Pierre Chevalier, égale à lui-même, réalise de nouveau ici un film racoleur. Après Avortement clandestin ! (1973), cette fois-ci il met en lumière la rédaction d’un journal cherchant à exploiter le filon du viol pour vendre davantage de journaux et va s’intéresser à des faits divers ayant défrayés la chronique un peu partout dans le monde.
Ainsi, durant près de 90min, le film va bêtement enchaîner différentes scénettes représentant des scènes de viol et le calvaire vécu par ses victimes (une autostoppeuse, une prisonnière au Chili subissant l’assaut des matons, des mercenaires sur un terrain d’aviation en Éthiopie, une étudiante abusée par des camionneurs, des exactions commises pendant la guerre du Vietnam, une campeuse, …). Des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres et n’ayant jamais peur du grotesque, Pierre Chevalier ira jusqu’au bout de ses idées.
Sauf qu’il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut aussi les moyens de les entreprendre. C’est bien là le souci, car comme chacun sait, Eurociné aime à produire des films à bas coût et pour y parvenir, la société va user de plusieurs de ses (habituels) subterfuges. A commencer par réaliser ce que l’on appelle un « film 2 en 1 » comme ce qu’ils avaient déjà fait avec Les Aventures Galantes de Zorro (1972) & Les Gardiennes du pénitencier (1979). Ils ont réutilisé des rushs provenant du film Avortement clandestin ! (1973) pour les assembler avec de nouvelles rushs (la scène du violeur à la moto, avec la partie fine organisée dans l’appartement. Ils ont également utilisé des rushs (censurées) où les acteurs évoluaient à poil pour les utiliser cette fois-ci dans le film où ils apparaissaient en slip dans le film de 1973). Mais ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin et vont aussi avoir recourt à des stocks-shots de la guerre du Vietnam.
Viol, la grande peur (1978) se veut voyeuriste et ridicule à bien des égards. Offrant par moment des séquences irréalistes ou insolites, entre les micros-trottoirs (au début du film) ou encore cette scène de viol avec les camionneurs où la victime finit par rire aux éclats et reprendre la route avec ses bourreaux comme s’il ne s’était rien passé.
Le film s’avère assez malsain dans son ensemble (il fait culpabiliser ses victimes et tend vers la banalisation du viol), même si l’on appréciera de voir Brigitte Lahaie dans le rôle d’une étudiante vétérinaire qui se venge de ses bourreaux
en les castrant (en prenant pour modèle, ses cours d’école portant sur la castration du porc). Une séquence assez originale, réalisée en ombres chinoises.
A noter que dans le même registre, on pourra aussi citer Brigade Anti-Sex (1970), une production belge aussi maladroite et malsaine.
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