Avis sur Eskimo Nell

Eskimo Nell est un film peu connu de Martin Campbell, et qui rappelle que ce dernier a commencé dans un genre très particulier dans les années 70 : la comédie érotique britannique !
Tout un sous-genre à lui tout seul qui n’a malheureusement que très peu percé chez nous, ce qui explique la méconnaissance des métrages phares de cette période et de ce registre, auxquels appartient Eskimo Nell.
Le titre peut surprendre, c’est en fait celui d’une ballade paillarde anglo-saxonne. En résumé, l’histoire tourne autour de pauvres réalisateurs qui cherchent à mettre en image cette fameuse ballade avec des points de vue fort divers ! Sur un concept assez simple, Eskimo Nell s’avère être une comédie bien sympathique, beaucoup plus orientée comédie pour le coup que érotisme. Ça va du gag clownesque à l’ancienne qui fonctionne toujours à des aspects plus développés et dégrossis, notamment par le regard porté sur certains personnages archétypes de la société de l’époque, et, je n’en doute pas, du milieu du cinéma. Du coup le film prend aussi un petit tour satyrique plaisant, bien que toujours bienveillant. C’est rythmé, et il y a quand même des moments très drôles il faut le reconnaitre (le casting est vraiment amusant par exemple). Et je le dis de suite, on montrait peut-être des femmes nues dans les comédies grivoises du temps, mais c’était à des années lumières de la grossièreté et de la vulgarité dont les comédies irrévérencieuses croient bon de s’affubler pour l’être aujourd’hui !
Le film est drôle, frais, rythmé, et sa galerie d’acteurs n’est pas innocente en cela. Je souligne la très bonne prestation de Michael Armstrong, mais de manière générale les interprètes sont bien dans leurs rôles, investis, et leurs interprétations so british, décontractée et légère sont très plaisantes. Il y a peut-être un peu beaucoup de personnages, mais ça roule bien, avec, outre Armstrong, un solide Roy Kinnear, parfait pour son rôle, et une belle galerie de charmantes actrices qu’on regrettera sans doute de ne pas voir davantage !
Pour le reste le métrage séduit par sa tonalité seventies ultra-présente. Costumes hallucinants (ah, les chemises à imprimés multicolores !), décors pimpants, musique vaguement country avec chanson punchie (dont il vaut mieux ne pas comprendre toutes les paroles !) entrainante, Eskimo Nell c’est une saisie sur le vif d’une époque et de l’ambiance britannique aussi. Ce film ne peut être que britannique ! C’est bien fait, avec une bonne mise en scène de Campbell. Néanmoins le film reste inférieur à Confessions d’un laveur de vitre dans le même genre, notamment sur le plan érotique, puisque l’on n’a pas grand-chose d’explicite, et encore moins d’implicite, ce qui pourra donner un côté parfois un peu lisse au métrage.
Mais enfin, je ne bouderai pas mon plaisir, Eskimo Nell est encore une belle petite découverte et dans la comédie érotique anglaise, et dans la filmographie d’un Martin Campbell dont les débuts sont méconnus, mais qui à mon avis mériteraient l’approfondissement. 4