Souvent présentée comme inférieure à son remake réalisé aussi par leo Mc Carey en 1957, soit dix huit ans plus tard, cette première version est selon moi toute aussi formidable. Pour mémoire, on rappellera que c'est l'histoire d'un homme et d'une femme , engagés de part et d'autres qui tombent amoureux. Ils se laissent six mois de réflexion avant de se retrouver au sommet de l'empire state building. La jeune femme se fait renverser alors qu'elle arrive sur les lieux. A mes yeux, c'est un film touché par la grâce et magnifiquement interprété et réalisé. Charles Boyer, acteur français parti travailler avec succès à Hollywood ( il fût un des acteurs les plus en vue dans les années 30 et 40 dans cette mecque du cinéma) et Irene Dunne, actrice de comédie musicale, aujourd'hui injustement oubliee sont largement au même niveau que leurs successeurs dans le remake ( cary Grant et Deborah Kerr). A mes yeux si on peut trouver Grant peut-être plus charmeur que Boyer , il me semble que Dunne possède un charme plus troublant que Deborah Kerr, qui certes n'en manque pas. Dunne possède une bonté, une clarté, un piquant, une joie d'être communicative dont Kerr est dépourvue. Cette dernière transmet une mélancolie qui renforce le côté dramatique d'un scénario qui n'en a pas besoin. Dunne donne envie de tomber amoureux, Kerr un peu moins. Bref, n'écoutez pas trop ceux qui négligent cette première version. Voyez les sans en négliger aucune. A titre personnel, cette première version a sans doute ma préférence, beaucoup grâce à Irene Dunne. Notons pour l'anecdote que Boyer était un acteur peu apprécié par la star française de l'hexagone du moment ( jean Gabin). Boyer se suicidera , déjà âgé, par ingestion de barbituriques. C'est un acteur de grand talent qui prend toute sa dimension lorsqu'on le voit jouer, son physique, selon les critères modernes n'étant pas en sa faveur lorsqu'on le compare avec les acteurs masculins phares de la génération hollywoodienne suivante. Enfin Leo Mc Carey est un réalisateur de talent, dont la réputation n'atteint pas et de loin dans le domaine de la comédie celle de Lubitsh ou Capra voire de Preston Sturges. Il mérite d'être réhabilité car il possède un savoir-faire digne des meilleurs.