Julien Royal, réalisateur pas normal, est le promoteur du stoner-movie à la française mais attention, pas la tendance foncedé, plutôt celle “surchauffe sous amphétamines”. Sa vision du cinéma consiste à balancer des acteurs pas trop expérimentés au milieu d’un scénario-bidon et de les laisser improviser, ce qui ne rend pas ses films très bons mais au moins très reconnaissables. Ce n’est évidemment pas comme ça que ça fonctionne mais c’est l’idée que ça laisse. . Premier écueil à franchir, la compréhension : durant les dix premières minutes de ‘Nouveaux riches’, j’estime avoir compris plus ou moins 10% des dialogues, ce qui constitue un relatif progrès depuis ‘En passant pécho”. Deuxième écueil : l’assimilation Ces 10% ressemblaient, phonétiquement, à “Wesh wesh poto frère clôôôchard, p’tain grave relou la meuf éclaté au sol”. Meurs, meurs, Maurice Grévisse…en tout cas, ça reste quand même dur à s’envoyer si vous n’avez pas grandi dans une cité. Inexplicablement, ‘Nouveaux riches’ parvient pourtant à trouver une sorte de rythme de croisière survolté, à canaliser son énergie pour que le spectateur normal puisse à peu près suivre ce qui se passe : en gros, arnaque à la cryptomonnaie et rom’com de loosers…ce qui ne l’empêche pas, en matière de comédie, de tout miser sur le tir en rafales à l’arme lourde (car c’est bien connu, quand on tire en rafales, on finit forcément par toucher quelque chose). C’est moins un film qu’une baston de singes sous acide, c’est bordélique à crever avec un ratio durée/humour très faible mais en se marre quand même, parfois sans savoir pourquoi, parfois parce qu’on vient de percuter un truc qui s’est passé 45 secondes plus tôt alors qu’il y a déjà eu 12 vannes entretemps. Après tout, il faut de tout pour faire un monde et chacun à le droit d’avoir ses petites manies ou sa muse déviante : là où Philippe Lacheau passe son temps à sexualiser Chantal Ladessous, Julien Royal se repaît visiblement de l’énergie aussi inépuisable qu’éreintante de Nassim Lyes.