Il faut aller voir ce film qui montre, de façon réaliste, semble-t-il, ce qui se passe dans les classes de collèges en France au 21ème siècle. Celui qui a quitté depuis belle lurette les bancs de l'école de la République, ne peut être qu'effaré du niveau de déliquescence de ce service essentiel de la nation, pour utiliser de grands mots. Le scénario nous fait pénétrer dans une classe de 4ème d'un collège de banlieue où un jeune prof de français - un François Civil très crédible dans le rôle - se trouve embarqué dans une accusation - fausse au demeurant - de harcèlement. En proie à un lâchage général, du rectorat à la plupart de ses collègues, en passant par le principal de l'établissement -"Pas de vagues, donc !" - il doit affronter quasiment tout seul une épreuve que sa naïveté l'a empêché de voir venir. Mené à la façon d'un thriller, moins prenant cependant que le récent "Salle des profs" , le film se perd parfois en digressions (on peut douter de la pertinence de la mise en exergue de l'orientation sexuelle du prof) et n'est pas dépourvu d'un manichéisme qui affaiblit le propos. A noter une direction d'acteurs excellente , notamment les jeunes, et des seconds rôles assez creusés.
Une addition de regards et de non-dits qui donne au scénario une justesse et sincérité. Le scénario nous plonge dans une difficulté hélas contemporaine et démontre la fragilité de notre cohésion sociétale. Les rapports humains sont au coeur de cette oeuvre, la réalisation basée de faits réels est totalement réussie.
Avec la Salle des Profs, Pas de Vagues et l'explosif Amal, un esprit libre, qui sortira le 17 avril, le Cinéma semble de plus en plus vouloir s'emparer de l'Ecole et de s'en servir comme d'un microcosme, sorte de laboratoire permettant d'observer à échelle réduite les dérives de notre société.
Si le film parvient à maintenir un haut niveau de tension et à rendre compte efficacement d'une mécanique qui s'emballe, il pose néanmoins plusieurs problèmes : - dans une ère post me-too, où la parole des femmes semble avoir encore tant de mal à se libérer, mettre une nouvelle fois au coeur de l'intrigue une jeune fille dont la parole peut être mise en doute s'avère problématique. Fort heureusement, le film cherche à équilibrer son propos en venant également interroger la responsabilité de l'enseignant. - la représentation désastreuse du milieu scolaire et plus particulièrement des élèves (dépeints comme une meute sauvage, incivilisée et inéducable) pourrait donner l'impression de servir un message politique peu en accord avec les valeurs de l'Education Nationale. Le film ne montre jamais de véritables tentatives pour désamorcer, renouer le dialogue avec ces jeunes, les raisonner, les faire réfléchir aux conséquences de leurs actes...bref, développer leurs compétences citoyennes, mission pourtant au coeur du métier d'enseignant aujourd'. En ce sens, le film est trop manichéen. Audrey Diwan, co-scénariste du film, confirme que son regard est bien plus progressiste sur les questions féministes (L'Evénement, L'Amour et les Forêts) que sur celles liées à notre cohésion sociale (Bac Nord).
François Civil est absolument remarquable. Pourtant entouré de personnages souvent simples et caricaturaux, il parvient à toujours trouver le ton juste (future nomination aux César ?) et suivre le parcours émotionnel de ce jeune enseignant est intéressant.
La fin du film, très abrupte, marque les esprits. Et si certains reprocheront au réalisateur de ne résoudre aucun axe narratif développé, d'autres trouveront qu'elle illustre parfaitement le désarroi, l'impuissance et l'expectative dans lesquelles notre société se trouve actuellement.
Un film authentiquement poignant, qui témoigne trop bien (malheureusement) de la complète faillite de notre société ; avec une jeunesse sacrifiée, un système éducatif à la ramasse, des adultes paumés …
Parmi lesquels toutefois il subsiste une graine d'humanité, si ce n’est en chacun d’eux, en tout cas parmi eux – avec ce jeune prof, qui essaie malgré tout de la faire germer, cette graine d’attention et d’amour, certes parfois maladroitement, mais avec courage, voire abnégation (ou naïveté ?), sur un terrain qui s’avère particulièrement délicat à cultiver ...
Bien entendu il s'en prend plein la figure (c'est le sort naturel des héros). Mais il nous montre que dans tout système aussi hostile soit-il, le guide suprême au fond de soi peut toujours être la foi en l’humanité, malgré vents et marrées ; ou pas, (de vagues).
Un rôle en or pour François Civil, qui lui donne l'occasion de nous montrer l'étendue de son talent, pour lequel un César ne serait pas volé (!).
Un thriller bien mené, sur des thèmes ne laissant pas indifférents et qui comme son personnage principal nous embarque dans cette machine à broyer qu’alimente la rumeur, l’égoïsme, l’indifférence, la peur… Mais cela manque un peu de finesse au niveau des personnages et de leurs comportements un peu trop caricaturaux. Et puis sur le fond il y a quelque chose de gênant à ce que cette rumeur ait pour origine la parole d’un enfant alors qu’elle est bien souvent discréditée à tort. En espérant que les spectateurs sauront faire la part des choses.
Un début un peu lent mais on finit par rentrer dans le film et à s’accrocher à ce professeur très touchant. Le film couvre une palette plutôt complète des enjeux et des issues du métiers de professeur dans un milieu populaire, il le fait avec finesse et intelligence. Bon film.
Un très bon et interessant film, bravo. Qui fait réfléchir, à plusieurs niveaux. Puisse ce film faire avancer notre société et la guérir de certains de ses maux, notamment au niveau scolaire /Education nationale. À montrer à un max de collégiens, professeurs, personnels…
Certains sont déçu par la fin, ils auraient aimé un joyeux dénouement mais la vie et les circonstances (lâcheté, couardise, fainéantise, corporatisme, etc). Bref la démission des institutions a tous les niveaux depuis la tête de l'état jusqu'au bas de la hiérarchie laisse dans le désarroi et la terreur le peu de professionnels qui restent et qui veulent rêver encore car n'y a pas de fatalité. Les acteurs sont criant de vérité les bons et les mauvais. très bon film
Je constate que certaines critiques déplorent que le film se disperse ou n'apporte pas de conclusion. Il m'a semblé que le vrai sujet du film était l'apect inéluctable et terrifiant de la "machine qui s'emballe" ( tout est joué dès la première scène) et l'inhumanité absolue de chaque " boulon" de cette machine à broyer: l'élève, le dirlo, le parent d'élève, la collègue... et comment tout et tous, sans raison, orchestrent la destruction d'un bonhomme. Très oppressant.