oeuvre du cinéma révolutionnaire Américain à ne pas rater.
    Davidhem
    Davidhem

    109 abonnés 336 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 janvier 2011
    Grand, profond, violent, amer, extraordinaire, le film qui reçut la palme d'or à Cannes en 1976 est un joyau du septième art. Robert De Niro campe un personnage désabusé, dépressif, révolté, réactionnaire, il vit son travail de chauffeur de taxi comme un observateur des saletés de New York comme il le dit lui-même. Les saletés, ce sont les maquereaux, les dealers, les prostituées, les braqueurs de magasin, les immigrés casseurs de voiture bref il voit la nuit comme New York évolue et étant un personnage très sensible, Travis Bickle finit par ne plus supporter cette société dans laquelle il vit. Le réalisateur Martin Scorsese dresse un portrait saisissant des gens de New York la nuit comme le jour et exprime à travers le protagoniste ce qu'il pense d'eux. Pour lui, les gens de classe moyenne se ressemblent tous. Ils sont bien coiffés, bien habillés mais superficiels et à l'esprit très fermé, la fille que le protagoniste tente de séduire appartient à cette catégorie et il se rend compte que tout ce qui lui était appris à l'école, ses valeurs comme l'ouverture d'esprit et l'amour ne sont que mensonges et futilités. Homme seul et indépendant, le protagoniste passe son temps libre dans les cinémas pornographiques où il tente de trouver un peu de paix et de tendresse mais il finit par comprendre que pour lui, le chemin qu'il doit traverser est différent des autres. Incapable de tenter un coup d'Etat ou d'éliminer un homme politique, il se donne une mission, celle de libérer une jeune prostituée interprétée par Jodie Foster alors âgée seulement de douze ans! Martin Scorsese décide d'utiliser la voix-off de Robert De Niro pour que le spectateur entende ses pensées et comprennne ses pulsions et ses actes car l'acteur porte le film comme Atlas porte la Terre. Robert De Niro excelle dans son jeu d'acteur et malgré son jeune âge, on sent en lui une violence qu'il canalise et qu'il transmet au spectateur, ce dernier subjugué par son regard. Au final, "Taxi driver" appartient à la catégorie des chefs-d'oeuvre du cinéma et transforme Scorsese et De Niro en légendes vivantes.
    Shephard69
    Shephard69

    333 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 janvier 2016
    A travers la lente dérive vers la folie de ce chauffeur de taxi, une peinture hallucinée de New York et une critique acerbe de la société contemporaine. L'un des meilleurs rôles de Robert de Niro superbement dirigé par Martin Scorsese et Jodie Foster est épatante dès ses débuts prometteurs. Assez lent, pas toujours trépidant, un chef d'oeuvre indéniable, une claque cinématographique.
    JamesDomb
    JamesDomb

    102 abonnés 1 061 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 septembre 2006
    Gagnant de la Palme d'Or au Festival de Cannes en 1976, Taxi Driver demeure aujourd'hui, un film puissant, percutant et feroce. Il s'agit d'une analyse de la violence ou plutot d'où vient cette violence chez cet américain apparemment ordinaire. Un homme destabilisé, perturbé par la déchéance qui l'entoure et aliéné par l'isolement qu'il s'impose. Cet homme trouve un exutoire à ses frustrations. Un psychopathe devient un héros adulé par la presse et lavé de toutes accusations par les autorités. Taxi Driver est d'abord et surtout un récit sur la solitude. Il est d'ailleurs amusant de comparer Collateral de Michael Mann au film de Scorsese où la ville, New-York pour Scorsese, Los Angeles pour Mann est un véritable personnage à part entière, oppressant ses personnages principaux. La ville apparait donc encore plus "folle" que ses personnages. Scorsese et De Niro nous entrainent peu à peu dans la psyché torturée d'un psychopate et offrent au spectateur une vision critique et personnelle de l'Amérique contemporaine, Amérique menacée par des irruptions de violence ou des assassinats politiques (Kennedy, Malcom X, Luther King...). Taxi Driver est également un film sur New-York dont le réalisateur en fait un portrait peu reluisant. Le film se clot dans une hécatombe sanglante d'une violence encore troublante. Chef-d'oeuvre.
    WinslowLeach666
    WinslowLeach666

    34 abonnés 359 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 octobre 2006
    Scorcese et De Niro au sommet de leur art. Film choc Taxi Driver reste dans toutes les mémoires pour la prestation de De Niro en Travis Bickles.
    A voir et à revoir sans modération.
    SICK
    SICK

    1 abonné 15 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 juin 2020
    "Taxi Driver" est assurément l'un de ces films qui ont marqué une génération de spectateurs et influencé plusieurs cinéastes dans les décennies suivantes. En 1976, Martin Scorsese est au sommet de son art en réalisant l'une de ses meilleures oeuvres et dépeignant un New York froid, violent et viscéral. Travis Bickle, vétéran de la guerre du Vietnam, devient chauffeur de taxi de nuit et parcourt souvent les rues dépravées de New York. Une jungle urbaine où il s'identifie par son passé au Vietnam, mais, le faisant sombrer peu à peu dans ses pensées les plus obscures. Étant réservé et perturbé, il est rejeté par son entourage et les filles qu'il approche. Ce sentiment de rejet est l'étincelle qui lui fait perdre la raison et le début de sa descente aux enfers. Il se lie alors d'amitié avec une jeune prostituée et ne pense qu'à la délivrer de ses souteneurs. Typique des années '70, Scorsese prend tout son temps pour nous imprégner de l'atmosphère de New York et implanter la psychologie de ses personnages. Une première partie qui peut paraître lente pour certains mais, amplifie nos sentiments contradictoires à l'égard de Travis et contribue au choc émotionnel final. Robert De Niro offre l'une de ses meilleures performances en incarnant un personnage tourmenté et scénaristiquement abouti. Un jeu magistral aidé par ses acolytes, tous aussi brillants, Harvey Keitel, Cybill Shepherd et Jodie Foster. La mise en scène est tout simplement sublime et le cinéaste parvient d'une main de maître à nous faire ressentir cette ambiance glauque, froide et oppressive de cette ville sauvage. On le voit même incarner un petit rôle dans une scène mémorable et particulièrement déprimante. "Taxi Driver" est un film riche en écriture, mais aussi visuellement en offrant plusieurs scènes fortes et dérangeantes. On se rappelle tous, bien sûr, de la séquence finale qui est d'une force émotionnelle titanesque et d'une violence perturbante. Elle offre, en surplus, un plan séquence grandiose et complètement jouissif bouclant brillamment cette chute dans les abîmes. Avec un excellent scénario de Paul Schrader, une mise en scène parfaite et un jeu d'acteurs grandiose, "Taxi Driver" mérite grandement sa place parmi les meilleurs films de l'histoire du cinéma. 5/5
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