"Tequila Sunrise" ou l'exemple typique du buddy movie oublié des années 80... à juste titre ! Ce n'est pas que le film soit mauvais puisqu'il se regarde gentiment, sans déplaisir. C'est seulement qu'avec un tel casting et un tel décor, on ne peut pas se satisfaire d'un spectacle aussi banal ! La mise en scène de Robert Towne est, ainsi, d'une platitude coupable et se contente de s'appuyer, mollement, sur la chaleur californienne (avec plage, bateau, coucher de soleil...). Le film manque, d'ailleurs, singulièrement de rythme. On est loin du rythme nerveux des productions cultes de l'époque (n'est pas John McTiernan, voire même Richard Donner, qui veut...). Il en est de même concernant le scénario proposé. Le pitch était, pourtant alléchant, avec l'histoire, certes classique mais souvent prometteuse, des deux amis d'enfance ayant suivi des chemins différents pour, finalement, se retrouver adversaires (Nick est flic, Mac est dealer)... mais l'évolution de l'intrigue a de quoi laisser dubitatif puisque la relation intrinsèque entre les deux héros est sacrifiée sur l'autel de la romance, avec l’introduction du personnage de Jo Ann ! Le film accorde, ainsi, beaucoup trop d'importance au trio amoureux et se perd dans des poncifs bien peu originaux
(Mac s'expose beaucoup trop par amour, Jo Ann est tellement compréhensive, Nick va tomber sous le charme...).
D'ailleurs, même lorsque l'histoire se recadre sur la relation entre Mac et Nick, on a droit à la rengaine habituel
(Mac veut décrocher, Nick y croit mais sa hiérarchie le presse pour le coincer, les vieilles rancunes seront pardonnées dans un inévitable happy end).
On en viendrait presque à être plus intéressé (ou, en tout cas, plus surpris) par la relation entre Mac et Carlos, le grand méchant du film
campé par Raul Julia
. Dès lors, que reste-t-il de "Tequila Sunrise" ? Incontestablement, le charme de ses acteurs et, plus particulièrement, de son trio vedette. Ils portent littéralement le film sur leurs épaules et offrent quelques jolies scènes. Michelle Pfeiffer campe une patronne de restaurant craquante, Kurt Russell est impeccable en flic aussi classe que droit dans ses bottes... mais c'est, comme toujours, Mel Gibson qui, entre deux "Arme Fatale", remporte la mise avec ce personnage de voyou en quête de rédemption au charme irrésistible. Reste une impression de déception...