"Vous n'aviez pas peur de sortir ce film sachant les possibles répercutions ou menaces ?" avait alors demandé Yann Barthès sur son plateau, car il est vrai qu'un tel récit, très sensible et de plus en plus, sort de l'ordinaire. Des récits d'auteurs sur les employés en quasi perte d'emploi, les agents d'entretiens, surveillants pénitencier, médecins & urgentistes en crises mais jamais encore des profs victimes des hurlements, agacements et critiques démontantes de la part d'élèves, musulmans, supportant à 0,5% les critiques sur leur religions et les personnes de leur même cultures découvrant des attirances différentes. Un récit passionnant ouvrant les portes des "coulisses" de ces moments explosifs ou plus rien n'est possible, à peine la petite question fâcheuse est posée que tous s'enflamme.
Pour la prouesse technique et verbale, parce qu'elle méritera totalement une future nomination aux César et tellement plus, irréalisable mais ça n'en serait que plus haut la main, aux Oscars, Lubna Azabal dont les tripes seront sorties de loin. Une prof de français / histoire dont la conviction d'immergée le cerveau de ses élèves pour leur épanouissement, et non vers le côté obscur. Une prof étouffée, exacerbée par la "soumission" de ses collègues et sa directrice face aux menaces de parents ultra radicaux face à un enseignement qu'ils voudraient, mais tellement par le saint esprit, eux-mêmes créer. Une prof voulant éviter la pire des finalités à Mounia (superbe Kenza Benboutcha), victime collatérale d'harcèlements moraux. Une finalité quasi causée par un prof "infiltré" dont les cours religieux (fallait connaître leur existence d'ailleurs) et superbement joué par Fabrizio Rongione (un italien jouant un arabe, cherchez l'erreur mais, quel résultat canon). 2 ou 3 petites longueurs vites balayées laissant place aux tensions, réactions et activations morales, face aux déferlement sociaux dont leur présence sont le "personnage secondaire" majeur et nous imprègne bien de notre actuelle société fragilisée. Jouer avec percussion et tonus, 2h hautes en couleurs et révélations conduisant heureusement à une fin, presque heureuse, cette dernière, si brutale soit-elle, confirme mon regret d'une absence musicale totale rendant chaque scène un peu vide, mais remplacée par les hurlements et railleries des jeunes, cette dernière n'aura finalement pas eu sa place novatrice
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