Les œuvres importantes prenant comme contexte les lieux d’éducation et d’instruction que sont les écoles ont le vent en poupe en cette année 2024. Et lorsqu’on a vu les deux autres d’entre elles aux sujets similaires cette année avant celle-ci, on peut dire que cela ne joue pas en la faveur de « Pas de vagues ». En effet, l’Allemagne nous a offert en début d’année le magistral suspense social « La Salle des profs » qui a été nommé à l’Oscar du meilleur film étranger où une jeune professeure devait gérer un vol qui prenait des proportions graves. Peu après, la Belgique nous a gratifié de l’immense et terrifiant « Amal, un esprit libre » où une autre enseignante se retrouvait au milieu d’un conflit entre élèves mettant en opposition l’homosexualité et l’Islam radical au sein même d’une classe. Deux films coup de poing qui nous ont mis KO et mettaient en scène un engrenage fatal où le corps professoral se retrouvait broyé par de nouvelles considérations sociales et un métier devenu de plus en plus cauchemardesque en certains endroits. Dans le long-métrage français « Pas de vagues », un jeune professeur masculin se retrouve mis au pied du mur par la faute d’une rumeur d’avances à caractère sexuel par une élève alors même qu’il est gay.
Pas mauvais pour autant, le long-métrage de Teddy Lussi-Modeste, souffre pourtant de la comparaison avec ses deux homologues plus imposants, forts et à l’impact réflexif plus pérenne sur notre esprit. Cependant, il n’en est pas moins méritoire de pointer du doigt la déliquescence en cours dans les lieux d’instruction des sociétés occidentales où ce n’est plus la hiérarchie et le corps professoral qui sont respectés mais la rumeur, la bien-pensance, les parents voire les élèves. Un constat déprimant et inquiétant dont le film se fait l’écho avec beaucoup de réalisme. Pourtant même si l’histoire est inspirée d’un évènement vécu par le cinéaste, il y a tout de même quelques maladresses, lieux communs et, parfois, un petit côté manichéen qu’on ne retrouvait quasiment pas dans les deux autres. Mais le plus gênant dans « Pas de vagues » demeure sans conteste cette fin abrupte, dénuée d’une conclusion digne de ce nom et laissant se terminer le film de manière presque inachevée. On comprend la démarche du réalisateur mais cela ne colle pas à un sujet et des thématiques comme celles-là.
Malgré tout, ce long-métrage, nécessaire et important pour ce qu’il raconte, n’est pas dénué de qualités, loin s'en faut. François Civil, un acteur que l’on peut parfois trouver surcoté dans le cinéma français est ici à son meilleur et livre une prestation incarnée, sincère et forte. Que ce soit dans l’intimité de son couple ou en tant que professeur humaniste et idéaliste, il est vraiment juste et vrai. Les seconds rôles manquent en revanche peut-être un peu de contours, notamment dans le corps professoral, ses collègues comme les élèves étant réduits à des figurants sans grande latitude et au caractère peu fouillés à l’utilité juste fonctionnelle pour l’intrigue. C’est compensé par le rôle bien plus esquissé de son compagnon joué par Shaïn Boumedine, découvert dans, « Mektoub my love – Canto Uno », le film de Kechiche qui avait fait polémique à Cannes et dont on n’a jamais vu les suites en salles. La mise en scène est classique mais efficace et le tout est confectionné sans aucune baisse de rythme, l’engrenage se mettant en place sournoisement et insidieusement mais avec un côté implacable. Un bon film sur le métier de prof et les dérives sociales qui gangrènent les salles de cours mais qui s’avère imparfait et surtout en deca de ses deux concurrents sortis cette année.
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