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Yves G.
1 498 abonnés
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3,5
Publiée le 24 août 2023
Le père Manuel Cura dirige au Chili un foyer où il accueille des adolescents en rupture de ban. Parmi eux, Carlo, quatorze ans, dit avoir été victime d’un réseau de pédo-criminels contre lequel une enquête judicaire est en cours. Mais l’adolescent est trop fragile pour témoigner. Blanca, surnommée Blanquita, une ancienne pensionnaire du foyer, qui l’a quitté quand elle avait quatorze ans et qui y est revenue avec le bébé qu’elle a eu entretemps, témoigne à son tour des mêmes faits.
J’ai bien failli rater ce petit film chilien sorti au cœur de l’été sans aucune publicité dans trois salles parisiennes à peine. C’est sa bande-annonce, aperçue sur le Net, qui m’a donné envie d’aller y jeter un œil. Bien m’en a pris !
Car "Blanquita" est un film qui, avec une admirable sobriété, pose des questions diablement intelligentes.
La première, qui occupe la première moitié du film, concerne la véracité du témoignage de la jeune fille. A-t-elle été réellement victime des violences qu’elle prétend avoir subies ? Ou produit-elle un faux témoignage pour que les hommes qui ont brutalisé Carlo soient inculpés ?
Si "Blanquita" se résumait à ce questionnement là, son intérêt serait assez limité. C’est à ce stade, au risque d’un divulgâchage qu’on pourrait me reprocher – mais que commettent sans vergogne la plupart des critiques du film – qu’il faut révéler ce que les lecteurs les plus perspicaces ont déjà pressenti : Blanquita ment, avec la complicité et le soutien du père Manuel. Elle le fait pour la bonne cause : l’un et l’autre ont acquis la conviction de la véracité du témoignage de Carlo et de la culpabilité des hommes qu’il accuse, notamment le puissant sénateur Enrique Vázquez. Comment sinon connaîtrait-il son asymétrie testiculaire et la pigmentation de son pénis ?
Ainsi est posé le dilemme sur lequel le film est bâti : un faux témoignage peut-il être invoqué au service de la vérité ? un accusé peut-il être condamné par une menteuse ? "Blanquita" a l’immense avantage de ne pas trancher la question. Il laisse à son héroïne une part d’ambiguïté. Il ne lui donne ni raison ni tort. Il s’inspire de faits bien réels survenus au Chili au début des années 2000. Le démantèlement d’un réseau de pédocriminalité avait conduit à la mise en cause de trois sénateurs. Une jeune femme de vingt ans avait déposé contre eux avant que la révélation de son faux témoignage ne conduise à son emprisonnement.
On pourrait, comme le fait Frédéric Strauss dans Télérama, reprocher à "Blanquita" de participer à un mouvement sournois de décrédibilisation de la parole de la victime dont on sait depuis #MeToo combien il faut l’écouter et la respecter. Ce serait se tromper sur le sens et la portée de ce film. Le réalisateur Fernando Guzzoni s’en est expliqué : son propos n’est pas de jeter un doute sur la parole des victimes, mais de montrer les dilemmes auxquels mène parfois la manifestation de la vérité au cours d’une enquête judiciaire.
Blanquita est remarquable. Il nous plonge dans les méandres troublants du trafic sexuel au sein de la haute société chilienne. Fruit d'une enquête minutieuse d'un an sur l'affaire Spiniak, le film met en lumière un réseau dérangeant de prostitution enfantine, orchestré par un puissant homme d'affaires chilien. La force du film réside dans sa manière franche et déterminée de confronter cette problématique en exposant sans concession la culpabilité de cette “élite” qui s'est longtemps crue intouchable. Fernando Guzzoni nous invite à se questionner sur les abus de pouvoir de certains qui en profitent pour faire subir les pires sévices aux plus vulnérables. Nous sommes emportés dans un tourbillon d'émotions, mêlant colère et indignation face à une réalité révoltante.
Le scénario se révèle d'une intelligence remarquable en nous entraînant habilement sur une fausse piste. Cela permet de mieux mettre en lumière les profondes injustices de ce système qui ferme les yeux sur les horreurs commises. Les scènes dépeignant les viols sont d'une telle puissance qu'elles laissent une empreinte indélébile dans nos esprits. En effet, le réalisateur a choisi de ne pas se complaire dans le sensationnalisme. Il a préféré opter pour une narration terre-à-terre qui laisse la force des mots prendre le pas sur les images. Cette approche amplifie l'impact émotionnel du film. De plus, l'ambiance de thriller savamment orchestrée et l'esthétique mélangeant des éléments anciens et modernes confèrent une atmosphère oppressante.
Le personnage principal de Blanca est passionnant avec sa complexité. On ressent profondément sa souffrance en tant que victime d'abus depuis son enfance, ce qui nous pousse à partager sa quête de justice sans compromis. Porté par une performance extraordinaire de Laura Lopez Campbell, le personnage de Blanca prend vie de manière saisissante. Les autres acteurs, dont Alejandro Goic, ne sont pas en reste et contribuent à créer une distribution impressionnante qui élève encore davantage le film.
Lire d'autres critiques ici : https://doisjelevoir.com/
Dire que l'histoire racontée dans "Blanquita" est particulièrement confuse relève presque de l'euphémisme. Bien que le scénario du film ait été inspiré par une histoire vraie, on ne comprend pas grand chose à ce qu'on voit et ce qu'on entend, au point que beaucoup de critiques en sont arrivés à confondre 2 personnages. Cette histoire vraie est celle qui a secoué le Chili fin 2003, l'histoire de l’homme d’affaires Claudio Spiniak qui fut arrêté, accusé de participer à un réseau de prostitution d’enfants, de pédophilie et de production de matériel pornographique. Lors du procès à l'issue duquel il a été condamné, les noms de trois sénateurs appartenant aux partis Alliance pour le Chili et Chrétiens-démocrates ont été révélés mais eux n'ont pas été condamnés. Vraiment dommage qu'un film sur un tel sujet, les viols d'enfants, soit partiellement gâché par la façon dont l'histoire est racontée.
- Ambivalence des motivations contre courage et lucidité de la démarche des victimes, - Complicité des puissants ( hiérarchie ecclésiastique, milieux d'affaires, politiciens et peut-être magistrats) contre l'isolement des mineurs et des faibles, - Injustice de l'incapacité à témoigner des meurtris ( l'adolescent relégué au silence au début ) contre danger du mensonge et amalgames dans une procédure. Riche, complexe et inabouti ( peut-être parce que trop dépendant du fait divers exploité ?)
Inspiré d’une histoire vraie dans le Chili des années 2000, le film Blanquita revient sur un scandale de pédocriminalité dans lequel politiques (et autres hommes d’affaires médiatiquement exposés) étaient impliqués.
Blanca (18 ans) vit à Santiago dans un foyer pour mineurs dirigé par le prêtre Manuel Cura (50 ans). Témoin clé d’une affaire de scandale sexuel impliquant des politiciens chiliens, Blanca se retrouve poussée par Manuel au centre de l’attention médiatique. Elle devient une héroïne féministe pour certains, mais plus l’enquête avance, moins le rôle de Blanca semble clair.
Dans ce film incisif, le réalisateur chilien Fernando Guzzoni expose la difficulté des victimes de pédocriminalité et de violences sexuelles à se faire entendre de la justice.
A savoir, aucune scène à caractère sexuel dans ce film qui arrive très bien à suggérer sans montrer.
Un film qui peut déranger, le sujet est difficile (le viol des enfants )….Je l’ai vu en V.O, ce que je recommande….Je film est rythmé, les deux personnages principaux, la victime et le prêtre sont si authentiques…bravo aux dialogues parfois percutants .Le film manque cependant d’esthétisme, mais l’on sent que le sujet est maitrisé, les abus des dignitaires chiliens (je crois que cela se passe au Chili) Mais peu de choses le prouvent…Petit reproche aussi la lumière est rarement présente, est-ce pour ajouter au côté toxique ? In fine, le film marque sur l’instant, et émeut, mais je ne suis pas sûr qu’on s’en souvienne absolument….Son message est pourtant clair à la fin…Je conseille sans insister. si vous n'avez pas le moral
Blanquita est un film enquête gravitant autour d’un scandale sexuel. Fernando Guzzoni tisse son fil narratif sur l’accumulation de thèses et antithèses. L’ensemble constitue une narration vaste et dense. Il y a derrière ce film un travail conséquent de documentation et d’écriture qu’il serait indécent de nier. L’effort produit se doit d’être dûment souligné d’autant qu’il se décline pour irriguer un autre pan du métrage, celui d’un film politique dans lequel se confrontent divers pouvoir. Ainsi, le pouvoir politique, évidemment, côtoie la sphère religieuse. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/festivals/travelling/2023-2/#B
Blanquita, 18 ans, est devenue le témoin clé d’un scandale impliquant des hommes fortunés et influents, dont les "soirées" ont détruit de nombreuses vies. Inspiré par un scandale chilien réel, autour d'un réseau pédophile, le film de Fernando Guazzoni est construit autour de l'idée qu'un "bon mensonge fonctionne avec un certain nombre de vérités." Autant dire que Blanquita se nourrit d'un monceau d’ambiguïtés et qu'il est difficile de faire son choix entre les diverses versions proposées, si ce n'est que le sordide des affaires évoquées est évident. Le film semble presque trop court pour pouvoir explorer les différentes pistes et se forger une opinion plus profonde et son montage, malgré une efficacité indéniable, renforce cette idée qu'il nous manque des éléments pour pouvoir s'approcher, ne serait-ce qu'un peu, de l'authenticité des faits. Il est vrai que le personnage de Blanquita est fascinant, manipulé ou manipulateur, enfant-martyre et accusatrice, parfois confuse, on se perd en conjectures sur sa personnalité réelle et sur sa volonté de prendre sa revanche sur une société qui l'a avilie depuis l'enfance, sans lui laisser l'ombre d'une chance. Sombre et désespéré, le long-métrage ne montre aucun acte dégradant mais la violence des mots suffit pour qualifier des pratiques perverses et passées sous silence d'une élite protégée de tout. Avant que Blanquita ne vienne donner un grand coup de pied dans la fourmilière, quel que soit son degré de crédibilité.