Une suite très sympa, bien que maladroite parfois, du rafraîchissant Vice-Versa. Toujours aussi colorée, avec un vrai plaisir sur les textures et l'animation, avec un doublage français vraiment excellent (Charlotte Le Bon, Marilou Berry, Pierre Niney, Gilles Lellouche, Mélanie Laurent, et à présent Dorothée Pousséo et Adèle Exarchopoulos... on ne pouvait demander mieux), et quelques vérités sur l'adolescence bien trouvées (notre scène préférée : Ennui et le "sarcasme", la crise d'ado "je pue, je suis moche, je suis nulle", mais aussi la découverte de la crise d'angoisse, très touchante)... Vice-Versa 2 marche dans les pas de son premier opus, parfois un peu trop. On retrouve le schéma narratif du premier, avec
les émotions jetées à l'extérieur du centre nerveux général, qui doivent revenir avec les artefacts souvenirs pour aider Riley, tandis que les émotions aux commandes font un peu n'importe quoi
(le scénario n'innove pas sur ce point), tandis que le reste de l'histoire est une simple morale prévisible "les amis c'est trop bien" (bon, c'est pour les enfants...). Aussi, on n'est pas franchement convaincu par les nouvelles émotions, notamment les quasiment fantomatiques Embarras (on aurait pu faire jouer son intervention finale à un autre personnage, c'était pareil), Envie (on ne sait pas bien d'où les scénaristes tiennent que l'envie est un sentiment qui apparaît sur le tard... Ils n'ont jamais vu d'enfant devant une pub pour un jouet, une fratrie jalouse les uns des autres, un caca nerveux totalement gratuit ?) et Ennui (qui aurait dû s'appeler Blasé, pour être plus cohérent) qui n'ont respectivement qu'une ou deux scènes à grappiller dans le monopole de Anxiété. On aurait préféré ne garder que Anxiété et Ennui (en gonflant nettement son rôle), et laisser aussi plus d'espace aux anciennes émotions qui sont très en retrait. Mais, puisqu'il y a un grand "mais", on ne peut s'empêcher de succomber encore à la finesse d'écriture devant la drôlerie de la seule scène d'Ennui, devant la sincérité
d'une crise d'angoisse incontrôlable vue de l'intérieur, devant le clin-d'œil plus qu'évident au burn-out des dessinateurs et scénaristes de chez Disney Pixar (qui ont récemment manifesté pour leurs droits, et changé de Big Boss) dans une scène très critique sur la condition des employés de (littéralement) "l'usine à rêves" (puisqu'ils triment ici pour dessiner les rêves de Riley).
Le visuel est vraiment soigné, le doublage VF formidable, l'humour fonctionne (le bouleversement hormonal est rapidement abordé au début, on aurait adoré en avoir encore), les scènes lacrymales sont moins balourdes que d'habitude, et globalement on adore retrouver ces petits personnages colorés aux designs géniaux. On le dit sans sarcasme : c'est une jolie suite !