La révoltée
Inspiré d’une histoire vraie, le drame de Caroline Glorion, dont c’est le 1er film, 100 minutes dans les pas d’un personnage principal agaçant pour ne pas dire antipathique était à coup sûr une gageure. Elle est tenue… et comment ! Lili, 26 ans, précaire, élève seule ses trois enfants. Accusée à tort de mauvais traitements, les services sociaux les lui arrachent. Elle s'effondre mais très vite, entourée de femmes solides et d’un amour naissant, Lili se lance dans une bataille décisive pour reconstruire sa famille. Du réalisme social comme on aime le montrer dans le cinéma français et que ne renierait pas Ken Loach. Une belle surprise assortie de la découverte d’une jeune comédienne remarquable.
C'est à la Maison d’ATD Quart Monde que Caroline Glorion croise la route d’une jeune femme, qui va largement inspirer le personnage de Lili ainsi que le film. Cette mère de trois enfants avait fui les violences exercées par son mari et s'était réfugiée dans un foyer d'hébergement. Ses enfants lui ont été retirés et ont été placés après qu'elle a été jugée inapte à les élever. C’est à partir de là, que le scénario va créer un personnage à l’opposé des stéréotypes de la mère marginale, larguée, déculturée et à l’inverse, donner vie à une jeune femme dont on ressent les origines sociales mais surtout l’incroyable personnalité, la vitalité, la jeunesse fougueuse, l’instinct de survie. Aveuglée par sa révolte, elle en vient à ne même plus accepter les gens qui veulent l’aider. Pour ma part, j’ai trouvé que l’on poussait l’exercice un peu loin pour qu’il soit totalement plausible et que l’on frisait parfois la surdose de colère et d’entêtement. Mais, ce jugement reste totalement personnel. Sachez que, outre ATD Quart Monde, le Secours Catholique et les Apprentis d’Auteuil ont largement participé au financement de ce vibrant plaidoyer pour tous et toutes ces laissés pour compte, ces cabossés de la vie que nous côtoyons sans pourtant rarement les voir. Un cri de colère bouleversant.
Mathilde La Musse tient la son 1er grand rôle. Elle est remarquable de bout en bout. Le jeune Aydan Hullmann-Bennouioua, lui donne une excellente réplique. Mais quand on sait que les seconds (?) rôles sont tenus par Sandrine Bonnaire, Laurence Côte, Clara Suco, François Morel, - qui a aussi écrit la très belle chanson du film -. Il est inutile d’insister sur la qualité du casting pour ce tout petit film qui a tout d’un grand. S’il ne bouleverse pas le genre, cet hymne à l’amour maternel est absolument bouleversant.