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Eowyn Cwper
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3,5
Publiée le 22 décembre 2023
"On n'a rien inventé", me suis-je dit en voyant ce film. Je le savais pourtant, mais à force qu'on me pousse à le voir comme un marqueur de MA génération, j'en avais presque oublié que le polyamour avait été adopté par le passé, y compris dans la foulée des libérations de 68.
Mais ce n'est pas ce que le film a de mieux. Ce n'est pas non plus l'humour absurde, disséminé sous formes de sketchs où des acteurs tels que Michel Lonsdale ou Pierre Étaix profitent de faire ce qu'ils savent faire de mieux – ces interludes m'ont beaucoup fait rire et l'absurde est toujours un peu intemporel. Et ce n'est pas la poésie, moins adroite et qui escompte malheureusement un peu trop que le tournage dans la campagne suffira à faire rêver le spectateur parisien d'une idylle champêtre.
Non, ce qu'il y a de mieux, c'est que je m'attendais à voir un film désenchanté, du genre qui a fleuri après que l'enthousiasme de 68 fut retombé, et dont le rôle était de faire miroiter les modes de vie alternatifs rêvés par le flower power avant de montrer que ces choses tournent toujours mal et qu'on se dise que, décidément, les hippies avaient tout faux. Ici, les choses se passent bien. Pas parfaitement, bien sûr – tout couple a ses hauts et ses bas et le but n'est pas de faire de la propagande d'un couple non-standard –, mais bien. C'est un ton inattendu, rare, et d'une rafraîchissante simplicité propre à redonner foi en les idées nouvelles. À se remémorer, quoi qu'on en pense.
L'amour et le lit que Jane Birkin partage avec ses deux amants n'ont sans doute plus le caractère sulfureux ou amoral -ni même l'intérêt- que le film de Robert Benayoun recouvrait peut-être à sa sortie. La comédie a très mal vieilli, pas tant d'ailleurs à cause de sa thématique, qui semble aujourd'hui frivole et dérisoire, qu'en raison de la médiocrité de la réalisation et de la mise en scène. La maladresse de Benayoun et l'absence de style sont criantes et plombent le récit; d'autant que, si Jane Birkin, radieuse et sensuelle, tire son épingle du jeu, ses deux partenaires masculins sont fades au possible, pénibles dans leur façon, plus snobinarde qu'irrévérencieuse, de faire de l'esprit et de jouer les désinvoltes anticonformistes. Dans l'air du temps, et suivant une idée utopique assumée, le trio incarne la liberté sexuelle et le refus des conventions, une insouciance qui se traduit par la recherche exclusive du plaisir. La démonstration passe par une série de rencontres pseudo-cocasses, par des comportements facétieux qui ont surtout pour effet de stigmatiser une fantaisie puérile et une direction d'acteurs assez nulle.