Virtuose, mais pas aussi abouti qu’on aurait pu l’espérer
Vous les savez, fidèles lecteurs et lectrices, je ne suis pas un fan des films d’animation. Je suis le 1er à reconnaître leurs immenses qualités techniques, mais, ne pouvant visionner toutes les sorties de la semaine, je me vois dans l’obligation de faire des choix. Alors pourquoi le film de Kelsey Mann échappe-t-il à ma règle ? Parce que – petites filles obligent – j’avais vu le n°1 et que, ayant apprécié la double lecture adulte/ enfant – comme pour Zootopie -, je suis allé voir les 96 minutes de ce nouvel opus. Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût - qui ont longtemps fonctionné avec succès - ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu'elle ne soit pas la seule... Pas déçu, mais pas surpris non plus, le concept n’a pas été renouvelé ce qui ne retire rien aux immenses qualités techniques du film, mais on s’ennuie un tantinet.
Sorti en 2015, Vice Versa a cartonné dans le monde entier, récoltant 858 millions de dollars de recettes. En France, le film Pixar a attiré 4,5 millions de spectateurs. On ne pouvait évidemment pas passer à côté du n°2. Y aura-t-il un n°3 ? Je crains que la réponse soit positive. D’abord, parce que cet opus 2 va marcher, déjà plus de 500 000 entrées en une demie semaine -, c’est sûr et sera sans doute un des films de l’été pour la jeunesse. Mais attention, les plus jeunes risquent fort de se perdre dans tous ces sentiments et, je pense que ce film est vraiment ciblé « ado ». L’arrivée dans le cerveau de Riley, - rattrapée par la puberté -, d’Anxiété, Ennui, Envie et Embarras, - à propos, où est la libido ? -, complexifie pas mal les interactions par rapport au volume 1. C’est la nouveauté. D’emblée, on pourra regretter que la préado s’avère sans aspérités, sans désir autre que social, évoluant dans un univers très protégé, exclusivement féminin et multiculturel, subtilement puritain. Par contre, le scénario est le frère jumeau du 1er film… les gags, le suspense, la course contre le temps, etc. Mais, a contrario, j’ai apprécié que toutes ces filles ados ne soient pas montrées comme des pestes, selon un cliché souvent très ancré dans les fictions cinématographiques. Celles-ci sont plutôt sympas et équilibrées. Alors, outre mes petites réserves, avec son animation virtuose, une idée visuelle par image, un rythme infernal, c’est une belle plongée à l'intérieur des émotions qui fait sienne la philosophie de la pensée positive… On est chez Disney !
L’autre frein à mon goût pour l’animation, reste mon amour pour les acteurs et les actrices. Alors ici on se contentera des voix de Charlotte Lebon, Pierre Niney, Philippe Lellouche, Mélanie Laurent ou Adèle Exarchopoulos… qui font le boulot et comment. Une mention également pour l’orchestre de 83 musiciens qui a enregistré l’excellente et trépidante BO. On oubliera donc cette impression dérangeante de déjà-vu, pour dire qu’au final, Vice-Versa 2 nous dit une vérité essentielle : toutes les émotions ont de la valeur. Même cette satanée anxiété aide à grandir. Ce n’est pas la moindre de ses vertus.