Il Boemo a remporté le Prix SFCC de la Critique au Arras Film Festival 2022. Le long-métrage a aussi obtenu 11 nominations aux Lions Tchèques (l'équivalent des Oscars et des César) 2023 et a remporté 6 prix : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Son, Meilleur Décor, Meilleurs Costumes et Meilleur Maquillage.
Josef Myslivecek, dit Il Boemo ("celui qui vient de la Bohême"), était destiné à marcher sur les traces de son père, un minotier praguois. À 27 ans, il décide de suivre son rêve de devenir compositeur d'opéra et part pour l'Italie. Au bout de quatre ans de vie précaire, il décroche une incroyable commande : il est appelé à Naples pour écrire le premier opéra du règne de Ferdinand IV. Sa carrière s’envole. Pendant les années 1770, il est l’auteur le plus prolifique de l’opéra sérieux italien. Ami de Mozart et bien plus demandé que lui, il écrit pour les plus grandes vedettes de son temps, fréquente toutes les cours et de nombreux théâtres publics de la Péninsule. Lorsqu'il meurt à 43 ans de la syphilis, son oeuvre tombe dans l'oubli.
"Écrire un film de fiction sur un personnage qui a réellement existé est toujours une entreprise complexe. Je crois que chaque cinéaste qui s’y attelle, est assez seul, et cherche sa propre déontologie, sa propre morale, se propres lois, son propre chemin", affirme le réalisateur Petr Vaclav. "Pour ma part, je n’ai pas voulu trop mentir car je considère que la vie même est souvent plus folle, plus absurde, plus hilarante et plus touchante que la plupart des inventions. C’est pour cela que je me suis attaché à une profonde recherche, espérant pouvoir faire un travail qui serait dramatique, narratif et pourtant assez fidèle à Myslivecek et à son époque. C’est une entreprise presque impossible, mais on peut essayer de s’en approcher."
Petr Vaclav a entrepris des lectures près d'une année et demi avant la rédaction du scénario. Au début, il ne lisait absolument rien qui fût écrit après 1790 : "J’ai voulu être uniquement dans la perspective de l’époque du film. J’ai passé du temps à la BnF et à l’Arsenal où j’ai consulté les ouvrages imprimés au XVIIIe siècle. J’avais besoin de toucher ces livres de mes propres doigts. Ce n’est pas la même sensation qu’un fac-similé PDF. " Il lisait aussi bien des mémoires que du théâtre, des œuvres philosophiques, ou encore des romans libertins. La correspondance de Mozart a été sa Bible : "C’est un texte très important, monumental je dirais. Il est d’ailleurs assez méconnu et peu lu en comparaison avec l’ultra-célébrité du personnage. C’est Wolfgang qui nous a laissé la seule description psychologique de Josef Myslivecek."
Le réalisateur a également été épaulé dans ses recherches par des spécialistes, tels que Mélanie Traversier, autrice de Gouverner l’Opéra ; Patrick Barbier, auteur d'Histoire des Castrats ; et le musicologue Stanislav Bohadlo, à qui l'on doit un ouvrage sur la correspondance de Josef Myslivecek.
L'acteur tchèque Vojtěch Dyk a dû apprendre par cœur les dialogues en italien, avec l'aide de coachs. Un travail "très prenant et très long" selon le réalisateur, qui ajoute au sujet du comédien : "Il a une très bonne oreille et ça a beaucoup servi."
Selon le réalisateur, il était indispensable d'évoquer le jeune Mozart pour reconstituer le parcours de Josef Myslivecek : "L’influence de Myslivecek sur Mozart était réelle, leur amitié également. Puis je voulais parler de ces deux déterminismes en miroir : l’un est fils de minotier qui n’était pas du tout encouragé dans sa vocation, l’autre est dressé par le père éducateur et impresario. Le jeune Mozart que l’on voit dans mon film est certes très doué mais c’est un compositeur éduqué et inspiré par les voyages qu’organise pour lui son père, depuis son plus jeune âge."