Mélée - mélo
Philippe Guillard est un ancien rugbyman de grand talent, qui après un passage par la presse sportive, s’est mué en cinéaste, jamais pour le meilleur, mais souvent pour le pire. Si Le Fils à Jo – qui parlait aussi de rugby -, était supportable, ses 3 essais suivants ont été loin d’être transformés avec le navrant Papi sitter, le putassier On voulait tout casser et le trop poussif J’adore ce que vous faites. Avec ces nouvelles 97 minutes, retour dans le monde l’Ovalie… et c’est tant mieux. Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages. C’est bourré de bonne intentions, de bons sentiments et manichéen à souhait, mais, ô surprise, ça se laisse regarder sans déplaisir.
Bon, attention, on n’est loin de tutoyer le chef d’œuvre, ce ne sera même pas élu « comédie de l’année ». Mais, sans doute du fait que je m’attendais à tellement pire, je suis plein d’indulgence pour cette petit théâtre qui met en scène pas mal de caractères bien trempés et des trognes typiques du Sud-Ouest traditionnel. Et après tout, un film qui prêche pour l’intégration des migrants par le sport ne peut être tout à fait méprisable. Ce que s’empresse de faire une bonne partie de la presse et des spectateurs… Et c’est injuste. Bien sûr, il y a ici beaucoup de caricatures, mais le ton ne vire jamais au grand n’importe quoi – ce que je craignais avant tout -, bien au contraire, une gravité permanente octroie à cette comédie – pourtant bien franchouillarde -, une certaine tenue. Et comme dans le rugby, on y cultive de belles « valeurs »… à prononcer avec l’accent local. Bref, c’est simple mais d’une touchante générosité.
Pour le couple Olivier Marchal / Olivia Bonamy, l’honneur – cité dans le titre, c’est d’accueillir des migrants. Ce qu’ils font avec courage et pas mal d’humour. Autour d’eux s’agitent avec pas mal de talent, soutenu par des dialogues plutôt bien écrits, les Mathieu Madénian, Solène Hebert, Tom Villa, sans oublier les participations savoureuses de Philippe Duquesne et Patrick Sébastien. C’est bourré de clichés et d’invraisemblances, mais on s’en fout car on se prend au jeu, comme ces hommes et ces femmes venus d’Afrique, de Syrie ou d’ailleurs. Et puis, je le répète, rappeler à tous le vrai sens du mot « honneur » ne pas être tout à fait inutile… et je pèse mes mots.