En parallèle au mouvement #MeToo (qui a réellement émergé et connu un fort retentissement mondial à partir de 2017), les réalisatrices Lea Clermont-Dion & Guylaine Maroist se sont intéressées à plusieurs personnalités (issues du monde politique et des médias), ainsi que de simples citoyennes qui ont toutes pour point commun d’avoir connu le cyberharcèlement. Les réalisatrices les ont rencontrés, sur deux continents (de l’Italie à la France, en passant par le Canada et les États-Unis) et elles ont rapidement fait un triste constat : à chaque fois les politiques et la police sont démunis face aux géants du web qui ferment les yeux sur le harcèlement présent sur leurs plateformes.
Le film dresse le portrait de 5 victimes, Laura Boldrini (Présidente de la Chambre des députés du Parlement italien de 2013 à 2018), Marion Seclin (comédienne & youtubeuse), Laurence Gratton (enseignante au Québec), Kiah Morris (représentante de l’État du Vermont) & Glen Canning (père de Rehtaeh Parsons, qui s’est suicidée après des mois de harcèlement).
Le constat est sans appel et tout aussi écoeurant, la misogynie et le cyberharcèlement entretiennent la culture du viol. Pire que ça, c’est la banalisation des cyberviolences sexistes sur les réseaux sociaux, où au grand jour, les hommes se sentent intouchables derrière leur écran et leur anonymat.
« Je suis une femme, puissante et ça effraie les gens. »
Les victimes n’ont rien demandé à personne, elles exercent juste leur métier et se sont retrouvées du jour au lendemain face à un flot sans discontinu d’injures en tout genre (insultes, menaces de viols et de meurtres, propos sexistes et racistes). Taxées pêle-mêle
de feminazie, sale putǝ, négrǝsse, lesbienne, j'vais te violer, connassǝ, truie,...
et j’en passe. De la haine gratuite et dévastatrice qui pousse certaines d’entre-elles jusqu’au suicide ou à des menaces de mort (l’une d’elles a été victime d’une intrusion à son domicile et a reçu une balle de calibre 12 dans sa boîte aux lettres) et pire, jusqu’au meurtre (Jo Cox, députée britannique, assassinée en 2016).
« Si je te croise, je te viole »
« Sale putǝ »
« As-tu songé au suicide ? »
Concernant le cyberharcèlement, d'après l'ONU, ce sont les femmes et les jeunes femmes qui en sont les principales victimes (les ados principalement sur TikTok & Instagram). Pour étayer leurs propos, les réalisatrices ont fait appel à des experts, notamment Donna Zuckerberg (sœur de Mark, le fondateur de Facebook) qui affirme que les RS n'ont fait qu'accentuer le harcèlement et la haine et s'inquiète de la normalisation de la misogynie), Sarah T. Roberts (spécialiste en modération sur les RS), Laurence Rosier (professeure de linguistique) & Nadia Seraiocco (spécialiste du cyberharcèlement).
La haine virtuelle est insidieuse, elle se cache dans de nombreux foyers insoupçonnés et n’importe qui peut en être victime, vous, moi, votre compagne, votre mère ou votre fille. Raison pour laquelle il ne faut absolument pas banaliser le sujet, face à l’inaction des politiques et des GAFA, il faut en parler autour de nous, se battre et surtout, éduquer la prochaine génération.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●