"Un jour, il y aura une vraie averse qui nettoiera la rue de toute cette racaille". Telle est la vision de ce jeune chauffeur de taxi, ancien soldat du corps des Marines revenu du Vietnam, touché par la solitude et l’insomnie. La psychologie du personnage principal est ainsi dressée, et Martin Scorsese filme avec beaucoup de force et de sagesse cette inéluctable descente aux enfers de Travis. Le récit est sombre, pas vraiment optimiste, et résolument visionnaire : car si le spectateur prend la peine de regarder autour de lui aujourd’hui, il constatera que non seulement le monde va mal, mais en plus la racaille dans les rues est de plus en plus omniprésente. A travers les peurs, les obsessions, la paranoïa et la folie qui guettent Travis jusqu’à le hanter en permanence, le cinéaste nous présente la mégapole de nuit, crasseuse et misérable malgré les nombreux néons. De plus, il habille le scénario d’une ambiance sombre et lourde, à la mesure de ce que vit le personnage principal. La lumière est utilisée à bon escient et alimente l’envoûtement des nuits new-yorkaises, même lorsque la pluie arrose les pare-brise et le bitume. Et pourtant… malgré une mise en scène maîtrisée, et malgré la grande simplicité du scénario, somme toute lui-même assez banal, des erreurs se sont glissées, assez dommageables je dois dire. D’abord on voit Travis couper une manche de sa chemise avant de se l’enfiler sur le dos. Quelques instants plus tard, cette même chemise a ses deux manches, aussi intactes l’une que l’autre (????).
Ensuite, lorsque vient sa folie meurtrière, il prend une balle dans le cou, mais c’est à peine s’il bronche. Puis au beau milieu de cette fusillade, un gars intervient au secours de ses partenaires, vise Travis à l’épaule après s’en être approché au plus près, Travis ne l’ayant pas vu ni entendu venir, et tire à bout portant dans son épaule… Moi je ne sais pas, mais il me semble que quand c’est l’un ou l’autre, et dans ce cas-là, on vise à la tête ! Ben là non.
Donc oui je suis déçu, au même titre que l’internaute cinéphile Béatrice G. ; car moi aussi j’ai eu tendance à m’ennuyer, en dépit d’une certaine fascination émanant de l’œuvre. Mieux : on ressent presque les désillusions et le désespoir de Travis, et c’est aussi grâce à la très bonne interprétation de Robert De Niro. Il demeure toutefois intéressant de découvrir Jodie Foster toute jeune, mignonette toute pleine, et Harvey Keitel avec des cheveux longs (si si), tous deux étant alors encore à leurs débuts de carrière.