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Pierre Kuzor
112 abonnés
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1,5
Publiée le 21 juin 2023
Ai vu "Il Boemo" de Petr Vaclav. Le bohémien en question est le compositeur Josef Myslivecek (1737-1781) qui est né à Prague. Ce film tchèque-italien a le mérite de faire connaitre au public ce musicien dont l'histoire n'a pas retenu ni le nom, ni l'oeuvre. Evidemment on pense immédiatment au sublime "Amadeus" de Milos Forman et au très moyen "Farinelli" de Gérard Corbiau. Malgré les critiques dithyrambiques à peine croyables, ce film est d'un grand académisme et n'arrive pas au niveau de ces références. La construction est la même que pour "Amadeus" après une scène d'ouverture finale, le long métrage est un flash-back dans l'ordre chronologique qui revient sur toute la carrière de Myslivecek. Le montage est incompréhensible de maladresse, et Vaclav a souvent le don de mettre sa caméra pile au mauvais endroit. Les scènes nombreuses d'opéra sont filmées en gros plans caricaturaux et flous où les comédiens chantent en play-back en faisant des grimaces simiesques avec lesquelles un chanteur professionnel normalement constitué ne pourrai produire le moindre son. L'acteur principal (Vojtech Dyk) n'a guère de charisme, et toutes ses partenaires sont relativement interchangeables. Le parcours de Myslivecek est assez commun pour un compositeur de son époque qui parcourt l'Europe après les plus grands chanteurs géniaux et insupportables et les contrats aléatoires. L'ennui prend vite le pas. Le seul intérêt de ce film est de découvrir des pages musicales très intéressantes dont un air d'opéra pour soprano et cor. Myslivecek veut restituer avec ses compositions les affects humains au plus près de leurs subtilités, et Vaclav veut nous faire croire (et pourquoi pas) que Mozart lui doit beaucoup. Mais tout comme Vaclav n'arrive pas à la cheville de Forman, Myslivecek n'est pas Mozart. La bande annonce (outre la musique qui n'est pas celle de Myslivecek) est ce qu'il y a de plus vivant de ce projet muséal, scolaire et ampoulé.
Josef Mysliveček, un jeune compositeur tchèque bourré de talent, ne réussit pas à percer en Italie à la fin du XVIIIème siècle. Pour vivre, il donne des cours de musique dans la Venise des Doges. Une de ses élèves veut le convaincre de l’épouser pour éviter le mariage que son père veut lui faire contracter avec un vieux barbon borgne et manque de se tuer quand Mysliveček se refuse à elle. Le musicien, surnommé « Il Boemo », du nom de la région de Tchéquie dont il est originaire, quitte Venise pour Naples où il retrouve la diva Caterina Gabrielli. Il compose pour elle et partage le lit de cette grande séductrice. S’il croise le jeune Mozart à Bologne en 1770 – lequel reconnaîtra plus tard la dette qu’il lui doit – Mysliveček meurt dans la misère à Rome en 1781 rongé par la syphilis.
Je ne connaissais pas Josef Mysliveček et la joyeuse bande d’amis mélomanes avec laquelle je suis allé voir ce film dimanche dernier en avant-première non plus, à une rare et admirable exception près. Tous en sont sortis enthousiastes et ont essayé de me convaincre de lui attribuer trois étoiles durant le joyeux dîner que nous avons partagé ensemble.
Mais, têtu comme un âne, je ne lui en concède que deux – et encore, j’ai bien failli me limiter à une seule.
J’ai trouvé bien des défauts à ce long film italo-tchéco-slovaque (couvert de prix aux derniers "Český lev", l’équivalent tchèque des Césars) tourné, certes en italien dans d’improbables palais bohémiens ou moraves, avec des acteurs inconnus doublés par quelques grandes voix du répertoire baroque (l’incontournable Philippe Jaroussky et la soprano slovaque Simona Šaturová).
Le premier est d’avoir voulu mettre la lumière sur ce musicien tombé dans l’oubli. Les plus férus de musique baroque s’insurgeront peut-être devant ce béotisme revendiqué. Je dois avouer ne pas connaître grand chose à la musique de cette époque. Mais autant celle de l’"Amadeus" de Forman m’avait emporté – sans parler ici de l’interprétation délirante de Tom Hulce – au point que j’en ai écouté pendant de longues années la cassette audio sur le poste crachotant de ma première voiture, autant celle de ce "Boemo" m’a laissé de marbre.
Le second est l’ombre porté de l’autre immense chef d’oeuvre dont Il Boemo revendique la filiation : Barry Lyndon. Son héros a les mêmes traits que Ryan O’Neal. Ses costumes sont les mêmes, qui sont ceux de la seconde moitié du XVIIIème siècle que l’on retrouve aussi dans le "Casanova" de Fellini. Mais c’est peu dire que Petr Vaclav, le réalisateur anonyme de "Il Boemo", n’a pas le génie de Stanley Kubrick et que son film n’a pas le charme vénéneux de celui de son illustre prédécesseur.
Film haché,beaucoup trop de galipettes,une vue cliché au possible de Venise de l'époque,donc je me suis souvent ennuyée sauf lors des passages musicaux,Vaclav n'y est pour rien.Donc seul qualité de ce film,m'avoir fait connaître un compositeur ,dont j'ignorais tout.Mozart semble s'en être inspiré.
Merci Monsieur Petr Vaclav. Je travaille depuis plus de 30 ans avec des chanteurs lyriques et je trouve votre film hommage à la composition et au chant lyrique saisissant et émouvant. Tout nous semble sonner juste dans votre hommage à ce compositeur inconnu du grand public et de beaucoup de pros (dont je fais parti) et au nom trop dure à mémoriser pour nos petites têtes de latin :) On croit à votre Venise et à votre Naple du 18ème On croit à ce regard envieux et mesquin des hommes sur ces chanteuses-bêtes de scène de l'époque. On croit à cette souffrance d'absence d'amour et de reconnaissance qui rend incapable de monter sur scène On croit à votre Prince de Naples inculte, bestiale, mais imprévisible et sensible à l'art vrai. On croit à ces femmes protectrices et aussi belles qu'intelligentes On croit, en un mot, à ce cinéma sans concession qui recherche en permanence la note juste. Merci, merci et encore merci pour ce film qui retentit comme un coup de timbale beethovénien. Jean-Philippe Amy
Très surprise de la presse globalement enthousiaste. Le seul mérite est de signaler un compositeur méconnu. J'y mets un petit score tout de même, parce que c'est objectivement un film propret. Il ressemble à un tableau bien peint : académique, ennuyeux, sans émotion. Les décors sont luxueux, les acteurs bien vêtus. Ils jouent sans fausse note mais sans incarnation. Et c'est long, long...
Le film est absolument fascinant, entre Amadeus pour les scènes de sexe et d'excentricité et Barry Lyndon pour la justesse de la représentation du 18e siècle et la beauté de la mise en scène. L'intelligence du propos sur le rôle de l'artiste et des femmes dans nos sociétés est remarquable. La direction artistique est sublime. Bref 2h20 d'une immersion dans l'Europe artistique et sociale du siècle des lumières. Magnifique.
Je crois que le réalisateur a vu le film culte de son compatriote Milos Forman et s’est dit « Je veux faire pareil! » : intention louable mais qui malheureusement se casse la figure. Multipliant les allusions à Amadeus (au point de refaire parfois mot pour mot les mêmes scènes) le film cherche constamment à nous rappeler qu’il est largement en dessous. D’un point de vue technique, la mise en scène et les costumes sont corrects mais manquent cruellement d’identité et de flamboyance. (Cette lumière tantôt bleue et froide et tantôt jaune et chaude que l’on a vu dans tellement de films historiques est particulièrement hideuse) Concernant le personnage principal, le film ne cesse de nous dire « regarde comme il est original, regarde comme c’est un anticonformiste » et pourtant je n’ai jamais vu de protagoniste aussi vide et creux. C’est clair: il n’a absolument rien. (Ce n’est pas la faute de l’acteur qui s’en sort plutôt bien mais bien d’un rôle extrêmement mal écrit) Le personnage n’a aucune personnalité, aucun contour, je n’arrive absolument pas à le cerner. Une coquille vide et pourtant le film passe plus de deux heures à essayer de me montrer qui il est. Surtout : il ne parle jamais de musique. En règle générale les personnages parlent très peu de musique et je n’ai aucune idée des conceptions artistiques de notre hero, des raisons qui le poussent à faire de la musique, de son rapport personnel a la musique. En fin de compte il pourrait très bien ne pas être musicien le film n’aurait pas été si différent. (Une seule scène nous le montre parlant un temps soit peu de musique spoiler: il s’agit bien sûr de la discussion avec le petit Mozart, peut-être la meilleure scène du film ) On en apprend pas plus sur son œuvre: de quoi parlent ses opéras? Quel est le lien entre les thèmes de ses œuvres et sa vie personnelle? Et puis malgré le fait que cet homme soit fade au possible, qu’il ne semble pas très transporté dans sa passion, qu’il ne soit pas particulièrement aimable: toutes les femmes sans exception lui tombent dans les bras sans aucun effort de façon complètement incompréhensible. On nous promet des portraits de femmes variés et complexes: rien de plus faux. Les femmes sont toutes en admiration pour cet homme qui n’a rien de spécial et même lorsqu’il agit très mal envers elles, aucune n’est pas en admiration devant lui. Ça en devient très pathétique, surtout que le personnage n’est pas tellement un séducteur : le film essaye juste de nous faire croire qu’il a un charme exceptionnel qui agit immédiatement sur toutes femmes qui sont prises de véritables passions pour lui. Ces femmes se retrouvent à toutes se ressembler: femmes malheureuses qui ont besoin d’un homme pour satisfaire un appétit charnel et affectif. Plutôt répétitif et ennuyeux. Et bien sûr lui sait toujours mieux qu’elles, il a toujours raison et elles ont toujours tords. Aucune nuance. Et puis il a beaucoup de choses ratées à mon goût: le faste de Venise est beaucoup plus suggéré que montré, les masques auraient pu être une bonne idée mais le réalisateur n’en fait rien cinématographiquement parlant, les romances sont introduites et montrées de la façon la plus plate possible avec des lieux communs que l’on a déjà vu mille fois. Je sauve dans le film sa musique qui est vraiment belle et que j’aurai voulu entendre plus souvent. J’aurai espéré que le film m’aide à la comprendre, à l’explorer à travers celui qui la composée. Il n’en est rien.
Ce film n'a pas la flamboyance baroque de "Amadeus" (1984) mais ce film a aussi le mérite de faire connaître un des plus grands compositeurs de son époque et, excusez du peu, un mentor du futur Mozart. Le réalisateur-scénariste s'en est sorti très bien pour un biopic historique de très haute qualité en ce qui concerne les faits même si on note quelques "légèretés ; par exemple le surnom "Il Boemo" n'existait pas de son vivant, et surtout il n'existe aucune preuve d'une quelconque liaison amoureuse. Ainsi on peut préciser que la Gabrielli était beaucoup plus proche du compositeur Tommaso Traetta, et on peut par contre regretter le peu d'importance de Mozart dans le film ce qui est étonnant. Rappelons enfin que Mozart et sa famille était proche de Il Boemo de 1770 à 1778, ce que ne reflète nullement le film. Par contre, le véritable défaut du film reste les parties musicales d'un point de vue visuel, les interprètes sur scènes surjouent et semblent pris de "grimaces aigües" ridicules, d'autant plus quand le playback et/ou la post-synchronisation sont lamentablement râtés. En conclusion, ça reste passionnant et bien fait. Un bon moment. Site : Selenie.fr
Très belle fresque historique et musicale qui nous introduit dans la musique, l opéra et ces cités menées par des aristocrates oisifs et libertins. C est bien joué, réalisé et les musiques choisies sont magnifiques ... pour amateurs de classiques évidemment.
Inconnu du public, le compositeur Josef Myslivecek arrive à Venise où il cherche à se faire connaître. Sa rencontre avec une notable locale qui le prend pour amant le propulse sur le devant de l'opéra italien, et lui permet d'écrire pour les plus belles voix de son époque. Malheureusement, sur le plan sentimental, cet amoureux des femmes essuie des échecs. En salle le 21 juin. spoiler:
Il Boemo cherche à nous faire connaître un compositeur qui a marqué son temps mais dont la postérité n'a pas atteint notre époque contemporaine. L'intention est louable et le film ne lésine pas sur les moyens en termes de musique et de scénographie pour propulser son spectateur dans l'opéra de la fin du 18e siècle. Toutefois, les amateurs non-passionnés par cet art risquent de trouver le temps un peu long tant les scènes musicales sont présentes dans le film. Aussi j'ai trouvé que la durée totale de la projection n'était pas justifiée par les évènements de la vie du compositeur.
Alors là il y a vraiment tromperie sur marchandise. Je ne comprends pas l'ensemble des critiques élogieuses pour ce film d'une navrante platitude. Il n'y a malheureusement pas grand-chose pour le sauver : mise en scène sans aucune inventivité, zéro charisme de l'acteur principal, pas d'émotion (ni humour d'ailleurs). A vrai dire on dirait la fiche Wikipedia du compositeur transposée sur grand écran avec absence de point de vue et subjectivité (ce qu'on attend du cinéma, non?) Ca devient vraiment gênant lorsque paraît Mozart (censé avoir 14 ans en 1770, mais joué ici par un enfant de 8 ans, bravo les assistants musicaux) : il y a visiblement erreur de casting car si l'enfant est visiblement musicien, il n'est pas comédien. Bravo si vous arrivez à rester jusqu'au bout.
La dure vie de compositeur au 18e siècle. Ce film pourrait presque être un documentaire sur le sujet, avec en plus les costumes, les décors et bien sûr la musique. Le film est réussi, sans doute la condition de cinéaste n'est pas si éloignée. Photos, costumes, décors, dialogues habillent les personnages et le description de l'époque avec intelligence. Quelques longueurs, cette nouvelle manie de rallonger la sauce, sont à regretter car le sujet n'est pas vraiment propre à des rebondissements de films d'action. Mais la beauté de ce film joue pour lui et lui maintien un charme qui perdure après la séance.
Un magnifique moment d'immersion musicale et historique. La vie d'un brillant compositeur tchèque, Josef Myslivecek, aujourd'hui oublié, son ascension de Rastignac mâtiné de Don Juan à Venise, ses démêlés avec les puissants et les nobles ignares, et surtout des moments saisissants d'opéra post baroque, tout contribue à faire de ce film une vraie délectation. Bien sûr, il n'égale pas la folie rock'n roll d'Amadeus de Forman ni la maîtrise d'un Barry Lyndon, mais quel joie de retrouver les libertins libres penseurs de la fin du 18ème dans la lumière mordorée d'une Venise joyeusement décadente.et de savourer la scène hilarante du roi de Naples et de son pot de chambre qui en dit plus sur le mécénat que tous les longs discours. Je suis atterré de lire que les gros plans sur les solistes seraient flous et simiesques. Ils sont certes post synchronisés par les plus belles voix actuelles, mais l'intensité est bien là et n'a rien de ridicule. On ne peut qu'être emporté par l'aria entre une soprano et un cor, surtout quand il arrive après un caprice de la diva de l'époque magnifiquement interprété par la pétulante Barbara Ronchi. Cette scène dont la gradation dramatique est totalement maîtrisée est vraiment un morceau d'anthologie. Que celui ou celle qui n'a pas eu de frissons à savourer cette musique divine m'abonne de force à Télérama. La déchéance syphilitique du héros sobrement interprété par Vojtĕch Dyk devient prenante à la fin. Son brillant destin musical se désagrège en pustules particulièrement graphiques. Petr Vaclav signe là un film qui n'a rien selon moi d'académique, mais souffre parfois de quelques erreurs de construction et reste un peu trop long. On ne va pas bouder son plaisir musical et sa curiosité historique pour si peu. J'ai été abasourdi de découvrir que nous étions six dans la salle, alors que tant de daubes qui ont la carte les remplissent.
Très belle réalisation (décors, costumes, photo, musique bien sûr...) quelque part entre Amadeus et Barry Lindon. Les oeuvres musicales du héros Mislivecek sont omniprésentes ( très beaux gros plans sur les chanteuses). Cependant, l'ensemble reste très classique, sans prise de risque, ni fantaisie. On ne s'attache pas non plus au personnage principal, un peu froid et distant, sans véritable présence, ce que d'autres appelleront de la passivité par rapport aux évènements et aux relations, qui déterminent sa vie et sa carrière. Ca vaut largement le coup d'oeil quand même, surtout si l'on aime la musique et le 18eme siècle. Une mention speciale pour la rencontre avec le petit Mozart, qui est vraiment excellent.