Dans le paysage cinématographique actuel, saturé de reboots et de suites sans saveur, "Voleuses" de Mélanie Laurent émerge comme une tentative audacieuse de revitaliser le genre du film de casse avec une touche féminine distincte. Puisant dans l'univers de la bande dessinée "La Grande Odalisque", le film promettait une aventure trépidante et stylisée. Pourtant, malgré les aspirations élevées, "Voleuses" se révèle être un mélange inégal de brillance et de médiocrité, un diamant brut qui ne parvient jamais tout à fait à briller.
D'un côté, la réalisation de Laurent est ponctuée de moments de grâce visuelle, notamment dans les séquences d'action, où la chorégraphie des vols et la tension narrative sont exécutées avec un flair indéniable. La musique d'Archive ajoute une couche atmosphérique, renforçant les moments de suspense et d'intimité avec une bande-son envoûtante. Les performances sont également notables, avec un casting dirigé par Adèle Exarchopoulos et Mélanie Laurent elle-même, dont l'alchimie à l'écran est palpable, offrant une dynamique convaincante entre les personnages principaux.
Cependant, le film trébuche lourdement dans son rythme et sa structure narrative. Les arcs des personnages semblent sous-développés, laissant le spectateur désireux de plus de profondeur et d'évolution. Le scénario, coécrit par Laurent, Christophe Deslandes et Cédric Anger, oscille entre des moments de clarté narrative et des séquences qui semblent déconnectées de l'ensemble, sapant l'impact émotionnel du film. L'humour, bien qu'intentionnellement placé pour alléger l'ambiance, tombe parfois à plat, ne parvenant pas à équilibrer le ton général du film.
Le point le plus critique, cependant, est la conclusion du film. Ce qui commence comme une promesse d'un final épique s'effondre dans une résolution qui semble précipitée et insatisfaisante, laissant derrière elle un sentiment d'inachèvement. Cette fin, en particulier, suggère un potentiel inexploité, comme si le film avait lui-même été victime d'un vol – celui de sa propre conclusion éclatante.
"Voleuses" se tient à la croisée des chemins entre le succès et l'échec, brillant dans ses ambitions mais trébuchant dans son exécution. Il représente un cas classique de ce qui aurait pu être : un film qui, avec un peu plus de cohérence dans son récit et une conclusion plus gratifiante, aurait pu marquer l'histoire du cinéma français contemporain. Au lieu de cela, il reste un divertissement passable, ni complètement décevant ni pleinement satisfaisant, une œuvre qui, malgré ses éclairs de génie, ne parvient pas à captiver entièrement son audience.