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soulman
85 abonnés
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3,5
Publiée le 27 novembre 2022
Premier long-métrage prometteur d'un jeune cinéaste qui traite du parcours d'un jeune homme pauvre, lequel, devenu chauffeur d'un ex-général candidat à des élections locales, tire parti de sa nouvelle situation. Les rapports entre les deux hommes sont montrés avec acuité, où celui qui est d'abord dominé parvient à renverser un équilibre précaire. Le sommet du film est constitué par la belle scène de l'affrontement nocturne dans un champ de maïs, où le climat tropical affleure et les fortes senteurs envahissent la salle de projection.
« Fais attention à qui tu fais confiance. » Rakib est un jeune homme qui comme son père et son grand-père avant lui travaille au service d'une famille. Dans son cas, il travaille comme homme à tout faire pour un général à la retraite qui est en pleine campagne pour devenir maire. Kib le voit comme une figure paternelle qu'il n'a pas vraiment eu et se sent pousser des ailes à ses côtés, mais attention à la chute... Après une histoire de vandalisme, tout bascule et la loyauté de Kib est alors testée... Si l'histoire se focalise sur cette relation, le film évoque quelque chose de plus grand dans cette société. "Autobiography" est un solide premier film, mais il ne franchit jamais un cap en termes de tension avec cette descente aux enfers peu développée et finalement très prévisible. Le film est bien, mais j'en attendais plus.
Le titre du premier long-métrage de Makbul Mubarak, Autobiography, n'est pas à prendre d'une manière personnelle pour son réalisateur mais, d'une manière plus large, pour l'ensemble de la nation indonésienne, qui a vécu trois décennies de pouvoir autocratique. Avec pour le peuple un mélange ambivalent de peur, de respect et de soumission, soit autant de sentiments que l'on retrouve pour le jeune héros du film devant son mentor et presque père de substitution, ancien général en campagne électorale. Avec une certaine économie de moyens narratifs mais une mise en scène affutée, Autobiography montre l'évolution du factotum d'un homme de pouvoir, cynique et corrompu, à travers son observation constante et son apparent assujettissement. Cela n'a rien de spectaculaire, évidemment, à l'écran, et le cinéaste ne compense pas l'indolence parfois trop marquée de son récit par le développement de personnages autres que les deux principaux (comme le véritable père du jeune homme, par exemple). Certaines pistes narratives ne sont ainsi que peu exploitées, notamment autour de l'expropriation de paysans pour la construction d'une centrale hydroélectrique, ceci n'empêchant toutefois pas le film de pleinement exploiter son univers particulier, fait de tensions, d'ambigüités et de violence, même si celle-ci reste intelligemment hors-champ.
Comme son père et son grand-père avant lui, le jeune Rakib voue une indéfectible loyauté au général Purna. Homme à tout faire, gardien, cuisinier, chauffeur, il assiste le vieil homme, revenu habiter sa maison de famille pour briguer les suffrages de ses concitoyens qui le craignent et le vénèrent.
"Le Pion du général" est un film indonésien, le quatrième pays le plus peuplé au monde, le plus grand pays musulman par sa population, mais dont la production cinématographique n’est pas au diapason de sa taille. L’Indonésie, on le sait (ou pas !) a connu pendant la Guerre froide trente années de pouvoir autoritaire sinon de dictature, pour se démocratiser tardivement à la fin des années 90. Elle porte encore les stigmates de ces temps troublés comme l’ont montré les deux documentaires époustouflants de Joshua Oppenheimer sur les massacres de 1966 : "The Act of Killing" et "The Look of Silence".
Makbul Mubarak, dont la famille servit sous le régime de Suharto, interroge la figure de l’autorité et les limites de la loyauté. Le titre original du film, "Autobiography", souligne cette inspiration personnelle. La traduction française n’en est pas moins habile, qui fait référence au goût du héros pour les échecs.
Pour le jeune Rabik, le général Purna est tour à tour un mentor, un père de substitution et un ogre dont il doit à tout prix, sauf à y perdre son âme, échapper à l’emprise carnassière. Mais, comme d’ailleurs un autre film diffusé en France l’an passé, "Une femme indonésienne", "Le Pion du général" souffre d’une mise en scène trop taiseuse et empesée, qui étire le scénario sur près de deux heures sans qu’on comprenne le retournement de son héros, qui passe de la soumission la plus totale à l’insubordination.
Au travers de la relation maître/esclave entre Purna et Rakib, une relation faite d’admiration allant jusqu’à la fascination, de dévouement et de loyauté de la part d’un jeune homme envers un homme violent et corrompu, une relation qui, toutefois, peut s’inverser lorsque la loyauté est confrontée à des évènements inacceptables, c’est le comportement d’une partie importante de la population d’un état totalitaire envers le dictateur qui l‘opprime que Makbul Mubarak a voulu dépeindre.
Ce sujet, à la fois très simple et, malheureusement, presque universel, aurait pu donner naissance à un film d’une grande puissance. Malheureusement, Makbul Mubarak, dont c’est le premier long métrage et qui était parti pour réaliser un court métrage, a cru que la solution pour arriver à un film de près de 2 heures consistait à compliquer (inutilement !) l’intrigue avec, comme résultat, un récit d’une grande confusion. Critique complète sur https://www.critique-film.fr/critique-express-le-pion-du-general/