« Wanna see something really scary ? »
Amis depuis plusieurs années, le premier ayant fait un caméo dans The Blues Brother (1980), le second dans 1941 (1979), Steven Spielberg et John Landis produisent et coréalisent ensemble ce film hommage à l’une des séries les plus culte de la télévision étasunienne, diffusée de 1959 à 1964 : La Quatrième Dimension/The Twilight Zone.
Après un efficace Piranhas (1978) qui se voulait une parodie cheap des Dents de la Mer/Jaws (1975) et un Hurlements (1981) réussi, Joe Dante, devenu proche de Landis, est invité par Steven Spielberg à participer à l’aventure, avant que ce dernier ne produise Gremlins (1984). George Miller, auréolé du succès des deux premiers Mad Max (1979 et 1981) est aussi contacté.
Aux scénarios de ce film en 4 épisodes, on retrouve principalement John Landis pour le prologue et le premier épisode qu’il a aussi réalisés et Richard Matheson, écrivain et scénariste de science-fiction et d’horreur, pour les autres, rejoint sur le second segment par George Clayton Johnson, auteur de l’épisode original de la série télévisée, et Melissa Mathison (créditée Josh Rogan et déjà scénariste d’E.T., 1982).
Film à sketchs, donc, cette oeuvre permet à ses quatre réalisateurs de poser leur patte visuelle et leurs petites obsessions : avec Dan Aykroyd, John Landis démarre le prologue sur le ton musical et ironique pour poursuivre, dans le premier sketch, en présentant un petit employé aigri, antisémite et raciste, archétype, 35 ans avant l’heure, de l’électeur trumpiste moyen ; Steven Spielberg lui emboîte le pas avec un petit conte de fées dans une maison de retraite ; Joe Dante réalise un troisième segment où la télévision et le surnaturel horrifique mêlé d’humour occupent des rôles centraux (on y retrouve les fidèles de Dante, Kevin McCarthy et Dick Miller) ; George Miller, enfin, fait monter la tension en focus sur son personnage, interprété par l’exceptionnel John Lithgow, qui perd la boule en avion dans un sketch final aux allures de film catastrophe.
Catastrophe, le film le fut hélas aussi dans sa conception. L’acteur principal du premier segment, Vic Morrow, par ailleurs criant de vérité, ainsi que deux enfants acteurs ont été tués par un accident d’hélicoptère dont la responsabilité fut partiellement imputée à John Landis par manque de prévoyance. Steven Spielberg ne lui pardonna jamais et ce fut la fin de toute collaboration entre les deux réalisateurs.
Au final, l’ensemble est pourtant est assez homogène et réussit à faire revivre, aux couleurs des années ’80, le frisson qui nous parcourait l’échine sitôt que résonnaient les premières notes de la célébrissime musique de générique. On regrettera seulement que les effets spéciaux aient assez mal vieilli.