Je suis sorti du film pas mal frustré. Pour deux raisons. La première, c'est que j'aurais aimé que le film donne moins raison à la position du psychopathe, qui est en gros de dire que
sa mère biologique est une connasse de l'avoir donné à adopter. Sérieusement on peut très bien sortir du film en jugeant très mal les mères qui donnent leur enfant à adopter. Sauf que c'est injuste : dans le film la mère a 16 ans et n'a pas les moyens (surtout émotionnels, car sa propre mère ne la soutient pas) d'élever son enfant. Elle fait confiance à l'Etat et fait adopter son enfant. Il apparaît ensuite que les deux parents sont horribles. Il y a une faille évidente dans le système, oui, mais doit-on juger la mère ? Moi je ne crois pas, et je regrette que le film ne donne aucun contrepoint à la position du psychopathe qui juge terriblement sa mère biologique.
La deuxième chose qui m'a frustré c'est que
le méchant gagne. Je déteste quand ça fait ça. Et je déteste encore plus quand comme ici, le scénariste et le réalisateur semblent volontairement, arbitrairement, couper l'histoire sur l'idée que la mère biologique s'est bien faite avoir à 100% et va subir à 100% la machination du psychopathe... alors que moi j'ai pensé à PLEIN d'éléments qu'elle pourrait faire valoir auprès de la police, de la justice, des médias, pour que l'on croie à sa version. Si on analysait son sang pour retrouver la substance qui l'a endormie ? Comment alors expliquerait-on qu'on l'ait "vue" sur le ferry ? Et si elle montrait la marque de l'aiguille sur son cou ? Et si elle montrait l'épouvantail en forme de sa fille avec le manteau qu'on lui avait volé ? Et si on parlait de l'absence totale de preuve que son fils soit mort dans un accident étant donné le vol de son dossier dentaire ? Et les deux tentatives d'appels à son mari pendant sa séquestration ? Bref, je pense que, passé la sidération légitime de l'héroïne devant l'ampleur du machiavélisme de son défunt fils, elle avait moyen de se défendre et répondre méthodiquement à chaque preuve circonstantielle qu'on lui présentait. On aurait même pu voir qu'elle va en prison et qu'elle écrit alors un bouquin racontant sa version, son calvaire... Mais non, les réalisateurs ont coupé leur film à un moment arbitraire où leur héroïne est totalement dans l'échec.
Le film est très prenant et le sujet très original, mais je trouve globalement que l'on est beaucoup trop dans la compassion avec le psychopathe, qu'il aurait fallu lui mettre plus de répondant en face... Il n'est pas suffisamment traité comme le monstre qu'il est, ni par l'héroïne, ni par le réalisateur qui
lui permet de triompher au détriment de toutes les pistes envisageables que j'ai citées plus haut.